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Les Mains du miracle

Les Mains du miracle

Titel: Les Mains du miracle
Autoren: Joseph Kessel
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Attendons la paix.
    Une autre fois, lorsque Himmler
se trouva en Finlande avec Kersten, il voulut lui donner une très haute
décoration : la cravate du Ritter Kreutz (Croix de Chevalier) pour mérites
de guerre.
    — Je vous remercie
infiniment, dit Kersten, mais c’est la guerre. Pourquoi perdre du temps à des
histoires honorifiques ? De plus, je suis déjà Commandeur de la Bose
Blanche finlandaise et mes compatriotes pourraient être vexés que j’accepte une
décoration inférieure à celle-ci. Attendons un peu.
    La troisième proposition fut la
plus difficile à refuser. Himmler, cette fois-là, voulait donner à Kersten le
titre de professeur allemand de Médecine sur un parchemin signé par Hitler
lui-même. Kersten s’en tira en disant :
    — Cela me rendrait vraiment
très heureux et très fier. Mais en faisant cela, nous offenserions la Finlande.
N’oubliez pas que j’y ai le titre de Medizinälrat. C’est un litre supérieur à
celui de Professeur. Pour l’égaler, vous devriez me donner le grade de
Super-Professeur.
    — Mais ce titre n’existe pas
chez nous, dit Himmler.
    — Alors, tant pis, dit
Kersten. Laissons les choses telles qu’elles sont.
     

NOTE 7
    Berger était après Himmler le
personnage le plus important dans l’organisation des Waffen S.S. Sa voiture
personnelle portait le n°2. Celle de Kaltenbrunner seulement le n°3. Kersten
n’eut qu’à se louer de la loyauté de Berger, mais ce fut en 1944, au sujet des
représailles ordonnées contre les prisonniers de guerre, que le docteur conçut
la plus vive admiration pour lui.
    Les avions alliés faisaient des
dégâts de plus en plus grand par leur mitraillage au sol. Pour se venger de ces
dévastations, Hitler, à la fin de l’année 1944, ordonna de faire exécuter cinq
mille officiers anglais et américains détenus dans les camps de prisonniers de
guerre.
    Ce fut naturellement Himmler qui
transmit à Berger l’ordre de ce massacre.
    La scène se passait le
7 décembre 1944, au Q.G. de la Forêt-Noire. Kersten y assistait.
    — Choisissez cinq mille
officiers anglais et américains dans les camps, dit Himmler au général,
conduisez-les à Berlin et faites-les tuer en représailles.
    — Pour rien au monde,
répliqua Berger sans hésiter un instant. Je suis un soldat et non un assassin.
    — C’est un ordre du Führer,
dit Himmler.
    — Alors, exécutez-le
vous-même, dit Berger. Moi, je refuse. Ce n’est pas un métier de soldat.
    — Mais c’est un ordre de
Hitler ! Du Führer.
    — Alors, qu’il l’exécute
lui-même, dit Berger.
    — Vous vous rendez compte
que vous refusez d’obéir à un ordre du Führer ! cria Himmler,
hystériquement. Je vous enverrai devant un Conseil de Guerre.
    — Ça m’est égal, dit Berger.
Vous pouvez me faire tuer, je ne deviendrai pas un assassin. Et aussi longtemps
que je serai commandant des camps de prisonniers, on ne touchera pas à la vie
d’un seul d’entre eux.
    — Alors, vous abandonnez
Hitler ?
    — Non, je lui sauve la face,
cria Berger.
    El il quitta la pièce.
    Himmler dit à Kersten avec une
rage impuissante qui faisait trembler sa voix :
    — Maintenant, je ne peux
rien faire contre lui. J’ai trop besoin de ses services. Mais après la guerre,
il n’échappera pas à la cour martiale.
    Plus tard, dans la journée,
Berger dit à Kersten :
    — En cas de coup dur, j’ai
assez de canons contre Himmler. Tous les Waffen S.S. sont pour moi.
    Au procès de Nuremberg, Berger
fut condamné à vingt-cinq ans de prison. Mais son attitude générale pendant la
guerre et surtout son refus qui empêcha le meurtre de cinq mille officiers
alliés (Kersten avait chaudement témoigné pour lui) lui valurent d’être libéré
après cinq ans.
    Il dirige maintenant une fabrique
de tringles à rideaux.
     

NOTE 8
    Parmi les autres traits singuliers
de Himmler, il y avait une timidité presque maladive.
    Dans les grandes réceptions, il
évitait les rassemblements et faisait toujours le tour des groupes. Quand il
faisait venir au rapport des généraux très importants, il les laissait attendre
trois et quatre jours, avec le calcul que cette attente les abaisserait, les
démoraliserait. Quand enfin il les recevait, il leur parlait avec un débit
ininterrompu et saccadé de mitrailleuse, sans leur laisser placer un mot.
Souvent, ils partaient sans avoir eu le temps de donner l’avis pour lequel ils
avaient été convoqués.
    Après chacune de ces
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