Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les lions diffamés

Les lions diffamés

Titel: Les lions diffamés
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
n’a été retrouvé que grâce aux recherches d’un géologue, Maurice-Jacques Graindor, maître de recherches au C. N. R. S., chargé de cours au Collège de France. Cette étude est basée uniquement sur les niveaux marins, la ligne des rivages, les marées, etc., donc des éléments qui ne doivent rien aux chroniqueurs.
    La topographie de ces côtes plates, à peine et mal hors d’atteinte des marées, est encore mal définie. Comme l’anse de débarquement des Anglais à Saint-Vaast, la Hogue, ce qui n’est pas tout à fait la même chose, car à Saint-Vaast même, il n’y a pas de hogue. Il est très probable que le 12 juillet 1346, les Anglais débarquèrent à l’anse du Cul-de-Loup, à Morsalines-Saint-Vaast, pas encore ensablée. À la fin du XVIIe siècle, l’anse était encore relativement libre, lors de la bataille navale dite de la Hougue et, en réalité, de Barfleur.
    Cette lettre rédigée, Frédéric Scuvée poursuivit ses recherches. Il nous écrivit :
    Il ne peut être question d’une bataille navale dans l’estuaire de l’Escaut (Scheld), mais bien à la sortie du large canal de Bruges (Brugge), le Zwin, non loin du village de Lammersvliet ou Lambinsvliet, et d’une écluse (De Sluis) qui a donné la précision du lieu-dit. Ultérieurement, et sans doute lors de l’ensablement du canal de Bruges, le village de Lammersvliet a été abandonné au profit du hameau proche de l’ancienne écluse. Il serait intéressant de rechercher l’étymologie de Lammensvliet (Lamrn = agneau – Vliet = flot ou toison) qui est certainement très expressive. Je me demande encore si l’écluse en question servait le Zwin ou bien, plutôt, l’issue des canaux de drainage de la région. En effet, il serait quand même douteux qu’une écluse des XII e , XIII e et XIV e  siècles ait pu être d’assez grande taille pour transvaser des kogges de la Ligue Hanséatique qui venaient de Bruges.
    L’ensablement eut lieu lors de la mini-glaciation des XIVe et XV e siècles, probablement responsable des famines, puis des épidémies de peste de cette époque. D’où la ruine de Bruges, puis de Gand, à l’avantage de Bruxelles et Malines.
    Sur un autre plan, cependant parallèle, je pense que cette mini-glaciation, accompagnée obligatoirement d’une baisse minime mais sensible du niveau de la mer, est responsable du passage à gué de la Blanche Take, puis du passage à gué du Grand Vey devant Carentan, tous deux impossibles maintenant. Il faut également préciser que le canal de Bruges n’était pas du tout artificiel, mais bien naturel et seulement aménagé. Il avait quasiment la forme d’un golfe étroit et profond, selon les cartes reconstituées.
    Quelque temps après la réception de cette lettre, un journaliste néerlandais, M. Wout Koster, nous écrivit pour nous signaler les recherches entreprises sur ce sujet par son compatriote, M. P. E. de Brock, habitant Sluis, auteur d’une longue étude sur la bataille de l’Écluse. Les dires de Frédéric Scuvée y furent confirmés. Les préliminaires de cette bataille également. À savoir que :
    Après les raids français sur les côtes d’Angleterre, suivis de la prise du Christophe, Édouard III avait décidé de se venger. Pour cela, dès 1336, il interdit l’exportation des laines anglaises en Flandre. Il souhaitait ainsi provoquer la colère des Gantois, dirigés par van Artevelde, contre les aristocrates et la France. Artevelde fit effectivement passer la Flandre dans le camp anglais et soutint les prétentions d’Édouard III au trône de France, avant d’être massacré lors d’une émeute (1345).
    Dès 1337, Édouard III commença par former une armée de professionnels, composée d’Anglais, à l’inverse de l’ost français constitué, pour une grande part, de mercenaires. Une puissante armée d’invasion fut assemblée dans les Cinq Ports, Édouard III ayant décidé de rejoindre Artevelde en Flandre le 24 juin 1340.
    Philippe VI avait fait promesse aux Normands qui le sollicitaient de débarquer sur la Grande Ile. À force d’atermoyer, il n’eut que la ressource de s’opposer à l’arrivée d’Édouard III en Flandre.
    M. P. E. de Brock prétend que la flotte française était forte de 800 unités dont 190 gros navires et 30 galères de Barbavera. C’est exagéré. Le 10 juin, Édouard III connaissait les dispositions du roi de France envers lui et la constitution de sa flotte. Il prit le
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher