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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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exceptionnelle,
put mourir tranquillement en France, sans avoir été violenté à se
convertir, mais Louis XIV ne voulut pas qu’on élevât un tombeau à
l’amiral et refusa même son corps à ses enfants qui lui avaient
préparé une sépulture sur la terre étrangère. On voyait encore en
1787, sur les frontières de la Suisse, dit Rulhières, cette
sépulture vide portant l’inscription suivante : « Ce
tombeau attend les restes de Duquesne, son nom est connu sur toutes
les mers. Passant ! si tu demandes pourquoi les Hollandais ont
élevé un superbe monument à
Ruyter vaincu
et pourquoi les
Français ont refusé une sépulture honorable
au vainqueur de
Ruyter
, ce qui est dû de crainte et de respect à un monarque
dont la puissance s’étend au loin, me défend toute
réponse. »
    Les autres opiniâtres, moins favorisés que
Duquesne, furent violentés à se convertir, et pour la plupart,
emprisonnés, jusqu’au jour où les prisons et les couvents
regorgeant, on expulsa du royaume les opiniâtres qu’on n’avait pu
convertir. Le plus grand arbitraire présida encore à l’exécution de
cette mesure ; c’est ainsi qu’on voit
Mme de Coutaudiere, marquée dès 1692 pour être expulsée,
encore retenue en prison en 1700. Cependant un rapport fait en 1697
au secrétaire d’État portait : les parents disent que la
prison
lui affaiblit l’esprit
, mais Pontchartrain avait
écrit en marge de ce rapport : l’y laisser ! et, grâce à
cette inhumaine annotation, Mme de la Coutaudiere était
restée en prison.
    Les ministres et les intendants avaient la
même bonté de cœur vis à vis des huguenots, que Louis XIV, qui ne
voyait ; dans le désastre de l’émigration, minant et
dépeuplant la France au profit de l’étranger qu’un moyen de purger
le royaume de ses mauvais et indociles sujets, et qui, en apprenant
que des milliers de Vaudois venaient périr de la Peste dans les
prisons du duc de Savoie, écrivait : j
e ne doute pas qu’il
ne se console facilement de la perte de semblables sujets

    Tel maître, tels valets. Seignelai
recommandait de mettre les forçats huguenots de toutes les
campagnes, c’est-à-dire de les soumettre journellement au meurtrier
supplice de la vogue. Louvois, apprenant que les femmes de Clairac,
en se jetant à genoux en larmes dans le temple, avaient retardé de
quelques heures sa démolition écrivait : qu’il eût été à
désirer que les troupes eussent tiré sur elles, pour les punir de
cette touchante rébellion, etc.
    Quelques opiniâtres, notables protestants, au
lieu d’être emprisonnés avaient été relégués dans telle ou telle
résidence déterminée, et ceux d’entre eux qui tentaient de passer à
l’étranger, étaient encore plus impitoyablement frappés que les
autres fugitifs, car, on considérait comme une aggravation de leur
crime de désertion, l’oubli qu’ils avaient fait de la faveur dont
ils avaient été l’objet ; c’est ce dont témoigne le passage
suivant d’un édit royal : « Nous avons été informés que
quelques-uns de nos sujets, même de ceux que nous jugeons
quelquefois à propos d’éloigner pour un temps du lieu de leur
établissement ordinaire par des ordres particuliers, et pour bonnes
et justes causes à nous connues, et pour le bien de notre État,
oubliant, non seulement les engagements indispensables de leur
naissance,
mais encore l’obéissance qu’ils doivent en
particulier à l’ordre spécial qu’ils ont reçu de nous
,
quittent le lieu du séjour qui leur est marqué par notre dit ordre,
pour se retirer hors le royaume. »
    C’est une curieuse histoire que celle d’une de
ces
reléguées
, la Duchesse de la Force dont le roi
lui-même avait entrepris la conversion, elle montre ce que Louis
XIV appelait laisser une huguenote
en pleine
liberté
 : « Par un zèle digne d’un roi très
chrétien ; dit l’abbé de Choisy, le roi avait résolu de
procéder lui-même à la conversion du duc et de la duchesse de la
Force, et ce fut pendant de longues années une lutte journalière du
roi contre la duchesse opiniâtre, pour maintenir le duc dans
l’apparente conversion qu’il lui avait arraché »
    « Le duc de la Force, dit Saint-Simon,
était un très bon et honnête homme, et rien de plus, qui, à force
d’exils, de prison, d’enlèvement de ses enfants et de tous les
tourments dont on s’était pu avisé, s’était fait catholique. »
En 1686, il s’était converti
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