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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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revenir sur ses
pas, alors même que, sans argent et sans armée il se trouvait dans
l’impossibilité de continuer la lutte contre les puissances
catholiques, liguées avec ces puissances protestantes dont il
s’était fait d’irréconciliables ennemies, en se faisant le Pierre
l’Hermite du catholicisme, aussi bien au-dehors qu’au-dedans des
frontières de son royaume.
    Après lui, le régent songea un instant à ce
rappel des huguenots, considérant, dit Saint-Simon, « 
le
gain du peuple
,
d’arts
,
d’argent et de commerce
que la France ferait en un moment par ce rappel si
désiré
 », mais il se laissa bien facilement déconseiller
de réaliser ce projet.
    Pourquoi l’idée de rouvrir les portes de la
France aux réfugiés, à leurs enfants et à leurs petits enfants
fut-elle toujours repoussée par le gouvernement, aussi bien sous la
Pompadour et sous la Dubarry que du temps de la dévote
Maintenon ?
    Parce que la tradition administrative était,
que l’intérêt de l’État exigeait qu’aucun réfugié ne pût rentrer en
France sans avoir abjuré, à raison de cette fiction légale qu’il
n’y avait plus de protestants dans le royaume. Or, ainsi que le
fait observer Rulhières, sous les gouvernements arbitraires, si les
principes peuvent changer, d’un règne à l’autre, même d’un ministre
à l’autre, il y a quelque chose qui reste immuable, c’est la
tradition administrative.
    La Constituante essaya de réparer la faute
commise par la monarchie de droit divin ; elle décréta que les
descendants des religionnaires fugitifs pourraient revenir en
France, y reprendraient l’exercice de leurs droits civils et
politiques, et rentreraient en possession des biens invendus et non
adjugés de leurs familles, restés sous la régie des domaines.
    C’est grâce à cette mesure réparatrice, que
plusieurs familles de réfugiés, les Odier, les la bouchère, les
Pradier, les Constant, les Bitaubé, les Pourtalès, purent rendre
quelques-uns de leurs membres à la mère patrie. Mais il était trop
tard pour que le rappel des huguenots pût avoir un effet
efficace ; après un si long temps écoulé depuis que les
réfugiés avaient quitté la France, leurs descendants s’étaient
fondus dans les nations qui avaient donné asile à leurs familles,
le désastre de l’émigration était devenu irréparable.

CONCLUSION
     
    Me voici parvenu au terme de la tache que je
m’étais imposée, tâche consistant à faire revivre pour mes lecteurs
à l’aide de nombreux documents empruntés, soit aux historiens, soit
aux acteurs, bourreaux ou victimes, d’une odieuse persécution
religieuse l’histoire de la croisade à l’intérieur commencée contre
les huguenots de France par Louis XIV et poursuivie par ses
successeurs presque jusqu’à la dernière heure de la monarchie de
droit divin.
    La conclusion à tirer de cette triste histoire
se dégage d’elle-même c’est que, la force étant impuissante contre
l’idée, les plus abominables violences ne peuvent avoir raison
d’une foi philosophique ou religieuse.
    Dès 1688, du reste, il était devenu manifeste
que l’on s’était trop hâté de frapper de menteuses médailles en
l’honneur de l’extinction de l’hérésie et que le prétendu retour de
la France à l’unité religieuse n’était qu’une vaine apparence.
    Un courageux patriote, le maréchal de Vauban
ne craignit pas, à ce moment, de remettre à Louvois un mémoire,
concluant à ce qu’on revint sur tout ce qu’on avait fait. Après
avoir rappelé la désertion de cent mille Français ; la ruine
de notre commerce, les flottes et les armées ennemies grossies de
neuf mille de nos matelots, de six cents de nos officiers et de
douze mille de nos soldats. Il montrait qu’il était impossible de
poursuivre l’œuvre imprudemment entreprise, sans recourir à l’un de
ces partis extrêmes ; ou exterminer les prétendus nouveaux
convertis, ou les bannir comme des relaps, ou les renfermer comme
des furieux. Et il demandait hardiment le rétablissement des
temples, le rappel des ministres, la liberté, pour tous ceux qui
n’avaient abjuré que par contrainte, de suivre celle des deux
religions qu’ils voudraient, une amnistie générale pour tous les
fugitifs, pour ceux-mêmes qui portaient les armes contre la France,
la délivrance des galères et la réhabilitation de tous ceux que la
cause de religion y avait fait condamner.
    Il faisait en outre observer, que les
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