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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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PROLÉGOMÈNES
     
    Ainsi que le dit Mably, c’est parce que l’on
dédaigne, par indifférence, par paresse ou par présomption de
profiter de l’expérience des siècles passés ; que chaque
siècle ramène le spectacle des mêmes erreurs et des mêmes
calamités.
    Or, n’est-ce pas mettre le pays en garde
contre le retour des calamités qu’amène nécessairement
l’application de la doctrine d’intolérance, chère à l’Église
catholique, que de faire revivre comme une utile leçon de
l’expérience du passé, la persécution religieuse qui, pendant plus
d’un siècle, a fait des huguenots en France les représentants et
les martyrs de la grande cause de la liberté de
conscience ?
    Pour obéir à l’église catholique qui lui
enjoignait de fermer la bouche à l’erreur, Louis XIV a eu recours
aux moyens les plus odieux de la corruption et de la
violence ; malgré les confiscations, les emprisonnements, les
transportations, les expulsions, les condamnations aux galères, au
gibet, à la roue et au bûcher, il n’est arrivé, au prix de la ruine
et du dépeuplement de son royaume, qu’à obtenir l’apparence
menteuse d’une conversion générale des huguenots.
    Ses successeurs, en acceptant le funeste legs
de ses édits contre les huguenots, se virent amenés à soumettre les
prétendus
convertis à un véritable régime de
l’inquisition, à multiplier les enlèvements d’enfants et à peupler
les galères et les prisons, d’hommes et de femmes qui n’avaient
commis d’autre crime que de s’assembler pour prier Dieu
en
mauvais français
, ainsi que le dit Voltaire, et plus d’une
fois la recrudescence des persécutions renouvela le désastre de
l’émigration.
    Sous Louis XVI, les idées de tolérance avaient
fait de tels progrès que le Gouvernement se trouvait impuissant à
faire observer les iniques dispositions des édits qu’il n’avait pas
osé abroger. Mais le mensonge
légal
qu’il n’y avait plus
de protestants en France, constituait pour les huguenots, dit
Rulhières, une persécution tacite ne paraissant pas et que n’eût
pas inventée Tibère lui-même.
    S’il existait depuis treize cents ans,
(ajoute-t-il au lendemain de l’édit de 1787 donnant un état civil
aux huguenots) une nation, devenue célèbre par tous les actes de la
paix et de la guerre, dont les leçons et les exemples eussent
policé la plupart des peuples qui l’environnent, et qui offrit
encore au monde entier le modèle des mœurs douces, des opinions
modérées, des vertus sociales de l’extrême civilisation, une nation
qui, la première, eût introduit dans la morale et posé en principe
de gouvernement l’horreur de l’esclavage, qui eût déclaré, libres
les esclaves aussitôt qu’ils entrent sur ses frontières, et
cependant, si la vingtième partie de ses citoyens retenus par la
force et enfermés dans ses frontières restaient sans culte
religieux, sans profession civiles, sans droits de citoyens, sans
épouses quoique mariés, sans héritiers quoique pères ; s’ils
ne pouvaient, sans profaner publiquement la religion du pays, ou
sans désobéir ouvertement aux lois, ni naître, ni se marier, ni
mourir, que dirions-nous de cette nation ? Telle était il y a
peu de semaines encore, notre véritable histoire.
    Plus d’un million de Français étaient privés,
en France, du droit de donner le nom et les prérogatives d’épouses
et d’enfants légitimes, à ceux que la loi naturelle, supérieure à
toutes les institutions civiles, ne cessait point de reconnaître
sous ces deux titres. Plus d’un million de Français avaient perdu,
dans leur patrie, ce droit dont tous les hommes jouissent, dans les
contrées sauvages comme dans les pays policés, ce droit inséparable
de l’humanité et qu’en France on ne refuse pas à des malfaiteurs
flétris par des condamnations infamantes.
    S’il en était ainsi, c’est parce que l’Église
catholique, ayant le privilège de la tenue des registres de l’état
civil, avait voulu faire de ce privilège un instrument de
conversion vis-à-vis des huguenots, obligés de s’adresser à elle
pour donner une constatation légale à leurs mariages, à leurs
naissances et à leurs décès. Les curés, imposant aux fiancés
huguenots de longues et dures épreuves de catholicité, avant de
consentir à les marier, et qualifiant de
bâtards
, dans
leurs actes baptistaires, les enfants issus de mariages contractés
au désert et à l’étranger,
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