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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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apposé sa signature sur L’édit de révocation, estime
qu’il a assez vécu et sa tache accomplie, s’écrie :
nune
me dimittis
,
Dominé
 !
    Il ne montre pas l’héroïque courage du
prophète Esprit Seguier, se vantant encore au moment de monter sur
le bûcher d’avoir porté le premier coup à l’archiprêtre du Chayla,
le bourreau de ses frères, et s’écriant « Je n’ai pas commis
de crimes, mon âme est un jardin plein d’ombrages et de
fontaines ».
    S’il n’a ni la tranquille résignation de le
Tellier, ni l’inébranlable fermeté du prophète cévenol, meurt-il du
moins, avec la paisible assurance de l’homme à qui sa conscience
atteste qu’il n’a jamais violé les lois de l’éternelle
justice ?
    Meurt-il en brave, comme le père de P-J.
Proudhon, un pauvre artisan, dont le fils conte ainsi la belle
mort ?
    « Mon père à 66 ans, épuisé par le
travail, en qui la lame, comme on dit, avait usé le fourreau,
sentit tout à coup que sa fin était venue. Le jour de sa mort il
eut, chose qui n’est pas rare, le sentiment arrêté de sa fin.
Alors, il voulut se préparer pour le grand voyage, et donna
lui-même ses instructions. Les parents et amis sont convoqués, un
souper modeste est servi, égayé par une douce causerie. Au dessert,
il commence ses adieux, donne des regrets à l’un de ses fils mort
dix ans auparavant, mort avant l’heure. J’étais absent pour le
service de la famille. Son plus jeune fils, prenant mal la cause de
son émotion, lui dit : Allons, père, chasse ces tristes idées.
Pourquoi te désespérer ? N’es-tu pas un homme ? Ton heure
n’a pas encore sonné. – Tu te trompes, réplique le vieillard, si tu
t’imagines que j’aie peur de la mort. Je te dis que c’est fini, je
le sens, et j’ai voulu mourir au milieu de vous. Allons !
qu’on serve le café ! Il en goûta quelques cuillerées. J’ai eu
bien du mal dans ma vie, dit-il, je n’ai pas réussi dans mes
entreprises, mais je vous ai aimés tous et je meurs sans reproche.
Dis à ton frère que je regrette de vous laisser si pauvres, mais
qu’il persévère !
    « Un parent de la famille, quelque peu
dévot, croit devoir réconforter le malade en disant, comme le
catéchisme, que tout ne finit pas à la mort, que c’est alors qu’il
faut rendre compte, mais que la miséricorde de Dieu est grande. –
Cousin Gaspard, répond mon père, je n’y pense aucunement. Je
n’éprouve ni crainte, ni désir, je meurs entouré de ce que j’aime,
j’ai mon paradis dans le cœur. Vers dix heures, il s’endormit,
murmurant un dernier bonsoir ; l’amitié, la bonne conscience,
l’espérance d’une destinée meilleure pour ceux qu’il laissait, tout
se réunissait en lui, pour donner un calme parfait à ses derniers
moments. Le lendemain mon frère m’écrivait avec transport :
Notre père est mort en brave
. »
    Ce n’est pas en brave, c’est en lâche que
meurt Louis XIV ! À ses derniers moments, il ne se souvient
plus que le pape Innocent XI lui a écrit, qu’en révoquant l’édit de
Nantes et en pourvoyant par ses édits contre les huguenots à la
propagation de la foi catholique, il a mérité d’être félicité sur
« le comble de louanges immortelles, qu’il a ajouté par cette
dernière action, à toutes celles qui rendaient jusqu’à présent sa
vie si glorieuse… et qu’il doit attendre de la bonté divine, la
récompense d’une si belle résolution ».
    Il a même oublié au moment de mourir cet
incroyable panégyrique de Bossuet, que naguères son incommensurable
orgueil acceptait comme un hommage justement mérité :
« Touchés de tant de merveilles, épanchons nos cœurs sur la
piété de Louis. Poussons jusqu’au ciel nos acclamations, et disons
à ce nouveau Constantin, à ce nouveau Théodose, à ce nouveau
Marcien, à ce nouveau Charlemagne, ce que les six cent trente pères
dirent autrefois dans le concile de Chalcédoine : Vous avez
affermi la foi, vous avez exterminé les hérétiques, c’est le digne
ouvrage de votre règne, c’en est le propre caractère. Par vous
l’hérésie n’est plus, Dieu seul a pu faire cette merveille. Roi du
ciel ! conservez le roi de la terre, c’est le vœu des églises,
c’est le vœu des évêques ! »
    Ces éloges outrés, il ne les entend plus, et
quoi que puissent lui dire les évêques et les cardinaux qui
l’entourent, sa conscience étouffe leur voix et lui crie :
Roi ! qu’as-tu fait de ton
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