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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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après avoir été enfermé à la bastille,
il y avait été remis en 1691 après qu’on eut découvert son
testament ainsi conçu : « La religion que nous croyons la
seule véritable est celle dans laquelle nous sommes né et dans
laquelle nous espérons mourir… Si la force de quelques maux, un
délire ou quelque autre chose de cette nature ; nous faisait
dire des choses qui ne rapportent point à ceci, qu’on ne le croie
point. Seigneur Jésus, pardonnez-nous, si, dans un acte de
fragilité, nous avons signé par obéissance, contre les sentiments
de notre cœur, que nous changions de religion, bien que nous n’en
ayons jamais eu la pensée… »
    Le roi fait sortir de la Bastille ce mauvais
converti et le relègue dans sa terre de la Boullaye avec la
duchesse, mais jusqu’au jour de sa mort, il le surveille avec un
soin jaloux. Il désigne les personnes qui peuvent le voir, il lui
ôte ses domestiques et les remplace par des gens sûrs, il lui
interdit de se faire soigner par tel médecin, parce qu’il le juge
suspect. Il attache à sa personne un espion, hors la présence
duquel il est interdit à la duchesse de le voir, et qui reçoit
cette instruction : « Si elle (la duchesse) se mettait en
devoir de lui parler de religion, il lui imposera silence et
l’obligera de se retirer d’auprès de lui. » Le duc devenant de
plus en plus valétudinaire, on lui joint à l’espion ordinaire un
Père de l’Oratoire, afin que l’un des deux soit toujours auprès de
lui et qu’il ne se puisse jamais se trouver seul avec sa femme,
soit de nuit, soit de jour. L’état du duc s’aggravant encore, la
duchesse reçoit l’ordre de se retirer dans une des chambres du
château de la Boullaye, sans pouvoir avoir aucune communication,
par écrit ou de vive voix, avec son mari, à peine de
désobéissance.
    Elle ne peut même obtenir la grâce de le voir
expirer, elle est remise aux mains de son fils, un nouveau converti
devenu, un des plus ardents persécuteurs des huguenots. On lui
déclare que si elle ne se convertit pas, elle sera expulsée ;
elle persiste et est conduite au port dans lequel elle doit
s’embarquer pour l’Angleterre ; par un garde de la prévôté
chargé « d’observer sa conduite pendant la route et d’en venir
rendre compte à sa majesté ». C’est en parlant de la situation
faite à cette malheureuse femme, séparée de ses enfants mis au
couvent, ou au collège pour être convertis, espionnée jour et nuit
dans le château où elle avait été reléguée, ne pouvant même
assister aux derniers moments du mari avec lequel on l’empêchait de
jamais se trouver seule, que le roi fait écrire à la
Bourdonnaie : « Sa Majesté a poussé la complaisance
jusqu’à laisser Mme la duchesse de la Force en pleine liberté
à la Boullave, ce qu’elle n’a encore fait pour personne de ceux qui
sont dans l’état d’opiniâtreté et d’endurcissement en la religion
prétendue réformée, où elle se trouve. »
    Quand la déraison en vient à ce point, de
regarder comme une complaisance méritoire, l’incessante persécution
exercée à domicile, contre une malheureuse femme à laquelle il
n’est plus permis d’être ni mère, ni épouse, rien ne peut vous
arrêter dans la voie malheureuse où l’on s’est engagé.
    C’est donc en vain, qu’on faisait observer au
nouveau Philippe II, que ses tentatives pour catholiciser son
royaume et l’Europe entière, faisaient perdre à la France ses
alliances les plus anciennes et les plus sûres ; que
l’émigration de tant de citoyens utiles et industrieux, c’était la
vie du pays s’exhalant par tous les pores ; que la France
baissait en population et en richesse de tout ce qu’elle perdait et
de tout ce que gagnaient les puissances ses rivales. Louis XIV
répondait imperturbablement que, en présence de l’importance de
l’œuvre qu’il avait résolu d’accomplir, ces considérations étaient
pour lui
de peu d’intérêt.
    Si le mobile de sa conduite eût été, non son
incommensurable orgueil, mais la conviction inflexible du sectaire,
le grand roi eût eu, du moins, jusqu’à sa dernière heure,
l’imperturbable assurance que donne au fanatique, la conscience
d’un devoir accompli. Mais qu’elle est l’attitude de Louis XIV
quand il se trouve au moment de comparaître devant Dieu, devant le
seul être auquel il reconnaisse le droit de juger sa
conduite ?
    Il ne fait pas comme le Tellier ; qui,
après avoir
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