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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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peuple ? Caïn qu’as-tu fait de
tes frères ?
    Devant ses yeux flamboie comme un menaçant
Mané
,
Thécel
,
Phares
, cet avertissement
que lui ont donné ses sujets persécutés dans la supplique qu’ils
lui ont vainement adressée lors de la signature du traité de
Ryswick : « Peut-être qu’au lit de mort, Votre Majesté
aura quelque crainte et quelque regret d’avoir voulu contraindre la
conscience de ses sujets. Peut-être, aux dernières heures de sa
vie, les misères affreuses d’un si grand nombre de ses sujets
viendront se présenter à ses yeux pour troubler le repos de son
âme. »
    Et, juste châtiment de son impitoyable
orgueil, le spectacle de ces misères affreuses venait se dérouler
devant lui. Il voyait les hommes torturés, les femmes outragées par
ses missionnaires bottés ; les fugitifs errants par troupes,
mourant de fatigue et de privations sur la dure route de
l’exil : les prisonniers grelottant de froid et criant la faim
au fond de sombres et humides cachots ; les forçats pour la
foi, attachés à la rame et souffrant mille morts sur les
galères ; les cadavres nus et sanglants traînés sur la claie
et jetés à la voirie ; des milliers de victimes, enfin,
expirant, par ses ordres, sur la potence, sur la roue ou sur le
bûcher.
    Dans la terreur qui s’empare de lui à ce
spectacle, il ne lui suffit plus d’être absous et pardonné par les
ministres de son culte, et c’est sur quelques-uns de ceux qui, nés
ses sujets, n’avaient rien autre chose à faire que d’obéir sans
discernement à sa puissance absolue, qu’il cherche à rejeter la
responsabilité des actes monstrueusement odieux qu’il a commis.
    Appelant près de son lit de mort les cardinaux
de Bissy et de Rohan, qui se trouvaient dans sa chambre, il les
prend à témoin que, dans les affaires de l’Église, il n’a jamais
rien fait que ce qu’ils ont voulu.
    « 
C’est à vous
, s’écrie-t-il, de
répondre pour moi devant Dieu, de ce qui a été fait de trop ou de
trop peu. Je proteste de nouveau que
je vous en charge devant
Dieu
 ! J’en ai la conscience nette, et, comme un
ignorant, je me suis absolument abandonné à vous dans toutes ces
affaires. »
    Non, il n’avait pas la conscience nette, ce
grand coupable du crime de lèse patrie, qui avait sacrifié les
intérêts du peuple sur lequel il régnait aux exigences de son rôle
de convertisseur, et qui, en mourant, laissait la France épuisée
d’hommes et d’argent, amenée par lui à deux pas de sa ruine. Quant
à son ignorance en matière religieuse qu’il invoquait à sa dernière
heure, pour décliner dans l’autre monde, la responsabilité des
actes injustifiables auxquels il s’était laissé entraîner, c’est en
1688 qu’il lui aurait fallu la confesser, cette ignorance, alors
que le maréchal de Vauban lui montrait quelles avaient déjà été
pour la France les déplorables conséquences de son intolérance
religieuse. Il y aurait eu alors quelque mérite pour cet ignorant à
s’arrêter dans la voie funeste où il s’était engagé, et quelque
grandeur à reconnaître son erreur en revenant sur ce qu’il avait
fait. Mais son orgueil insensé l’avait empêché de prendre le seul
parti qui eût pu réparer en partie le mal fait par lui à la
France.
    Tout au contraire, sans vouloir rien entendre,
il avait continué son œuvre néfaste pour son royaume jusqu’à sa
dernière heure, et même, par delà ; car, par son testament il
recommandait à ses successeurs de ne jamais revenir sur la
révocation de l’édit de Nantes ; le funeste legs de ses odieux
édits contre les protestants, accepté par eux, fit recommencer plus
d’une fois l’exode des huguenots, si bien qu’en 1787 encore,
Rulhières peut dire : l’émigration est toujours prête à se
renouveler. La faute qu’a commise Louis XIV, nous en subissons
encore aujourd’hui les conséquences, car sur tous les marchés du
monde comme sur les champs de bataille, nous trouvons en face de
nous, dans nos luttes avec l’étranger, les descendants de ces
réfugiés français que la persécution a obligés à se
dénationaliser.
    Si l’impartiale histoire ne peut admettre
l’excuse de l’ignorance pour décharger entièrement le roi très
chrétien de la responsabilité qu’il trouvait trop lourde à porter à
ses derniers moments, elle a le devoir, du moins, de rejeter, pour
une large part, la responsabilité du mal fait à la France, sur le
clergé qui
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