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Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters
Autoren: Patrick deWitt
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leurs robes n’étaient plus soigneusement repassées. Elles ouvrirent les hostilités en nous lançant des remarques désagréables.
    Â«   Regardez-les, ces deux-là.
    â€” Par terre, comme ça.
    â€” Vous avez vu son ventre, au gros   ?
    â€” On dirait que l’autre s’est blessé à la main.
    â€” Il pourra plus zigouiller les palefreniers.   »
    Dans le vacarme général, Charlie me glissa, déconcerté, «   Pourquoi elles nous en veulent   ?
    â€” Nous avons chassé leur patron, tu te souviens   ?   », et, m’adressant aux filles, je dis, «   Mais nous n’avons pas mis le feu à l’hôtel, c’est Mayfield qui a fait le coup. Du moins, c’est ce que je crois. En tout cas je suis sûr que ce n’est pas nous.   » Ces mots ne réussirent qu’à attiser leur colère.
    Â«   Ne nous parle pas de Mayfield   !
    â€” Mayfield n’était pas si méchant   !
    â€” Il nous payait au moins, non   ?
    â€” Il nous donnait un toit pour dormir, non   ?
    â€” C’était peut-être un salaud, mais pas autant que vous.
    â€” Vous, vous êtes de vrais salopards.
    â€” Ah, ça c’est bien vrai, tiens.
    â€” Qu’est-ce qu’on va en faire, de ces salopards   ?
    â€” Salopards   !
    â€” On va leur régler leur compte   !   »
    Elles se jetèrent alors sur nous et nous plaquèrent au sol. À travers le mur de corps j’entendais Charlie rire, et je trouvais cela drôle aussi, au début, mais mon amusement céda bientôt la place à la contrariété lorsque je me rendis compte que je ne pouvais plus bouger, et que des mains baladeuses étaient en train de vider mes poches de tout l’argent qu’elles contenaient. Charlie et moi commençâmes alors à nous défendre et à vitupérer contre les filles, mais plus nous nous débattions et plus elles semblaient prendre le dessus. Lorsque j’entendis Charlie hurler de douleur, je paniquai pour de bon   : sa putain était en train d’enfoncer son talon dans sa main blessée, alors je mordis la fille la plus proche de moi à travers sa robe, enfonçant mes dents dans les répugnants bourrelets de son ventre. Fulminant, elle se saisit de mon pistolet et le pointa sur ma tête juste au-dessus de mon sourcil. Je m’immobilisai, silencieux, et la haine était si intense dans ses yeux que je m’attendais à tout moment à voir l’éclair blanc surgir du trou noir et sans fond du canon de l’arme. Mais rien de tel ne se produisit, et les putains, assouvies, nous laissèrent là, sans un mot, emmenant avec elles nos pistolets et notre argent, à l’exception des cent dollars que nous avions glissés dans nos bottes, où, par chance, elles n’avaient pas pensé à regarder.



 
    Je m’endormis par terre en plein soleil dans la ville de Mayfield à moitié morte. Je me réveillai au crépuscule, et la petite fille étrange que j’avais rencontrée lors de mon dernier passage se tenait devant moi. Elle portait une nouvelle robe, et ses cheveux frais lavés étaient maintenus par un gros nœud rouge. Les mains délicatement croisées devant sa poitrine, elle avait l’air d’attendre quelque chose avec appréhension. Elle regardait Charlie, qui était à côté de moi. «   C’est toi   », dis-je. Elle me fit signe de me taire, puis désigna du doigt mon frère, qui tenait une cruche en verre pleine d’eau au fond de laquelle tourbillonnait une poussière noire. Je m’aperçus que la petite fille avait des traces de poison sur la main, comme la dernière fois. Charlie porta la cruche à sa bouche, mais d’un geste je l’envoyai valser, et elle atterrit dans une flaque de boue sans se briser. L’eau se répandit par terre, et la fillette me jeta un regard menaçant. «   Pourquoi avez-vous fait ça   ?   »
    Je dis, «   Je voulais te parler de ce que tu m’as raconté l’autre fois.   »
    Elle regarda distraitement la cruche, et demanda, «   De quoi vous ai-je parlé la dernière fois   ?
    â€” Tu as dit que j’étais un homme protégé, tu te souviens   ?
    â€” Je
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