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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France
Autoren: Franck Ferrand
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forêt.
    Des valets évacuaient déjà le vaincu sur un brancard.

    L’affaire aurait pu en rester là.
    C’était compter sans les jeunes amis de La Châtaigneraie qui, multipliant les provocations, cherchèrent querelle au petit nombre des soutiens de Jarnac. Ceux-ci, dépassés, en appelèrent vite à la foule qui, franchissant les lices, renversant les barrières, se jeta sur les provocateurs. Une mêlée violente s’engagea, sous l’œil impuissant des hommes d’armes. Des coups de dague et de fleuret, puis même des coups de feu, partirent en tous sens ; la foule déchaînée laissa dès lors éclater sa colère – et de terribles lynchages vinrent ensanglanter le satin blanc des petits marquis.
    L’on avait transporté le vaincu à l’ombre du grand pavillon, et son chirurgien, refusant d’obéir à ses ordres, pansait au mieux ses profondes plaies. « Profondes jusqu’à l’âme », avait commenté Montmorency en secouant la tête.
    — Laisse-moi crever ! hurlait La Châtaigneraie au barbier. Crever !
    On le laissa, en effet, mais par peur et non par obéissance ; une cohue furieuse venait en effet de prendre d’assaut le pavillon brodé d’or, et le chirurgien comme les valets jugèrent prudent de s’enfuir. Alors on vit le seigneur foudroyé faire l’effort de se redresser et, arrachant lui-même ses pansements, rouvrant ses plaies de ses propres mains, se vider lui-même de son sang.
    Dans la belle tente agitée comme un navire dans la tempête, le peuple ivre de colère renversa les buffets, puisa dans les vivres à pleines mains, s’empara des plats, des bassins, des aiguières... On pilla. L’on détruisit. L’on tua sur place un laquais téméraire, on arracha les tapisseries et mit le feu à des splendeurs que le matin même, on n’aurait osé regarder... Même la tribune royale, évacuée par la garde, subit les outrages de la population hors d’elle ; et l’on vit des harpies déchirer de leurs ongles le siège où trônait, une demi-heure plus tôt, la belle Diane de Poitiers.
    Le monogramme du roi et de la favorite allait être foulé aux pieds par le peuple.
    Ainsi s’acheva, dans le tumulte et la haine, la première manifestation publique du règne d’Henri II. L’apothéose avait tourné à la débâcle. Et dans la litière argentée qui, tous rideaux fermés, l’emportait au petit trot, la sénéchale en fuite ruminait de sombres pensées sur le plus sombre des augures.
    Le Ciel avait fait son choix.
    1 - Grand cerf aux bois très ramifiés.

QUELQUES NOTES
    Les fidèles de La Cour des Dames savent ce que la trame de ces volumes doit à l’Histoire, et quels scrupules je mets à ne pas m’écarter de ce que nous apprennent les sources d’époque et les travaux des historiens.
    Comme dans La Régente noire , tous les personnages mis en scène dans ces pages sont vrais, à l’exception notable – et délibérée – des écuyers Gautier et Simon de Coisay, mêlés à leur corps défendant aux plus grands événements.
    C’est la façon de présenter les épisodes qui relève, sinon tout à fait du roman, du moins d’une approche romanesque. En imaginant, ainsi, de nombreux dialogues, j’ai tenté de rendre la vie à des moments singuliers, depuis longtemps figés par la chronique.
    Notice
    1. L’Église catholique romaine avait tôt institué les Indulgences, sorte de brevet décerné par le pape et qui accordait la rémission totale ou partielle, devant Dieu lui-même, de la peine temporelle encourue par un fidèle en raison d’un péché qu’il avait commis. Avec les siècles, ces Indulgences ont eu tendance à se multiplier, jusqu’à faire l’objet de transactions, pour ne pas dire de trafics. Les premiers réformés, dont Martin Luther, concentrèrent sur cette pratique leurs attaques les plus virulentes.

    Prologue
    Le mariage du prince cadet Henri avec la Florentine Catherine de Médicis, nièce du pape, s’annonçait dès la fin du précédent volume. Il est venu couronner un long voyage de deux années effectué par François I er à travers son royaume, et dont l’autre grand moment avait été, à l’été 1532, l’avènement du dauphin François au duché de Bretagne.
    La description que j’en livre suit d’assez près celle des témoins, à commencer par l’ambassadeur milanais don Antonio Sacco, qui insiste sur l’indiscrétion intéressée du pape Médicis Clément, obsédé par sa volonté de rendre l’union irréversible
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