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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France
Autoren: Franck Ferrand
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l’importune, au lieu de s’éloigner, vint se planter à quelques pas.
    — Ma fille, je vous absous de vos péchés, clama Gautier de Coisay d’une voix de théâtre.
    Il la bénit. Elle pleurait.
    — Merci mon père. Je ferai tout ce que vous m’avez prescrit.
    — Allez en paix, dit-il.
    Anne releva les yeux vers lui ; ils étaient baignés de larmes, certes, mais toujours aussi merveilleux. Ne pouvant embrasser son écuyer costumé, elle laissa tout de même glisser sa tête sur le crucifix ; le bon pasteur, tout paternel, lui tapota le front. Puis, d’un pas lourd et douloureux, elle rejoignit ses gardiens, se remit en selle, salua son ami d’une main timide et, tandis qu’elle rajustait sur son crâne un châle admirable sauvé de la tourmente, accompagna le pas de sa mule d’un déhanchement coquet, troublant – inimitable.
    En la regardant s’éloigner, sous escorte, vers ce qui s’annonçait comme une véritable prison, Gautier se sentit pénétré d’une révolte sourde. Le petit groupe de cavaliers se découpa bientôt, en ombre, au sommet du coteau, sur un ciel tendre, vaguement mauve...
    Alors l’écuyer réalisa qu’au-delà d’un chapitre de sa vie, c’était une page de l’histoire du royaume qui se tournait ainsi. Loin de tout faste.
    1 - L’entrevue diplomatique dite « Camp du Drap d’or » s’était tenue près de Calais en 1520.
    2 - Voir La Régente noire .
    3 - On appelait « remenbrance » ce genre d’effigie posthume.
    4 - Douze kilomètres environ.
    5 - Homme de rien.
    6 - Simon de Cyrène avait été requis par les Romains pour aider Jésus à porter sa croix.

Épilogue
    Le coup de Jarnac
    (Juillet 1547)

Forêt de Saint-Germain.
    T out un peuple affluait vers Saint-Germain-en-Laye : bourgeois, vagabonds, tire-laine et gens d’armes, vieillards, enfants, prêtres – beaucoup de femmes aussi : matrones, filles ou ménagères. En réduction, le bon royaume de sire Henri... Il en venait de partout depuis la veille, attirés par ce qui s’annonçait comme une apothéose : pour la première fois depuis le règne de saint Louis, le souverain autorisait un duel judiciaire ! Il allait donc avoir lieu, ce combat singulier, solennel, soumettant au jugement de Dieu les causes de Jarnac et de La Châtaigneraie. Autant dire qu’on allait confronter au grand jour les licences de la vieille Cour, naguère emmenée par Anne de Pisseleu, aux dignités de l’actuelle, soutenue par Diane de Poitiers.
    Le jeune baron, beau-frère de la favorite déchue, avait fait prier la nouvelle de le dispenser d’une épreuve aussi délicate que propice à tous les débordements. Mais la grande sénéchale croyait tenir là son triomphe.
    — Ce qu’il importe, avait-elle martelé, c’est d’asseoir dans l’esprit du public la victoire de l’ordre présent sur les dérèglements passés. Nous verrons bien où vont les préférences du Ciel...
    L’on avait monté des lices à l’orée de la haute futaie, avec un camp somptueux et des estrades pour toute la Cour. Dès six heures, le 10 juillet, l’accès en fut ouvert et la foule, fatiguée par une nuit sans sommeil, vint se serrer autour du champ clos. Une longue attente commençait pour elle... Des heures de piétinement sur place, sous un soleil bientôt si ardent qu’il fallut arroser les gens d’eau fraîche, à l’aide d’écuelles. Pour tromper leur ennui, les spectateurs qui le pouvaient achetaient des victuailles aux marchands ambulants, tandis que des saltimbanques, grimés à l’image de Jarnac et La Châtaigneraie, préfiguraient en mime cette réédition du combat de David contre Goliath.
    Car les deux adversaires étaient fort inégaux : François de Vivonne, seigneur de La Châtaigneraie et champion du nouveau pouvoir, était un véritable colosse qui se targuait d’agenouiller un taureau, en le cramponnant par les cornes. Face à lui, frêle tenant de l’ancien règne, le jeune Guy de Chabot, baron de Jarnac, était si fluet qu’on aurait dû s’en émouvoir. Mais ni Diane de Poitiers ni les siens ne le plaignaient. À leurs yeux, il était avant tout le neveu du pestiféré Brion et le beau-frère de l’ignoble Pisseleu ; cela justifiait qu’il mordît la poussière.
    — Je ne serai tranquille que lorsque j’aurai vu ce pourceau pendu au gibet par les pieds, confiait la grande sénéchale.
    Car c’était le sort réservé au vaincu d’un duel jugé par Dieu.
    La foule patienta donc toute la
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