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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France
Autoren: Franck Ferrand
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matinée, se distrayant de l’installation des dames et des seigneurs de la Cour. Leurs estrades se remplirent peu à peu, jusqu’à l’arrivée des nouveaux souverains. La tribune royale était abritée du soleil ; des pages y agitaient de vastes éventails de plumes. Le roi Henri II répondit aux acclamations de la foule par un geste de la main ; puis il s’assit bien droit, entre la reine Catherine et Mme de Poitiers. Cette dernière n’avait jamais montré visage si avenant, si insolemment jeune en dépit de ses quarante-sept ans. Elle fit un geste complice au connétable de Montmorency qui, en tant qu’arbitre du combat, siégeait face à eux, au sein du tribunal des Armes.

    Sur un signe du héraut Guyenne, les trompes de cérémonie se mirent à retentir, peuplant les hautes frondaisons d’échos cuivrés. Le « demandeur et assaillant » devant entrer le premier, un maître de joute vint le chercher à l’entrée du champ clos. La foule, excitée, prodigue en vivats, découvrit une sorte de géant, à la fois massif et grave. La Châtaigneraie marchait de son pas lourd vers la tribune royale, aux côtés de son parrain de duel, le balafré François d’Aumale – dont le comté venait d’être érigé en duché. Plus de trois cents jeunes nobles les accompagnaient, escorte superbe arborant les armes d’illustres familles de France sur un uniforme éclatant, de satin blanc et incarnat. Le public ne pouvait qu’être ébloui...
    Le duc d’Aumale présenta son champion, et tous deux reçurent le salut du jeune roi et le sourire – très bienveillant – de Diane. Puis ils se retirèrent en compagnie de Piero Strozzi, cousin de la nouvelle reine, choisi pour maître d’armes par Vivonne. Leur quartier était un vaste pavillon de toile blanche, rehaussé d’or et sommé d’aigrettes rouges, qu’on avait érigé en bordure des lices. Une armée de laquais s’y bousculait déjà, dressant de longues tables et les chargeant d’une profusion de vaisselle de vermeil et d’argent, empruntée aux plus grandes maisons. À l’issue d’un combat dont la victoire semblait acquise, La Châtaigneraie devait en effet régaler le roi, la reine et la Cour – et ce festin promettait d’être, avant le sacre, la première vraie réjouissance du règne.
    — Mon Dieu, il ferait pitié !
    La reine Catherine ne put retenir ces mots en voyant entrer à son tour, sous des murmures incrédules, le « défendeur et soutenant ». Jarnac faisait l’effet d’un pauvre coq hirsute, desservi de surcroît par une tenue sobre à l’excès. Autour de lui, quelques amis au maintien gêné, tout de noir vêtus, ne faisaient qu’ajouter à la modestie générale. Le roi dut se faire violence pour ne pas sourire ; Diane toisa de son mépris le petit groupe.
    Le baron de Jarnac n’ayant pas de parrain, le connétable lui avait affecté, d’office, un de ses propres cousins : Gouffier de Boisy. Celui-ci ne se laissa pas démonter par les lazzis fusant de droite et de gauche ; il présenta son champion, puis l’accompagna sous la petite tente militaire qui leur servait de réduit. Le signor Caize, maître d’armes, prodigua ses ultimes conseils au jeune duelliste. L’heure de vérité approchait.

    Les trompes sonnèrent de plus belle, et les deux combattants rentrèrent en lice. Boisy, parrain du défendeur, fut invité à procéder au choix des armes – les mêmes, évidemment, pour les deux combattants. Contre toute attente, au lieu de jeter son dévolu sur une épée légère, assez habituelle, il désigna un équipement incongru, composé d’un grand fer bien lourd, d’époque féodale, d’un bouclier pesant et surtout, d’un brassard fixe obligeant l’escrimeur à conserver le bras allongé durant l’assaut.
    C’était fort bien pensé.
    En effet, La Châtaigneraie, gaucher invétéré, avait été, jadis, blessé au bras droit par un coup d’arquebuse. Il en conservait des séquelles et, dans ces conditions, tenir un tel écu avec un tel brassard lui serait difficile.
    — Ce choix est parfaitement déloyal, s’emporta le duc d’Aumale. Nous le contestons !
    Aux côtés du roi, Diane en rajouta dans l’indignation. Elle n’acceptait pas ce coup de théâtre et, fixant dans les yeux le connétable, par-delà le champ, lui intima l’ordre silencieux de réfuter le choix de Boisy – n’avait-il pas lui-même nommé son parent à cet office ? Le maréchal de Montmorency baissa les yeux ;
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