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Les Essais, Livre II

Les Essais, Livre II

Titel: Les Essais, Livre II
Autoren: Michel de Montaigne
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qu'ils ont
eu si long temps en gouvernement, qu'il ne leur reste plus aucune
invention à nous amuser : c'est de nous envoyer chercher la
bonté de l'air de quelque autre contrée. Madame en voyla
assez : vous me donnez bien congé de reprendre le fil de mon
propos, duquel je m'estoy destourné, pour vous entretenir.
    Ce fut ce me semble, Pericles, lequel estant enquis, comme il se
portoit : Vous le pouvez (dit-il) juger par là : montrant
des brevets, qu'il avoit attachez au col et au bras. Il vouloit
inferer, qu'il estoit bien malade, puis qu'il en estoit venu
jusques-là, d'avoir recours à choses si vaines, et de s'estre
laissé equipper en ceste façon. Je ne dy pas que je ne puisse estre
emporté un jour à ceste opinion ridicule, de remettre ma vie, et ma
santé, à la mercy et gouvernement des medecins : je pourray
tomber en ceste resverie : je ne me puis respondre de ma
fermeté future : mais lors aussi si quelqu'un s'enquiert à
moy, comment je me porte, je luy pourray dire, comme
Pericles : Vous le pouvez juger par là, montrant ma main
chargée de six dragmes d'opiate : ce sera un bien evident
signe d'une maladie violente : j'auray mon jugement
merveilleusement desmanché. Si l'impatience et la frayeur gaignent
cela sur moy, on en pourra conclurre une bien aspre fiévre en mon
ame.
    J'ay pris la peine de plaider ceste cause, que j'entens assez
mal, pour appuyer un peu et conforter la propension naturelle,
contre les drogues, et pratique de nostre medecine : qui s'est
derivée en moy, par mes ancestres : à fin que ce ne fust pas
seulement une inclination stupide et temeraire, et qu'elle eust un
peu plus de forme : Aussi que ceux qui me voyent si ferme
contre les exhortemens et menaces, qu'on me fait, quand mes
maladies me pressent, ne pensent pas que ce soit simple
opiniastreté : ou qu'il y ait quelqu'un si fascheux, qui juge
encore, que ce soit quelque esguillon de gloire : Ce seroit un
desir bien assené, de vouloir tirer honneur d'une action, qui m'est
commune, avec mon jardinier et mon muletier. Certes je n'ay point
le coeur si enflé, ny si venteux, qu'un plaisir solide, charnu, et
moëlleux, comme la santé, je l'allasse eschanger, pour un plaisir
imaginaire, spirituel, et aërée. La gloire, voire celle des quatre
fils Aymon, est trop cher achetée à un homme de mon humeur, si elle
luy couste trois bons accez de colique. La santé de par
Dieu !
    Ceux qui ayment nostre medecine, peuvent avoir aussi leurs
considerations bonnes, grandes, et fortes : je ne hay point
les fantasies contraires aux miennes. Il s'en faut tant que je
m'effarouche, de voir de la discordance de mes jugemens à ceux
d'autruy, et que je me rende incompatible à la societé des hommes,
pour estre d'autre sens et party que le mien : qu'au rebours,
(comme c'est la plus generale façon que nature aye suivy, que la
varieté, et plus aux esprits, qu'aux corps : d'autant qu'ils
sont de substance plus souple et susceptible de formes) je trouve
bien plus rare, de voir convenir nos humeurs, et nos desseins. Et
ne fut jamais au monde, deux opinions pareilles, non plus que deux
poils, ou deux grains. Leur plus universelle qualité, c'est la
diversité.

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