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Les Décombres

Les Décombres

Titel: Les Décombres
Autoren: Lucien Rebatet
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qui, au seul nom de l’Italie, sifflotent d’un air jovial : « Hé ! hé ! Caporetto. » Il est nécessaire de noter ce trait rigoureusement historique, dont chaque jour nous apporte vingt exemples nouveaux : les Parisiens rentrés chez eux après l’escapade que l’on sait en direction des Pyrénées, ont décidé que les Allemands avaient peur d’eux. Trente jeunes « feldgrau » défilent en chantant dans la rue Saint-Honoré : « Écoutez-les encore, ce qu’ils ont peur ! Écoutez-les qui chantent pour se donner du courage. » Place du Palais-Royal, une sentinelle garde réglementairement une vingtaine de camions. « Non mais ! Vous les avez vus ? Voilà qu’ils mettent des sentinelles ? Tout de même, faut-il qu’ils aient peur. » Des gaillards ont fait la Pologne, la Meuse, les Thermopyles, la Crète, ils ont passé six mois devant Smolensk ou Karkow. Ah ! ouais ! Devant le balai d’une concierge, ils ont peur.
    Il ne s’est peut-être pas trouvé un Français sur mille pour ressentir un frisson d’admiration quand les armées allemandes foncèrent sur le bolchevisme. Mais tandis que les divisions blindées s’élançaient sur Leningrad, que les fantassins européens combattaient à un contre trois les plus gigantesques hordes barbares qui eussent jamais été levées, les Juifs recrutaient autant de Français qu’ils le voulaient pour casser des bouts d’allumettes en forme de V (Victoire), afin de saper le moral de l’ennemi.
    — Dieu ! que votre perpétuelle apologie des Allemands, est donc irritante !
    Je ne fais aucune apologie. Les généraux allemands écrivent des communiqués qui se suffisent à eux seuls. Je ne m’occupe pas des Allemands. Je regarde les Français en train de s’occuper des Allemands, des Anglais et des autres. Je pense que c’est un spectacle tragique lorsqu’on est Français.
    Je ne m’intéresse qu’au peuple français, parce qu’il représente, hélas ! la patrie.
    Depuis de longues années, il est toujours unanime pour ce qui fait sa perte, toujours rétif et divisé pour ce qui serait son salut.
    Tout ce qui représente chez lui l’âme collective est idiotifié, pourri.
    Ce peuple est un enfant abandonné, qui ne sait même plus son nom, qui fouille dans son caca et s’en badigeonne.
    Seuls les juifs et les démagogues se sont penchés sur lui.
    Un homme politique qui accuse le peuple de ses échecs est aujourd’hui aussi lâche que le général qui accuse le soldat de sa défaite.
    Personne ne peut savoir ce qu’il ferait du peuple français en lui parlant un langage concret, ferme, mais où le cœur aurait sa part, en le prenant par la main, en le sortant de son ordure et en le conduisant sur le bon chemin, parce que personne ne s’y est attaché sérieusement.
    On ne dit jamais plus de bêtises que lorsqu’on oppose et compare les peuples d’Occident, chacun d’eux pris en soi. Livrés politiquement à leurs instincts, ces peuples se rejoignent assez vite, à peu près au même niveau de bassesse. Il n’est guère qu’un seul de ces peuples pour avoir conservé des instincts nobles ; c’est l’Espagnol, celui sur qui a le moins mordu l’abrutissement moderne. Le peuple allemand, qui, tout bien étudié, est celui dont le composé social se rapproche le plus du nôtre, n’était point dans un état bien ragoûtant, avec son enjuivement, ses sociaux chrétiens, son prolétariat rouge, sa placide bourgeoisie, à qui Hitler dit plus d’une fois son fait. Mais il avait un siècle de démocratie en moins sur les reins et à son sommet des castes demeurées solides, quelques grands industriels, les cadres militaires surtout.
    Regardons les peuples vivant à peu près sous la même latitude, à l’ouest de notre continent : la France, l’Italie du Nord et du Centre, l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas. Nous y voyons des éléments presque identiques : une paysannerie solide, laborieuse, économe, bon outil de guerre, d’horizon très limité, une bourgeoisie assez terne, des ouvriers émotifs et dépensiers. Les caractères ethniques sont beaucoup plus nuancés. Les caractères politiques ne varient guère.
    On m’a bien diverti avec l’humeur frondeuse, ingouvernable des Parisiens. Les habitants des grandes villes d’Occident, Paris, Berlin, Vienne, Milan, Bruxelles, et, j’imagine de Londres et Hambourg que je ne connais pas, et encore des métropoles d’Amérique, sont des citadins merveilleusement
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