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Les contrebandiers de l'ombre

Les contrebandiers de l'ombre

Titel: Les contrebandiers de l'ombre
Autoren: Laurie McBain
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effectivement avec Bess ce matin, mais rien ne s'est passé. Rien, je te le jure, Rhea...
    — Dante...
    — Je t'aime, Rhea, coupa Dante avec véhémence. De tout mon cœur. Rien ne m'est plus cher que toi. Tu es mon amour, ma femme et mon amie. Je te fais confiance comme jamais je n'ai fait confiance à personne, et je ne ferai rien qui puisse détruire ce lien. Crois-moi, Rhea, je sais que je te demande beaucoup, mais... je ne peux survivre sans ton amour...
    — Tu auras toujours mon amour, répondit-elle simplement. Et si tu m'affirmes qu'il n'y a rien eu entre toi et Bess cette nuit, alors je te crois. Je dois te croire, Dante. Car, sinon, je ne puis t'aimer. Et si je ne puis t'aimer, alors, je ne puis vivre plus longtemps non plus. C'est aussi clair que ça... (Elle prit le visage de son mari entre ses mains et l'embrassa sur la bouche.) Quelle que soit ta tâche, sache que je t'attendrai toujours, promit-elle.
    D'un baiser, elle scella cette garantie d'un amour indestructible et d'une loyauté sans faille.
    Dante était, à présent, certain de triompher.

    Chapitre 34

    Protégé par les ténèbres, le lougre des contrebandiers approcha une fois de plus de la côte.
    Deux signaux lumineux, suivis de trois autres : la voie était libre. Sans hésitation, son patron mit le bâtiment en panne à trois milles du rivage pour livrer sa marchandise aux chaloupes qui allaient se présenter.
    A terre, un groupe d'hommes attendait en silence le moment de transporter les caisses de cognac, de thé et de tabac vers le haut de la falaise, et de là, vers la ferme la plus proche, où les caisses seraient chargées à dos de cheval.
    Mais les événements tournèrent mal. Un cotre des douanes sortit soudain de nulle part et prit le lougre en chasse : habilement manœuvré, le cotre coupa le vent aux contrebandiers, et avec toute sa toile, se trouva à portée de canon dans les meilleures conditions.
    Après une bordée bien ajustée, le cotre du roi força son adversaire à mettre en panne. Une partie des marins prit le lougre à l'abordage et s'assura de l'équipage sans qu'il y eût la moindre foulure au pied à déplorer parmi ceux du roi.
    A terre, les contrebandiers se trouvèrent simultanément attaqués, et la plage totalement investie par les troupes de la marine et les dragons. Les soldats jaillirent de derrière les rochers et tirèrent quelques coups de semonce, mais les bandits étaient mieux armés que leurs acolytes en mer, et ils préférèrent répondre au feu par le feu, défendant le terrain en hommes qui n'avaient rien à perdre. On se battit à coups de bâton et de couteau sur la plage.
    Dante Leighton se lança dans la mêlée avec l'image de sa femme constamment dans la tête, ses yeux violets le regardant sans arrêt. Reprenant haleine, il sentit des gouttes d'eau fraîche et salée sur son visage. Une main l'agrippa par l'épaule. Il arrêta juste à temps un geste mortel de sa main armée.
    — Ne perdez pas de vue que nous sommes du même bord, lui lança sir Morgan dans la confusion du combat, au milieu des cris de rage et de douleur.
    Sir Morgan veillait sur lui avec attention. Sous ses yeux, il trouva un contrebandier flottant, la face immergée, les bras en croix, au gré des vagues.
    — Vous allez bien ? lui demanda sir Morgan.
    — Oui, et grâce à vous, fit Dante en toussant.
    Mais sir Morgan ne l'écoutait plus : il était engagé dans un nouveau combat avec un brigand.
    Il était invincible, cette nuit, car il vengeait son frère.
    Dante regagna la plage contre la force de l'eau. Jusque-là, l'homme qu'il cherchait s'était arrangé pour se dérober.

    Jack Shelby jeta un coup d'œil par le trou du panneau qui ouvrait sur le couloir du pavillon de chasse qu'occupaient Leighton et ses amis. Il respirait bruyamment car il avait fait tout le chemin à travers les cavernes et le tunnel le plus rapidement possible, fuyant le théâtre de ce combat sanglant et inégal. Les yeux de Shelby brûlaient d'une folie meurtrière, engendrée par le vacarme assourdissant de la bataille, des cris, des coups de feu, et par la danse folle des torches enflammées et de leurs reflets sur l'eau. Il se souvenait des yeux gris le cherchant dans ce carnage. Il ne se souvenait plus que de cela.
    Dante Leighton courait comme le diable après son âme. Shelby pensa à sa petite Lettie, si pleine de vie...
    Et lui, Leighton, était toujours de ce monde, riant, profitant de l'existence, alors que Lettie
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