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Les contrebandiers de l'ombre

Les contrebandiers de l'ombre

Titel: Les contrebandiers de l'ombre
Autoren: Laurie McBain
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Prologue
    A l'ouest, sur la côte nord du Devon, se dressait Merdraco, la forteresse imperméable à l'usure du temps. Ses sombres tours de pierre se profilaient orgueilleusement dans la brume du matin comme si le destin les avait postées là pour l'éternité. Bien qu'élevée pierre après pierre par des mains mortelles, Merdraco n'était plus habitée que par la rumeur infinie de l'océan, dont les échos se répercutaient sur les remparts, et par les embruns qui s'engouffraient dans ses escaliers en spirale.
    La nuit, seul le hurlement d'un hibou niché dans l'une des tours abandonnées déchirait l'air. Le seigneur du fort avait disparu et le silence s'était installé dans le sinistre château qui retentissait jadis du cliquetis des armes et des boucliers. Seul demeurait le murmure incessant de la mer.
    Aucun bruit de pas ne troublait la paix des galeries baignées de lune. Aucune main ne détruisait le dessin compliqué des toiles d'araignée. Aucun intrus ne déplaçait la couche de poussière accumulée au cours des ans. Seule la mer maintenait une présence vivante.
    Nuit après jour, jour après nuit, les remparts avaient été les témoins impassibles de la course du soleil et de la lune qui accomplissaient leur cycle immuable.
    Lentement, les siècles avaient passé. Chaque génération avait vécu à Merdraco dans la joie et dans la douleur. Le soleil déclinant avait poursuivi sa chute vers la mer, au-delà des hautes tours, pendant que les cloches des vêpres annonçaient la venue du soir. Et la lune, sereine et fière, continuait à monter. Mais elle aussi allait décliner à son tour pour glisser dans l'eau glauque de la mer, tandis que le chant de l'alouette annonçait l'arrivée du matin et que les teintes pourpre et or du levant venaient effleurer les tours de Merdraco.
    Le soleil et la lune, la mer et Merdraco, toujours changeants et pourtant toujours les mêmes.
    Merdraco !
    Bâtie en pierres et en mortier, Merdraco était l'unique vestige de la grandeur d'une noble famille. Vide et oubliée, elle demeurait la gardienne du passé. La mélancolie qui régnait sur les remparts déserts était si insinuante que la vie semblait simplement marquer un temps d'arrêt avant de recommencer comme avant.
    La bannière en lambeaux, décolorée par le soleil et le sel marin, flotterait de nouveau, fière et glorieuse, et la plainte sépulcrale de la mer serait bientôt dominée par l'appel du clairon. Aux cris aigus des mouettes viendraient se joindre les aboiements frénétiques des chiens et le claquement des sabots sur les pavés de la cour d'honneur. La mélodie des flûtes et des mandolines s'envolerait avec la fumée des cheminées à la rencontre des brumes marines qui s'étiraient près du rivage.
    Mais le vent soupirait, tombait et se couchait, comme s'il ne s'était jamais levé. Un calme surnaturel s'installait entre les pierres glacées du vieux château, tandis qu'une tristesse enveloppante transformait les ombres en silhouettes mouvantes. Les dragons héraldiques de Merdraco n'étaient plus figés dans la pierre et leur grondement silencieux se mêlait au mugissement de la tempête. Mais les dragons restaient prisonniers. Le corps tapi au-dessus des portes, les yeux baissés, la tête surmontée de cornes prêtes à frapper, les dragons de pierre attendaient.
    Un danger rôdait dans le calme de cette nuit sans lune. Ni le pont-levis, ni la herse, ni aucune mesure de sécurité n'auraient pu protéger Merdraco contre son ennemi implacable, le temps.
    Contre lui, Merdraco était sans défense, vulnérable dans la nuit qui couvre tout, victime des jours, marquée par les félonies d'un autre ennemi tout aussi implacable.
    Le temps avait été complice de cet ennemi, qui s'était acharné contre la famille et qui, du fond des âges, commençait à savourer sa victoire et à se réjouir de la destruction de l'antique demeure.

    Seuls les fantômes d'un autre temps restaient sur les lieux pour pleurer un passé glorieux. Seul le vent se lamentait sur une époque révolue.
    Dans l'ombre de la nuit que seul troublait le sanglot de l'océan, avant l'aube de temps nouveaux, Merdraco attendait le retour de son maître.

    Chapitre 1

    C'était une nuit sans lune de début septembre, en l'année de Notre-Seigneur 1770. Plus sombres que le pot du rétameur étaient les eaux de la Tamise. Le brouillard, tel un fantôme jaillissant d'un mur, sortait en silence des eaux visqueuses, où mouillait le Dragon des
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