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Les contrebandiers de l'ombre

Les contrebandiers de l'ombre

Titel: Les contrebandiers de l'ombre
Autoren: Laurie McBain
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vrai, ce dont je doute fortement, cela n'explique pas la nuit dernière. Avant d'entrer, nous avons trouvé à l'écurie un cheval encore fatigué. Quelqu'un a quitté cette maison pendant la nuit. J'imagine que c'est Dante et je me demande où il est allé, s'interrogea sir Miles sur un ton doucereux.
    Tomber sur ce cheval avait été une chance incroyable pour lui.
    — Vous avez parfaitement raison, c'est Dante qui a pris ce cheval cette nuit, reprit Bess. Pour venir chez moi, et il ne m'a pas quittée avant que le soleil ne se lève.
    Les yeux de lady Bess rencontrèrent brièvement ceux de Rhea, interloquée. Elle regarda Dante, dont le soulagement se mêlait d'inquiétude : il était blanchi du meurtre d'Emma Samples mais perdu aux yeux de sa femme. Dante se tourna vers Rhea, qui fixa le plancher avec une moue de dédain.
    — Je crois qu'il faut nous retirer, maintenant, soupira sir Morgan, que ce dénouement providentiel n'enthousiasmait guère.
    Si tout marchait convenablement, ils pourraient révéler la vérité à la malheureuse lady Rhea le lendemain soir.
    — Quoi ? Vous allez prêter foi aux sornettes de cette femme ? Cette catin qui s'est vendue à lui ? Vous n'êtes pas sérieux ?
    La voix de sir Miles n'était plus qu'un grincement, tellement il était frustré et hors de lui.

    Sa colère tourna à la stupéfaction en entendant Rhea s'exprimer :
    — Vous tous, et surtout vous, sir Miles, savez très bien que lady Bess dit la vérité. Dante vous a confié ce fait, il y a quinze ans, en toute sincérité. Mais vous aviez choisi de garder le silence à l'époque, car cela servait mieux vos intérêts, qui étaient de perdre le nom des Leighton. Lady Bess est venue aujourd'hui pour dégager Dante de cette accusation, comme de la nouvelle : il vaudrait mieux que vous cherchiez ailleurs votre assassin, ou un autre moyen d'éliminer Dante.
    Tous les témoins de la scène restèrent sans voix : lady Rhea venait d'apprendre un instant avant l'infidélité de son mari et paraissait à présent tout à fait insensible à cette nouvelle.
    — Vous êtes folle, lady Rhea, jeta sir Miles en reculant devant Dante. Il l'a forcée à mentir, une fois, deux fois ! Je n'ai jamais cru à cette histoire, et c'est uniquement pour ça que j'ai gardé le silence il y a quinze ans. (L'effort qu'il venait de faire était inutile : la haine le dominait trop visiblement.) Sir Morgan, j'insiste pour que vous continuiez votre enquête dans ce sens ! J'ai des amis à Londres qui se chargeront de vous déférer en cour martiale si vous refusez de faire votre devoir correctement !
    — Je vous ai déjà dit, sir Miles, que je suis seul juge de ma conduite dans cette affaire !
    Maintenant, je suggère que nous partions ! (Il sourit malicieusement.) Je ne pourrai être tenu pour responsable de votre sécurité après mon départ, sir Miles.
    Sam Lascombe emboîta le pas du capitaine. Mais sir Miles resta en arrière, fulminant de courroux. Avant de franchir enfin la porte, il ne put résister à un dernier trait :
    — Rappelez-vous ceci, lady Rhea ! Dante Leighton ne mérite aucune confiance ! Il vous a fait perdre la tête, et celle-ci (il désigna Bess Seacombe du menton) s'est perdue à cause de lui.
    Soyez damnés, tous les trois !
    Un terrible silence tomba après le départ des trois hommes. Chacun montrait une expression d'étonnement différente. Rhea ne put en supporter plus. Dans un murmure d'excuse, elle monta à l'étage avec son enfant.
    Arrivée en haut, elle sentit un grand vide. Son fils était là, dans son berceau, et rien d'autre...
    — Rhea ? (Elle resta immobile, indifférente.) Rhea ? Pour l'amour du ciel, ne te détourne pas de moi ! s'écria Dante en entrant dans la chambre.
    Il essaya de la prendre dans ses bras, mais en vain. Il se mit à arpenter la pièce. Il ne devait pas lui dire la vérité. Que se passerait-il si l'opération échouait, si Shelby s'enfuyait ? Il mettrait en danger la vie de sir Morgan et la sienne aussi, mais il ne pouvait pas jouer avec celle de Rhea ! Non, ce n'était pas possible. Il s'arrêta pour constater que sa femme le considérait avec curiosité. Elle était indécise. Il la fixa droit dans les yeux.
    — Rhea, je t'ai demandé il y a un an de me faire confiance. Je t'ai aussi suppliée de ne pas croire ce qui pourrait, un jour, te sembler la vérité, comme ces prétendus témoignages qui font de moi un menteur et un homme de peu de foi, une sorte de tricheur. J'étais
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