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Les autels de la peur

Les autels de la peur

Titel: Les autels de la peur
Autoren: Robert Margerit
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mis en surveillance. Maillard prendra dès à présent toutes dispositions pour qu’aucun Brissotin ne puisse s’enfuir en province. Tu as bien tout entendu ? Répète. »
    Cette question réglée, Claude envoya un gendarme avec une voiture quérir Marat à l’Évêché, puis il monta, par l’escalier de la Reine, à l’étage, voir les commissaires de la Commune. Il leur répéta ce qu’il avait dit, le matin, devant Pache et les ministres, et ce qu’il venait de faire savoir au Comité révolutionnaire. On s’accorda là-dessus. Xavier Audoin déclara que nul ne songeait à exercer des violences sur aucun membre de la représentation nationale, même sur le furieux Isnard. Claude profita de l’occasion pour inviter Audoin à se charger, avec Gay-Vernon, de maintenir dans la voie jacobine le club et les autorités de Limoges, en les prévenant contre les interprétations que Soulignac, Lesterpt-Beauvais et les girondistes limousins ne manqueraient pas de donner des événements. « Il faut à tout prix maintenir notre département dans l’unité républicaine, dit-il. Je ne puis le faire, je suis accablé de besognes. »
    Marat survint, mécontent de Danton. Avec diplomatie, Claude s’efforça de le justifier. « Eh ! se récria Marat, qui a touché, le premier, en ma personne, à la représentation ? Guadet. Qui a demandé dix fois le décret d’accusation contre un député ? Les Brissotiers. Ne m’ont-ils pas envoyé au Tribunal révolutionnaire ? Qui nous a menacés de l’échafaud ? Pétion. Ils nous forcent de les accuser à notre tour. » Sa pétition, dont il donna lecture, se terminait ainsi : « Il faut que les conspirateurs soient immédiatement arrêtés. » Il ne fit point de difficulté à remplacer ce membre de phrase par : « mettre les conspirateurs en état d’arrestation provisoire ».
    Redescendu au Comité, Claude rendit compte de la situation, sans en révéler plus qu’il ne jugea utile. On délibérait en secret, néanmoins des fuites pouvaient se produire. Il ne dit point que la Commune emploierait au besoin les bataillons de Vendée, mais il parla de ces troupes retenues à Courbevoie. La résistance opposée par l’Assemblée à une mesure de salut public : une pénible mesure, certes, immobilisait ces renforts dont on avait tant besoin dans le Bocage, suspendait le recrutement. On venait de faire gagner trois jours à tous les ennemis, quand chaque moment comptait. La Convention n’était même pas en séance. « Le Comité, ajouta-t-il, doit demander au président Mallarmé de la réunir. D’ici une heure, le tocsin sonnera de nouveau. Vous êtes prévenus. »
    Il sortit pour aller souper. Encore une nuit blanche en perspective ; il fallait se nourrir. Dehors, le calme régnait. Pour la population ordinaire, ce 1 er  juin avait été une journée bien tranquille, avec autant de troupes sur pied mais moins de mouvement et moins de badauds que la veille. Jamais on ne se serait cru en insurrection : une excellente insurrection où l’on touchait quarante sous à ne rien faire, alors qu’en travaillant on en gagnait trente. Et l’on avait la boule de pain gratis. Tout ça payé par les riches. Pourvu que ça dure !
    Le soir tombait à présent. Il était huit heures, le soleil se couchait dans un ciel dégagé de la grisaille. À en juger par l’oriflamme du pavillon de l’Unité, le vent appuyait un peu plus à l’est. Demain serait un beau dimanche.
    Chez lui, Claude trouva Augustin Robespierre et Le Bas qui l’attendaient pour savoir les nouvelles du Comité. Ils avaient soupé depuis longtemps. En mangeant, tandis qu’eux buvaient de la bière servie par Lise, il leur résuma ses derniers actes :
    « Selon toi, demanda Augustin, le Comité soutiendra-t-il la pétition ?
    — Je n’en sais rien. J’ai fait mon possible pour convaincre Cambon, Delmas, Treilhard, Lindet. Tant qu’ils ne se décideront pas, Barère ne se prononcera point. C’est maintenant à la Montagne d’entraîner l’Assemblée.
    — Et Danton ? dit Le Bas. On est très mécontent de lui, aux Jacobins. On l’a fortement attaqué. Desmoulins s’est efforcé de le défendre.
    — Danton n’agira ni pour ni contre. Delacroix de même.
    — Saint-Just a eu raison de ne point accorder sa confiance à Danton, même quand il s’est jeté dans nos bras, dit Augustin. Il n’est jamais sincère. »
    Lise protesta. « Vous le jugez mal. Danton est
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