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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise
Autoren: Michel Zévaco
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aux
sbires. »
    Si maître de lui que fût Gennaro, il eut un mouvement comme pour
se frotter les mains ; heureusement la douleur l’arrêta
net.
    « Bon ! songea-t-il. La chose est limpide, maintenant.
Il va me renvoyer en me donnant quelque pièce de monnaie. Dans une
demi-heure, je viendrai… la lui rendre. »
    En même temps, il baissa la tête, comme honteux d’avoir à avouer
sa faute.
    « Eh bien ? insista doucement Roland, parlez donc, et
surtout dites la vérité…
    – C’est que cette vérité est dure à dire, seigneur, et je
suis d’autant plus honteux, maintenant, que vous m’avez promis de
ne pas me livrer.
    – Je tiendrai ma promesse si tu me dis la vérité. Mais
songes-y bien avant de parler ; tu n’es libre qu’à cette
condition. Si tu mens, je ne me croirai tenu à aucune
indulgence.
    – Soit donc ! La vérité tout entière, je vais vous la
dire. Depuis quelque temps mes affaires vont mal.
    – Tes affaires de barcarol ? »
    Gennaro sourit.
    « Vous ne le pensez pas, seigneur. Je ne suis barcarol
qu’en apparence et vous avez l’œil trop fin pour ne pas vous être
aperçu que je porte un déguisement. De plus, je me suis vanté tout
à l’heure de ne m’être jamais laissé prendre… excepté par ce digne
compagnon, ajouta-t-il en désignant Scalabrino. Non, non, mon
métier n’est pas de pousser les gondoles le long des canaux, en
chantant des poésies, et de ronfler sur les quais, les pieds au
soleil tout l’après-midi… Métier de paresseux, seigneur !
    – Quel est donc le tien ?
    – Vous l’avez deviné, j’en suis sûr ; c’est me glisser
la nuit dans les maisons mal gardées, de les visiter en tout bien
tout honneur, sans réveiller personne, puis de me retirer poliment.
Ces visites, je ne les fais qu’à des maisons dignes d’être vues, et
telle est en général mon admiration pour les choses que je vois,
que je m’en vais rarement sans emporter un petit souvenir, quelque
bijou précieux ou quelque argenterie, ou même quelque sac rempli de
ces médailles qu’on appelle des ducats et des écus. Vous ne pouvez
vous figurer à quel point j’aime les médailles… »
    Roland s’était assis et, le menton dans la main, regardait
Gennaro avec une sorte de gravité.
    « Bon, pensa le chef de police, il va me faire un cours de
vertu ; pourvu que cela ne dure pas trop
longtemps ! »
    « En un mot, dit Roland, vous exercez le métier de
voleur ?
    – Hélas ! Il faut bien faire quelque chose en ce
monde. Or, comme je vous le disais, seigneur, mes affaires vont mal
depuis quelque temps. Point d’aubaine. Plus de franche lippée. La
misère ! Et ce soir, j’allais, vagabond, triste et morose,
lorsque je vis cette maison. J’entrai dans le jardin, je
m’approchai, j’entendis des voix, je vis une lumière et je me
retirai fort désappointé. J’allais de nouveau enjamber le mur, me
promettant de revenir demain… vous voyez que je suis franc jusqu’au
bout… lorsque je sentis s’abattre sur moi les tenailles de ce rude
compagnon… Vous savez tout, seigneur. »
    Roland, comme nous avons dit, avait écouté gravement cette
histoire, et pas un signe extérieur ne put laisser croire à Gennaro
qu’il en eût reçu une impression défavorable.
    Le chef de police attendit pourtant sans trop d’inquiétude.
    La connaissance qu’il avait du caractère de Roland lui donnait
une assurance qu’il n’eût certes pas eue devant un de ses
sbires.
    À ce moment retentit dans le jardin un coup de sifflet doucement
modulé. Roland et Scalabrino tressaillirent. Gennaro dressa les
oreilles. Alors Roland se leva et, se dirigeant vers la porte,
dit :
    « Scalabrino, surveille étroitement pendant mon absence le
seigneur Guido Gennaro, chef de la police vénitienne, qui veut bien
nous rendre visite. »
    Et il sortit, laissant Gennaro foudroyé, hébété de
stupéfaction.
    Dans le jardin, Roland marcha jusqu’au cèdre. Là, il répéta le
coup de sifflet qu’il avait entendu. Presque aussitôt, un homme se
dressa près de lui et dit :
    « Monseigneur, c’est pour cette nuit.
    – Et tu peux nous conduire ?
    – Oui, monseigneur, sans danger.
    – C’est bien, attends-moi ici. »
    Roland rentra dans la maison.
    « Monsieur, dit-il à Gennaro, vous êtes mon
prisonnier. »
    Le chef de police avait essayé d’employer ces quelques minutes à
trouver une issue au traquenard où il s’était jeté.
    Mais cette fois il était pris
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