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Les 186 marches

Titel: Les 186 marches
Autoren: Christian Bernadac
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carnet de croquis et Speer « empruntait » le « dessin » pour faire exécuter la maquette d’un arc de triomphe, d’une façade de chancellerie, ou d’une colonnade. Ce carnet de croquis datait de 1925… et depuis 1925, Hitler, l’architecte Hitler, rêvait de transformer, de bouleverser Berlin, capitale du Reich, et Linz la ville de son enfance.
    – Nous coifferons Paris et Vienne !
    Vouloir expliquer Hitler par ses seules conceptions architecturales et artistiques serait puéril, mais les oublier (comme l’ont fait jusqu’à présent la plupart des historiens ou des biographes) amène obligatoirement a des contresens. Le caporal Hitler, qui méprise les militaires, est un « architecte rentré » : parfait technicien du trait, de la cote, des élévations et des épures, il est resté scolaire dans son imagination créative. Tout ce qui est grand est beau. Tout ce qui est impérissable est beau. Tout ce qui est grand et impérissable, est sublime, et marque de son empreinte notre planète.
    – Regardez Chéops !
    Et les plans de la nouvelle chancellerie du Reich prévoient un volume de pierre trois fois plus important que celui de la Grande Pyramide.
    Si la conquête se réalise dans l’occupation du terrain, elle s’accomplit par l’implantation des colons mais aussi du cadre de vie de la puissance dominante. Car cette supériorité du vainqueur, démontrée par le triomphe des armes, s’affirme dans la création monumentale.
    – On imagine mal la réussite de l’expansion romaine sans ses villas, ses thermes, ses théâtres, ses stades.
    Ainsi donc, Hitler, bâtisseur d’empire, ne conçoit pas l’occupation de nouveaux territoires sans l’imposition d’un style propre au III e Reich. Il suffit de s’arrêter quelques instants sur les plans et maquettes réalisés par l’étrange duo Hitler-Speer, pour comprendre cet « esprit » démesuré qui caractérisa le néoclassicisme national-socialiste. Le gigantisme allié à l’imputrescible (granit et marbre) – lourdeur et froideur – crée un décor d’apparat dans lequel paradoxalement, l’homme ne peut trouver place. On imagine Albert Speer devant les plans du « Grand Dôme » destiné à recevoir dans une même salle 180000 auditeurs, essayant de placer la tribune de Hitler.
    – A la vérité,  bien qu’il refusât d’adhérer aux idées mystiques de Himmler et de Rosenberg, Hitler n’en faisait pas moins construire là un édifice culturel qui devait, au cours des siècles, acquérir, grâce à la tradition et au respect dont il serait entouré, une importance analogue à celle que Saint-Pierre de Rome a prise pour la chrétienté catholique. Sans cet arrière-plan culturel, toutes les dépenses engagées pour cette construction, dont Hitler voulait faire le centre de Berlin, auraient été absurdes et incompréhensibles.
    – L’intérieur circulaire avait un diamètre de 250 mètres, ce que l’imagination a peine à se représenter ; la gigantesque coupole, dont la courbure légèrement parabolique prenait naissance à 98 mètres du sol, s’élevait à une hauteur de 220 ; mètres. En un certain sens, nous nous étions inspiré^ du Panthéon de Rome. La coupole de Berlin devait avoir, elle aussi, une ouverture circulaire pour laisser passer la lumière ; mais cette ouverture, à elle seule, avait un diamètre de 46 mètres, dépassant ainsi celui de toute la coupole du Panthéon (45 mètres) et le dôme de Saint-Pierre (44 mètres). Le volume intérieur faisait dix-sept fois celui de la basilique Saint-Pierre (…). Le Führer de la nation adresserait de là ses messages aux peuples du futur empire. Je tentai par des artifices architecturaux de mettre cette place en valeur ; mais c’est là que se révélaient les inconvénients d’une architecture qui n’était plus à l’échelle humaine : Hitler disparaissait au point de devenir parfaitement invisible.
    Speer allait « plancher » sur des centaines de monuments de ce type (l’Arc de Triomphe de l’Étoile n’a que 50 mètres de haut, celui de Berlin aurait 117 mètres), poser des premières pierres par dizaines, réaliser au moins soixante projets avant de s’enfoncer, en 1942, dans le quotidien terre à terre des productions de guerre.
    Ces « vues » qui auraient contribué à l’immortalité de Hitler bien plus que ses performances militaires ont été très officiellement présentées, chaque année, au peuple allemand et au
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