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L'épopée des Gaulois

L'épopée des Gaulois

Titel: L'épopée des Gaulois
Autoren: Jean Markale
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étrangers en Gaule. Nous ne sommes que des envahisseurs.
    — Ne dis pas de mal de nos ancêtres. Ils ont accompli de grands exploits et ils nous ont légué ce qu’il y a de plus précieux en cette vie : le sens de la liberté. Nous n’avons jamais été les esclaves de quiconque et nous ne le serons jamais. Plutôt la mort que l’infamie de la servitude !…
    Il tourna le dos à la mer et se mit à marcher à grands pas sur une lande dont l’herbe rase avait été desséchée par les embruns salés. L’autre reprit le sac qu’il avait posé sur le sol pendant leur conversation, et il le suivit sans ajouter un mot. Le soleil avait maintenant disparu et l’ombre s’infiltrait dans les moindres recoins du terrain, dans les craquelures du sol et derrière les moindres touffes d’arbustes qui tentaient de résister au vent. Celui qui marchait devant avait une fière allure. Grand et maigre, les cheveux gris flottant sur ses épaules, il était vêtu d’une courte saie d’étoffe d’une couleur intermédiaire entre le bleu et le vert qui laissait à découvert ses longues jambes protégées par des braies qui semblaient élimées. Il portait une ceinture en peau de vache tannée qui retenait un baudrier d’où émergeait le pommeau d’une épée dont le métal brillait dans les derniers vestiges du jour. Tous deux atteignirent alors un sentier qui s’ouvrait entre deux collines. Ils s’y engagèrent l’un après l’autre. Bientôt, plus il s’éloignait du voisinage de la côte, plus le sentier s’élargissait et devenait un chemin recouvert de cailloux blancs parmi lesquels on distinguait des traces d’ornières.
    — J’espère que tu sais où nous allons ! reprit l’homme qui portait le sac.
    — Certes, j’ai bonne mémoire et je reconnais parfaitement ce chemin, même si je n’y suis venu qu’une seule fois.
    Ils continuèrent d’avancer sans parler et, au moment où l’obscurité se faisait plus dense, ils parvinrent dans une petite vallée bien abritée où l’on distinguait encore des maisons rondes qui s’étalaient le long d’un cours d’eau. Ils sentirent l’odeur des fumées qui s’échappaient du faîte des toits. Ils aperçurent des lueurs indécises qui jaillissaient des ouvertures des maisons. Le plus grand des deux hommes, avisant une femme qui venait de puiser de l’eau à la rivière et qui ramenait une lourde jarre, lui adressa la parole :
    — Bonsoir, femme. Peux-tu nous dire quelle est la demeure du chef Cunobélinos ?
    — Bien sûr, répondit-elle sans hésiter. C’est la troisième maison sur ta gauche.
    Les deux voyageurs s’en allèrent dans la direction indiquée. Ils se trouvèrent devant une maison ronde assez vaste dont la porte ouverte laissait passer la lumière qui émanait des flammes d’un large foyer sur lequel se détachait la forme ventrue d’un chaudron de bronze. Deux femmes étaient accroupies autour du foyer, une jeune et une plus âgée, dont les cheveux gris reflétaient la couleur des flammes. Tout près de là, assis sur une couche de paille et de joncs, un homme vêtu d’une saie brune était assis, buvant le contenu d’une coupe de métal. Quand il aperçut les deux arrivants, il se leva et s’en alla à leur rencontre.
    — Commios l’Atrébate ! s’écria-t-il. Par tous les dieux de nos tribus, je ne me doutais pas que je te reverrais un jour dans cette vie terrestre. Mais il ne faut jamais se méprendre sur la destinée secrète des êtres humains. Sois le bienvenu dans ma demeure, toi et celui qui t’accompagne !…
    Et, ayant prononcé ces paroles, il se précipita vers le plus grand des deux voyageurs et le serra dans ses bras. Celui qu’il avait appelé Commios l’Atrébate le prit à son tour dans ses bras et lui donna l’accolade. Puis, il tendit le bras vers son compagnon.
    — Je suis ici avec mon plus fidèle lieutenant, Bolgios, celui qui n’a jamais reculé devant nos ennemis et qui m’accompagne dans mon exil.
    — Qu’il soit également le bienvenu dans ma demeure, répondit Cunobélinos. Ainsi donc, tu t’es résigné à cesser le combat. Je comprends ton amertume et ton chagrin, ami Commios, mais je pense que tu as eu raison de choisir l’exil. Où comptes-tu t’établir ?
    — Tu sais qu’un clan des Atrébates a quitté la Gaule, il y a déjà une cinquantaine d’années et qu’il s’est installé au centre de cette île de Bretagne. J’y ai déjà envoyé ma femme, mes fils
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