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L'épopée des Gaulois

L'épopée des Gaulois

Titel: L'épopée des Gaulois
Autoren: Jean Markale
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et mes serviteurs. Je vais aller les rejoindre.
    — En attendant, reprit Cunobélinos, reste chez moi tant que tu voudras. Mais trêve de politesses, venez vous asseoir tous deux, que nous partagions fraternellement cet hydromel qui, je le pense, est l’un des meilleurs du pays. Ma femme et ma fille se feront une joie de vous en servir abondamment.
    Les voyageurs ne se firent pas prier. Ils prirent place près du foyer, face à Cunobélinos. La jeune fille qu’ils avaient vue en entrant s’empressa de remplir deux coupes qu’elle offrit aux hôtes de son père. Celui-ci leva celle qu’il avait posée sur une pierre avant d’accueillir ses visiteurs.
    — Eh bien, dit-il, buvons à notre vieille amitié et faisons le souhait que tu trouves dans cette île le repos et la paix que tu as largement mérités.
    Tous trois burent une abondante rasade, et la jeune fille remplit de nouveau leurs coupes.
    — Tu sais, reprit Commios, certains de tes compatriotes ne m’aiment pas beaucoup. Ils prétendent que c’est moi qui ai fait venir Jules César et ses troupes dans cette île. Pour eux, je ne suis qu’un abominable traître, à la fois chez les Gaulois et chez les Bretons. Il y en a même qui se réjouiraient grandement s’ils me voyaient pendu comme un brigand au bout d’une branche de chêne.
    Cunobélinos éclata d’un grand rire sonore.
    — C’est qu’ils ne savent pas ce qui s’est passé en réalité !… dit-il alors. Les apparences sont parfois trompeuses. Et pourtant, ils devraient comprendre que tout cela n’était qu’une comédie, et que Jules César, tout imbu de son pouvoir et de ses qualités incontestables, s’y est laissé prendre. Le résultat, c’est qu’il est venu deux fois dans cette île et qu’il a sacrifié une partie de sa flotte pour du vent !…
    — Oui, dit Commios. Je crois que j’ai utilisé une bonne tactique. Certes, au début de l’engagement de César en Gaule, sous le prétexte de nous protéger des Germains, j’ai cru en lui et je lui ai offert mes services. Mais ce qu’il a pris comme une soumission n’était que le résultat d’un raisonnement. Je connaissais la devise des Romains, « diviser pour régner », et j’ai voulu en profiter. César avait besoin d’un allié, ou plutôt d’un prête-nom en quelque sorte. J’ai été celui-là. Mais cela me permettait d’être dans ses confidences et d’agir pour les intérêts de tous nos peuples.
    — Le plus beau, dit encore Cunobélinos en riant, c’est qu’il t’a fait reconnaître comme roi non seulement des Atrébates, mais encore du peuple des Morins, ce qui te permettait d’étendre ton action bien au-delà des limites traditionnelles. Et tu as magnifiquement joué le double jeu.
    Commios but l’hydromel qui restait encore dans sa coupe, et la jeune fille se hâta de la lui remplir.
    — En fait, dit-il, ce n’était même pas un double jeu. César savait que je guettais la moindre occasion pour affirmer la volonté de mon peuple d’aller toujours plus loin dans l’amélioration des conditions de vie. Je me suis présenté comme celui qui avait la possibilité d’y parvenir, et il y voyait son propre intérêt, car ainsi il disposait d’alliés sûrs, dévoués à sa cause. C’était en somme une coalition d’intérêts. Et le peuple des Morins ne s’y est pas trompé. Il détenait la clef du détroit et savait que, si César voulait entreprendre une expédition dans l’île de Bretagne, il fallait qu’il passât dans leur territoire et donc que les Morins lui fussent acquis d’une façon ou d’une autre, en l’occurrence par la perspective d’un grand rôle à jouer dans l’avenir, et non pas par la force qui en aurait fait des soumis toujours prêts à se révolter 9 .
    À ce moment, un jeune homme grand, aux cheveux longs qui retombaient harmonieusement sur ses épaules, fit son entrée dans la maison. En apercevant les deux voyageurs assis près du foyer, il les salua. Cunobélinos les lui présenta.
    — Voici mon fils Caratacos, ajouta-t-il à l’adresse de ses hôtes. Il poursuit actuellement de longues études chez un druide, et je me réjouis qu’il soit si vaillant, si courageux et si passionné pour toutes les traditions de nos ancêtres. Viens t’asseoir avec nous, mon fils.
    Caratacos obéit et prit place près de Commios. La jeune fille lui servit une coupe remplie d’hydromel.
    — Car nous avons les mêmes ancêtres, vous les Gaulois et nous les
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