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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu
Autoren: Bernard Cornwell
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relents de défaite. L’odeur
leur collait à la peau comme à de la viande pourrie. Lancelot aurait pu nous
isoler dans le Caer, se retourner contre Morfans et Galahad, puis revenir nous
affamer, mais il avait perdu tout courage. Il voulait juste survivre. Sansum,
observai-je avec une ironie désabusée, avait disparu de la circulation. Le
Seigneur des Souris savait quand faire profil bas.
    « Nous
nous retrouvons, Seigneur Derfel. » C’est Bors qui me salua, au nom de son
maître.
    Je fis comme s’il
n’était pas là. « Lancelot, dis-je en m’adressant directement au roi tout
en lui refusant l’honneur de son rang, mon seigneur Arthur fera montre d’indulgence
envers vos hommes à une condition. »
    Je parlai d’une
voix forte afin que tous les lanciers présents dans la cour pussent m’entendre.
La plupart portaient le pygargue de Lancelot sur leurs boucliers, mais certains
avaient peint des croix ou encore les courbes jumelles du poisson.
    « La
condition de sa clémence, c’est que vous affrontiez notre champion, d’homme à
homme, épée contre épée. Si vous vivez, vous pourrez aller librement, et vos
hommes avec vous. Si vous mourez, vos hommes resteront libres. Même si vous choisissez
de ne pas vous battre, vos hommes seront pardonnés : tous, sauf ceux qui
avaient prêté serment à notre seigneur roi Mordred. Ils mourront. »
    L’offre était
subtile. Si Lancelot se battait, il sauvait la vie des hommes qui avaient
changé de camp pour se rallier à lui. S’il se dérobait, il les condamnait à la
mort au risque de compromettre sa précieuse réputation.
    Lancelot jeta
un coup d’œil à Bors, puis se retourna vers moi. Mon mépris était sans borne à
cet instant. Il aurait dû nous combattre, plutôt que de traîner les pieds dans
la cour extérieure de Lindinis, mais l’audace d’Arthur l’avait médusé. Il ne
savait pas de combien d’hommes nous disposions : il ne pouvait voir que
les remparts du Caer hérissés de lances, ce qui avait suffi à lui ôter toute
velléité de se battre. Il se pencha vers son cousin pour échanger quelques mots
puis se retourna vers moi dans un demi-sourire fugitif : « Mon
champion, Bors, accepte le défi d’Arthur.
    — C’est à
vous que s’adresse cette offre, répondis-je, non à l’homme chargé de ligoter et
d’égorger votre verrat apprivoisé. »
    Bors grogna et
tira à demi son épée, mais le chef belge qui s’était porté garant de ma
sécurité s’interposa avec une lance et Bors se radoucit.
    « Et le
champion d’Arthur, demanda Lancelot, serait-ce Arthur lui-même ?
    — Non,
fis-je en souriant. J’ai sollicité cet honneur et je l’ai obtenu. Je l’ai
demandé pour laver l’affront fait à Ceinwyn. Vous vouliez la conduire nue jusqu’à
Ynys Wydryn, mais c’est moi qui traînerai votre cadavre nu à travers la
Dumnonie. Et pour ce qui est de ma fille, sa mort est déjà vengée. Vos druides
sont morts et gisent sur leur flanc gauche, Lancelot. Leurs corps n’ont pas été
brûlés et leurs âmes errent. »
    Lancelot
cracha à mes pieds : « Dis à Arthur que je lui ferai porter ma
réponse à midi. »
    Il se
retourna.
    « Et
avez-vous un message pour Guenièvre ? » lui demandai-je. La question
le fit se retourner. « Votre maîtresse est sur le Caer, repris-je.
Voulez-vous savoir ce qu’il adviendra d’elle ? Arthur m’a informé de son
destin. »
    Il me
considéra avec dégoût, cracha à nouveau, puis se retira. J’en fis autant.
    Je retournai
au Caer et trouvai Arthur sur le rempart, au-dessus de la porte ouest, où, de
longues années plus tôt, il m’avait entretenu du devoir du soldat. Ce devoir, m’avait-il
expliqué, était de livrer des batailles pour ceux qui ne pouvaient se battre.
Tel était son credo et, tout au long de ces années, il s’était battu pour le
petit Mordred. Et maintenant, enfin, il se battait pour lui. Ce faisant, il
perdit tout ce à quoi il tenait le plus. Je lui donnai la réponse de Lancelot.
Il hocha la tête, ne dit mot, et me fit signe de me retirer.
    Plus tard,
dans la matinée, Guenièvre envoya Gwydre me chercher. L’enfant grimpa sur les
remparts où je me tenais avec mes hommes et tira sur mon manteau.
    « Oncle
Derfel ? fit-il en levant sur moi son regard triste. Maman te demande. »
    Il s’exprima
craintivement, les yeux inondés de larmes.
    Je jetai un
coup d’œil vers Arthur, mais il ne s’intéressait pas à nous. Je descendis
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