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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu
Autoren: Bernard Cornwell
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les
marches et accompagnai donc Gwydre jusqu’à la cabane du lancier. Blessée dans
son orgueil, Guenièvre avait dû être mortifiée de devoir s’adresser à moi, mais
elle désirait faire passer un message à Arthur et elle savait bien que personne
ici n’était plus proche de lui que je ne l’étais. Je me courbai pour franchir
la porte. Elle se leva. Je m’inclinai devant elle, puis attendis tandis qu’elle
priait son fils d’aller parler avec son père.
    La cabane
était juste assez grande pour lui permettre de se tenir debout. Elle avait les
traits tirés, un air presque hagard, mais la tristesse lui donnait une beauté
lumineuse dont son orgueil habituel la privait.
    « Nimue
me dit que tu as vu Lancelot, fit-elle d’une voix si basse que je dus me
pencher pour saisir ses paroles.
    — En
effet, Dame. »
    Sans qu’elle s’en
rendît compte, sa main droite jouait avec les plis de sa robe.
    « Avait-il
un message ?
    — Aucun,
Dame. »
    Elle me
considéra de ses immenses yeux verts : « Je t’en prie, Derfel,
fit-elle à voix basse.
    — Je l’ai
invité à parler, Dame. Il n’a rien dit. »
    Elle s’affala
sur un banc de fortune. Elle marqua un temps de silence tandis que j’observais
une araignée descendre du chaume au bout de son fil pour se rapprocher de plus
en plus près de sa chevelure. J’étais paralysé, me demandant si je devais l’écarter
ou la laisser faire. « Que lui as-tu dit ? reprit-elle.
    — J’ai
proposé de me battre contre lui, Dame, d’homme à homme, Hywelbane contre la
lame du Christ. Puis je lui ai promis de traîner son corps nu à travers la
Dumnonie. »
    Elle eut un
brusque mouvement de tête.
    « Se
battre, fit-elle avec colère. C’est tout ce que vous savez faire ! Brutes ! »
    L’espace de
quelques secondes, elle ferma les yeux.
    « Je
regrette, Seigneur Derfel, reprit-elle humblement, je ne devrais pas t’insulter
quand j’ai besoin de toi pour demander une faveur au seigneur Arthur. »
    Elle leva les
yeux et je vis qu’elle était tout aussi brisée qu’Arthur lui-même. « Le
feras-tu ? me supplia-t-elle.
    — Quelle
faveur, Dame ?
    — Demande-lui
de me laisser filer, Derfel. Dis-lui que j’irai outre-mer. Dis-lui qu’il peut
garder notre fils, et qu’il est notre fils, et que je m’en irai, et que jamais
plus il ne me reverra ni n’entendra parler de moi.
    — Je vais
le lui demander, Dame. »
    Elle perçut le
doute dans ma voix et me considéra tristement. L’araignée avait disparu dans sa
crinière rousse.
    « Tu
crois qu’il refusera ? demanda-t-elle d’une petite voix effarouchée.
    — Dame,
répondis-je, il vous aime. Il vous aime tant que je vois mal comment il vous
laisserait partir. »
    Une larme
perla au coin de son œil, puis roula sur sa joue.
    « Mais
alors que va-t-il faire de moi ? demanda-t-elle sans obtenir de réponse.
Que va-t-il faire, Derfel ? demanda une nouvelle fois Guenièvre qui avait
retrouvé un peu de son énergie d’antan. Dis-le-moi !
    — Dame,
fis-je, accablé, il vous placera quelque part en sécurité et vous y confinera
sous bonne garde. »
    Et tous les
jours, me dis-je, il penserait à elle, toutes les nuits elle viendrait le
visiter dans ses rêves, et à chaque aube, se retournant dans son lit, elle
serait partie.
    « Vous
serez bien traitée, Dame, fis-je d’un ton doux qui se voulait rassurant.
    — Non ! »
gémit-elle.
    Elle aurait pu
envisager la mort, mais cette promesse d’emprisonnement lui paraissait pire
encore : « Dis-lui de me laisser partir, Derfel. Dis-lui juste de me
laisser partir !
    — Je vais
le faire, promis-je, mais je ne crois pas qu’il y consentira. Je ne crois pas
qu’il puisse. »
    La tête entre
les mains, elle pleurait maintenant toutes les larmes de son corps. J’attendis,
mais elle n’ajouta rien de plus et je me retirai. Gwydre avait trouvé la
compagnie de son père trop lugubre et voulait retourner auprès de sa mère, mais
je l’emmenai avec moi pour qu’il m’aide à nettoyer et à aiguiser Excalibur. Le
pauvre Gwydre était effrayé. Il ne comprenait pas bien ce qui s’était passé, et
ni Guenièvre ni Arthur n’étaient en mesure de le lui expliquer.
    « Ta mère
est très malade, lui dis-je, et tu sais que les gens malades ont parfois besoin
de rester seuls. Peut-être vas-tu venir partager la vie de Morwenna et de
Seren, fis-je en souriant.
    — Je peux ?
    — Je
crois que ton père et ta mère
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