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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu
Autoren: Bernard Cornwell
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jaunes, les derniers oiseaux à faire leur
nid, volaient avec des brins de paille dans le bec, tandis que plus haut,
au-dessus de quelques chênes, je crus voir un faucon prendre son vol. Puis je m’aperçus
que ce n’était pas un faucon, mais un jeune coucou qui volait pour la première
fois. Un bon augure ! me dis-je. Car Lancelot, comme le jeune coucou, n’avait
que l’apparence d’un faucon. En vérité, il n’était qu’un usurpateur.
    Nous nous
arrêtâmes à une petite lieue de Caer Cadarn, dans un petit monastère bâti près
d’une source sacrée qui jaillissait en bouillonnant d’une chênaie. Où s’élevait
jadis un sanctuaire druidique, c’était le Dieu des chrétiens qui gardait maintenant
les eaux, mais le Dieu ne pouvait résister à mes lanciers qui, sur les ordres d’Arthur,
enfoncèrent la porte et mirent la main sur une douzaine de robes de bure. L’évêque
du monastère refusa de prendre la somme qu’on lui offrit et se contenta de
maudire Arthur. Désormais incapable de dominer sa colère, Arthur frappa l’évêque.
Nous le laissâmes en sang dans la source sacrée pour reprendre notre marche
vers l’ouest. L’évêque se nommait Carannog et il est saint aujourd’hui. Arthur,
me dis-je parfois, a fait plus de saints que Dieu.
    On arriva à
Caer Cadarn par Penn Hill, mais notre troupe s’arrêta sous la crête de la
colline, avant d’être visible depuis ses remparts. Arthur désigna une douzaine
de lanciers et leur ordonna de se tonsurer à la manière des chrétiens puis d’enfiler
les robes de moines. C’est Nimue qui fit la coupe avant de fourrer tous les
cheveux dans un sac pour les mettre en sécurité. Je me portai volontaire pour
être parmi les douze, mais Arthur refusa. Ceux qui se présenteraient aux portes
du Caer ne devaient pas avoir un visage connu.
    Issa se prêta
au couteau et, quand il eut le crâne rasé, il m’adressa un large sourire :
« Ai-je l’air d’un chrétien, Seigneur ?
    — Tu
ressembles à ton père. Chauve et affreux. »
    Les douze hommes
cachèrent une épée sous leur robe, mais il n’était pas question pour eux d’emporter
leur lance. On dégagea donc la pointe des lances de leur hampe : les
bâtons leur serviraient d’armes. Leurs fronts rasés étaient plus pâles que leur
visage, mais avec le capuchon rabattu sur la tête ils passeraient pour des
moines. « Allez-y », leur dit Arthur.
    Caer Cadarn n’avait
pas de réelle valeur militaire. Mais, en tant que symbole de la royauté de
Dumnonie, il était d’une valeur inestimable. Ne serait-ce que pour cette
raison, nous savions que la forteresse serait bien gardée, et qu’il faudrait
beaucoup de chance et de vaillance à nos douze faux moines pour amener la garnison
à ouvrir les portes. Nimue les bénit. Ils grimpèrent jusqu’à la crête avant de
disparaître sur l’autre flanc. Peut-être est-ce parce que nous portions le
Chaudron ou qu’Arthur a toujours eu de la chance dans la guerre, mais notre stratagème
réussit. Postés au sommet de la colline, sur l’herbe chaude, Arthur et moi
regardâmes Issa et ses hommes glisser et dévaler le flanc ouest escarpé de Pen
Hill, traverser les grands pâturages, puis escalader le sentier raide qui
menait à la porte est de Caer Cadarn. Issa et ses hommes tuèrent les
sentinelles et s’emparèrent des lances et des boucliers des morts afin de défendre
leur précieuse porte. Encore une ruse que les chrétiens ne devaient jamais
pardonner à Arthur.
    Dès qu’il vit
que la porte était prise, Arthur sauta sur le dos de sa jument. « En avant ! »
cria-t-il, et ses vingt cavaliers lancèrent leurs bêtes sur la crête et
dévalèrent la pente herbeuse à sa suite. Dix hommes le suivirent jusqu’au fort
proprement dit, tandis que les dix autres galopèrent autour du pied de la
colline pour couper la retraite à une éventuelle garnison.
    Le reste de la
troupe suivit. Chargé de Guenièvre, Lanval se trouvait ralenti, mais mes hommes
descendirent la pente escarpée en trombe pour escalader aussitôt le chemin
caillouteux où attendaient Arthur et Issa. Une fois la porte tombée, la
garnison n’avait pas opposé la moindre résistance. Il y avait là cinquante
lanciers, pour la plupart des vétérans estropiés ou des novices, mais c’était
encore plus qu’assez pour tenir les murs contre notre modeste force. Une
poignée tenta de s’échapper. Nos cavaliers les rattrapèrent sans mal pour les
reconduire dans
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