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L’élixir du diable

L’élixir du diable

Titel: L’élixir du diable
Autoren: Raymond Khoury
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fallait décrocher avant qu’il soit trop tard. Et je… D’autres balles criblèrent les murs autour de moi.
    — On n’est pas venus pour ça ! répondis-je d’une voix rauque, les yeux fixés sur ma cible. Il faut que j’essaie…
    — Que tu essaies quoi ? gueula Munro. De le porter ? Tu te prends pour Superman, maintenant ?
    Une longue rafale me déchira les tympans, puis sa voix pressante revint dans les écouteurs :
    — Descends-moi ce fils de pute, Reilly ! Vas-y ! Tu sais ce qu’il a dit ? « Comparée à mon produit, la meth paraîtra aussi fade que de l’aspirine ! » Et tu hésites à liquider ce pourri ? ! On est venus faire un boulot, bordel ! On a des ordres. On est en guerre et ce type, c’est l’ennemi ! Alors, lâche-nous avec tes scrupules à la con, crève-moi cette ordure et ramène-toi ! J’attendrai pas plus longtemps…
    Ses mots résonnaient encore sous mon crâne quand une autre rafale balaya le mur du fond. Sous une pluie d’éclats de verre et d’échardes, je plongeai m’abriter derrière une des armoires métalliques du labo. Je glissai un coup d’œil vers le chercheur affalé de l’autre côté de la pièce. Là encore, Munro avait raison. Impossible de l’emmener. Pas avec sa blessure. Pas avec la petite armée de bandidos saturés de cocaïne qui nous tombait dessus.
    Bon Dieu, ce n’était pas censé se passer ainsi.
    L’extraction devait être rapide, chirurgicale. A la faveur de l’obscurité, Munro et moi, soutenus par les six autres membres d’élite de notre commando de l’OCDETF 1 – un organisme fédéral bénéficiant des ressources de onze agences, dont la mienne, le FBI, et celle de Munro, la DEA –, nous étions censés nous glisser dans le camp, trouver McKinnon et le ramener. Avec le résultat de ses recherches. Simple, surtout pour ce qui était de se glisser dans le camp. Mais la mission avait été décidée à la hâte, après un coup de fil inattendu de McKinnon. Nous n’avions pas eu beaucoup de temps pour préparer l’attaque du labo et, côté renseignements, c’était plutôt maigre… Je pensais que nous avions quand même une chance. Pour commencer, nous disposions d’un excellent équipement – armes automatiques munies de silencieux, lunettes de vision nocturne, gilets pare-balles, drone de surveillance. Nous avions aussi l’avantage de la surprise. Et depuis notre arrivée au Mexique, quatre mois plus tôt, les raids sur les autres labos s’étaient très bien passés.
    On entre et on ressort. Vite fait, bien fait.
    La phase « on entre » avait été un pur bonheur.
    Puis McKinnon s’était pris une balle dans la cuisse et la phase « on ressort » du plomb dans l’aile.
    J’entendis des cris nerveux, en espagnol : les bandidos se rapprochaient.
    Il fallait que je me décide. Si j’attendais plus longtemps, je me ferais capturer et je ne nourrissais aucune illusion sur la suite. Ils allaient me torturer à mort. En partie pour obtenir des infos, en partie pour le plaisir. Ensuite, un petit coup de tronçonneuse et ils poseraient ma tête sur mes genoux, pour la photo. De surcroît, en dépit du fumet aristocratique que d’aucuns accolent à la décapitation, ma mort n’aurait servi à rien. Les travaux de McKinnon allaient passer à la postérité. Un legs infâme, de l’avis général.
    La voix de Munro se remit à grésiller au plus profond de mon crâne :
    — D’accord, si tu veux tout foutre en l’air, vas-y ! Moi, je me barre. Tchao, mec.
    A cet instant précis, mon esprit embraya.
    Ce fut comme si une détermination primale court-circuitait en moi toute résistance, balayait tout l’inné, toute mon humanité et toutes mes croyances pour prendre les commandes. Je vis ma main se lever avec une aisance et une précision de robot, braquer mon arme entre les yeux terrifiés de McKinnon et presser la détente.
    La tête du chercheur explosa, une giclée sombre éclaboussa le placard derrière lui et il bascula sur le côté, tas inerte de chair et d’os.
    Une longue seconde, je laissai mon regard glisser sur l’homme au sol, avant de gueuler :
    — Je sors !
    Je m’immobilisai devant la porte du laboratoire, jetai un dernier coup d’œil alentour, dégoupillai deux grenades incendiaires et les lançai derrière moi. Je me ruai dehors au moment où la pièce s’embrasait.
    1 - Pour « Organized Crime Drug Enforcement Task Force ». La DEA (Drug Enforcement Administration) mentionnée plus bas est un service
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