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L’élixir du diable

L’élixir du diable

Titel: L’élixir du diable
Autoren: Raymond Khoury
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qu’El Brujo était toujours là. Et comme à chaque instant de sa vie éveillée, de jour comme de nuit, cette simple pensée faisait naître une tornade au creux de son estomac.
    Il se tourna de nouveau vers l’écran muet, fixa d’un regard éteint les mêmes images en boucle et songea à la partie de l’événement à laquelle il était le plus sensible : la souffrance que ce raid laisserait derrière lui. Des veuves et des orphelins. Des parents, des enfants, des collègues qui ne sauraient probablement jamais ce qui était arrivé aux disparus. Des innocents dont la vie allait être changée à jamais.
    Il tendit la main vers son téléphone, appuya sur la touche d’un numéro préenregistré.
    Son agent numéro un répondit aussitôt :
    — Tu es où ? lui demanda Corliss.
    — A la marina, répondit l’homme. Rencard avec un indic.
    — Je viens de lire des informations sur les scientifiques enlevés au centre de recherches…
    — Ils se contrôlent plus, ces cabrones .
    — Je ne crois pas qu’il s’agisse de n’importe quel cabrón .
    L’homme marqua une pause, clairement désarçonné, puis reprit : — Tu penses que c’est lui ?
    — J’en suis certain, affirma Corliss.
    Il se représenta le chef du cartel mexicain, ce qui provoqua un déluge d’images douloureuses difficiles à refouler. Ses doigts se resserrèrent sur le téléphone, en firent craquer la coque.
    — Viens quand tu auras fini, dit-il enfin. J’ai réfléchi. Il y a peut-être un moyen de le coincer.
    — Ça a l’air intéressant, répondit Jesse Munro. Je serai là dans une heure.

Samedi

1
    San Diego, Californie
    La sonnette de la porte d’entrée tinta peu après neuf heures, en cette matinée ensoleillée incitant à la paresse.
    Dans sa cuisine, Michelle Martinez vidait un lave-vaisselle qu’on avait bourré au-delà de ce que toutes les lois de la physique pouvaient expliquer et accompagnait de sa voix les Red Hot Chili Peppers beuglant à la radio la fin chorale vibrante d’« Under the bridge ». Elle leva les yeux, écarta de l’avant-bras les mèches châtain foncé qui ne cessaient de jouer des tours à ses yeux bleu clair et appela doucement, en direction du séjour :
    — Tom ? Tu peux aller voir, carino ?
    La réponse fusa du devant de la maison :
    — A vos ordres, alteza !
    Michelle sourit, jeta un coup d’œil par-dessus son épaule à son fils de quatre ans, Alex, qui jouait dans le jardin de derrière, et revint au casier à couverts. En bruit de fond, le chanteur des Red Hot pleurait sur les sombres journées passées à chercher du speedball dans les entrailles de L.A. Elle adorait cette chanson, avec son intro obsédante à la guitare et son chœur final épique, malgré l’émotion que ses paroles provoquaient en elle. Elles évoquaient un monde de souffrance et de dévastation qu’elle avait bien connu, à l’époque où elle bossait à la DEA. Mais ce qu’elle aimait encore plus, c’était quand Tom l’appelait alteza , altesse. Ce n’était vraiment pas elle, cela lui ressemblait si peu que l’absurdité même de ce surnom ne manquait jamais de l’amuser.
    Tom le lui donnait généralement quand elle lui demandait un service, ce qui n’arrivait pas très souvent, même si Michelle s’obligeait de temps à autre à solliciter délibérément son aide. En réalité, il y avait peu de choses qu’elle ne sût ou ne voulût pas faire seule. Elle était aussi autonome qu’une épouse de militaire – ce que sa mère avait été – et avait probablement acquis cette indépendance en l’observant dans les bases militaires de Porto Rico et du New Jersey où elle avait grandi. C’était cette indépendance, conjuguée à une volonté de fer et un refus total du boniment, qui lui avait valu toutes sortes d’ennuis – elle avait été exclue de plusieurs collèges avant de laisser d’elle-même tomber le lycée – mais c’était aussi ce qui l’avait aidée à se corriger, à obtenir son diplôme de fin d’études, à tirer parti de sa nature sauvage, de sa langue aiguisée et d’une série d’accrochages avec les autorités pour faire une carrière météorique d’agent infiltré de la DEA.
    Les hommes n’aiment pas qu’on leur fasse sentir qu’on n’a pas besoin d’eux. C’était du moins ce que ses copines lui serinaient. Il s’agissait apparemment d’un vestige de notre période chasse et cueillette, et à dire vrai elles n’avaient pas tout à fait tort. Tom
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