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L'Église de Satan

L'Église de Satan

Titel: L'Église de Satan
Autoren: Arnaud Delalande
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Elle
portait un voile relevé par-dessus son manteau, ainsi qu’un diadème, encore
brillant, que Marquesia Hunaud de Lanta lui avait donné lorsqu’elles avaient
quitté leur pauvre atelier des cimes.
    Elle gardait une main glissée sous sa robe, les
doigts crispés sur l’objet qu’elle était parvenue à dissimuler.
    La pointe d’une dague effilée étincela un
instant dans le soleil naissant.
    Pique l’aiguille.
    S’il fallait mourir, autant mourir vite.
    Sa résolution était prise.
    Aguilah fit s’approcher Bertrand Marty.
    — Raymond de Péreille et Pierre-Roger de
Mirepoix pourront avoir la vie sauve, ainsi que les nobles de Montségur, Alazaïs
de Massabrac, Jourdain de Péreille, Faye de Plaigne, Philippa de Mirepoix, Arpaïx
de Rabat, Lombarde et Bernarde de Lavelanet… Ceux-là comparaîtront devant nos
inquisiteurs, qu’ils abjurent ou non. Mais vous, Bertrand Marty, vous le chef
de la secte cathare, le potentat de la contre-Église… C’est autre chose.
    Aguilah se pencha en avant.
    — Les reliques sont ici, n’est-ce pas ?
    L’évêque cathare ne cilla pas.
    Aguilah demanda encore :
    — Votre damné trésor occitan, votre
immense supercherie, votre secret – c’est au château de Montségur qu’il demeure !
Je le sais ! Oserez-vous dire le contraire ? Je le sais !
    Il avait le poing fermé et tremblant ; il
trépignait sur son siège.
    Bertrand Marty ne semblait pas l’écouter. Son
regard avait dévié, il se promenait dans le flou, quelque part derrière lui, à
ses côtés. Puis il posa les yeux sur l’évêque.
    — Il est des secrets plus grands que le
nôtre, Aguilah de Quillan. Des secrets que jamais, votre pauvre esprit et votre
cœur sec ne seront en mesure de comprendre.
    Les lèvres d’Aguilah firent la moue ; son
nez se fronça, il y passa rapidement la main, comme pour le gratter.
    — Ah ! dit-il sur un ton de triomphe
forcé. Ah ! Mais je sais bien que les reliques sont là-haut. Je les
trouverai, dussé-je retourner le château pierre par pierre, comme nous l’avons
fait de toute l’Occitanie ! Je les trouverai et les détruirai pour jamais.
    Puis il étendit une main agacée qu’il agita
dans l’air.
    — Tuez-le.
    Ce fut le tour d’Aimery et Héloïse.
    Aimery passa le premier. Aguilah ne le
reconnut pas tout de suite. Il cligna des yeux, comme si la figure de cet
hérétique lui rappelait quelque chose. Puis son visage s’éclaira.
    — Est-ce possible ! Vous, vous ici… Les
voies de Dieu sont décidément impénétrables… Quelle joie de vous retrouver sur
mon chemin, messire.
    La voix de Ferrier retentit :
    — Abjurez-vous votre foi en l’Église du
Diable ?
    — J’affirme ma foi en la véritable Église
de Dieu et en la liberté de l’Occitanie.
    Aguilah eut un sourire narquois. Il contempla
quelques secondes ce jeune homme. Ce visage fermé, aux traits réguliers, les marques
de ses blessures à son front, à ses joues. Cette chevelure noire, une crinière
de lion. Il se souvenait de ce même regard qu’il avait croisé sur le parvis de
Toulouse, lorsque Aude (de Lavelanet brûlait encore.
    — Tuez-le, dit encore Aguilah.
    Aimery, poings serrés, fut détaché et bousculé
sur le côté. On le conduisit vers le bûcher. Il jeta un regard par-dessus son
épaule. C’était au tour d’Héloïse.
    La jeune femme pensa à Aude, au procès, à ce
jour où elle avait reçu l’hostie blasphématoire des mains de l’évêque et où ils
s’étaient dit, l’un et l’autre :
    Tu vas mourir.
    Aude… Aimery… Mon fils…
    Elle redressa la tête. Aguilah jubilait.
    — Vous aussi, vous êtes là, bien sûr. Votre
nom, mon enfant.
    — Héloïse de Lavelanet, sœur d’Aude de
Lavelanet, assassinée par Satan lors d’un procès mensonger.
    De nouveau, l’évêque eut dans les yeux un
éclair de triomphe. Il dévorait Héloïse du regard. Il passa sa langue sur les
lèvres, eut un sourire, et au moment où l’inquisiteur Ferrier allait poser sa
rituelle question…
    — Abjurez-vous votre foi en…
    —  Sortez-la des rangs, dit Aguilah.
    Ferrier releva les sourcils et le nez de ses
registres. On avait installé une petite table devant lui. Sa plume resta
suspendue.
    — C… Comment ?
    Aguilah se tourna vers lui.
    — Sortez-la des rangs. Il me plaît que
cette jeune femme vive…
    Il ajouta :
    — Qu’elle vive et qu’elle assiste avec
nous à ce spectacle.
    Héloïse mit quelques instants à comprendre.
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