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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable
Autoren: Paul C. Doherty
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étudié ses états, sa cruauté, la fureur des vents, l’art de diriger un bateau et de commander à son équipage. Au début, il s’était fait la main avec un groupe d’écumeurs de rivière qui opéraient à l’embouchure de la Scheldt, mais son adresse, sa férocité et sa bravoure l’avaient bientôt fait remarquer. Il était alors devenu pirate à la solde des riches négociants du Hainaut et avait navigué avec des lettres de marque, qui lui permettaient d’intercepter, de piller et de détruire les vaisseaux ennemis.
    Quelques années auparavant, Blackstock avait acheté L’Indomptable , choisi son équipage et, ne craignant ni Dieu ni l’espèce humaine, avait déclaré la guerre à tous les hommes. À la même époque, la nouvelle était arrivée d’Angleterre qu’Hubert s’était soudain enfui de la communauté bénédictine à Westminster et qu’il désirait rencontrer son demi-frère de toute urgence. Un soir du mois d’août, Blackstock, à bord de L’Indomptable, avait remonté l’Orwell et retrouvé son frère dans l’ermitage en ruine. Ils étaient tombés dans les bras l’un de l’autre. Hubert avait avoué qu’il se souciait peu de Dieu et pas du tout des bénédictins. Il avait déclaré que la disparition de sa vocation était due à une visite de Brocare, le parent de leur père. Brocare avait échappé au massacre en s’enfuyant et, poussé par la honte et la peur, s’était caché jusqu’à ce que le remords et la soif de vengeance le ramènent dans ce qu’il avait appelé la lumière du jour. Sous le poids de la culpabilité, il voulait à toute force agir pour venger les grands méfaits perpétrés. Personne n’avait jamais découvert qui était responsable de l’attaque contre le manoir de Blackstock et du sanglant massacre qui avait suivi, mais Brocare avait son idée. Il avait fourni une liste des suspects possibles et Hubert avait compris qu’il avait vécu en benêt dans un monde où la cruelle rapacité était à l’ordre du jour. Lui et Adam avaient admis que leur âme avait péri la nuit où leurs parents étaient morts. Dieu leur avait tout pris, ils ne lui donneraient donc rien. Hubert avait expliqué qu’il travaillait à présent pour les bourgmestres, les shérifs et les baillis en tant que venator hominum, chasseur d’hommes, chargé, contre récompense, de traquer les hors-la-loi et de les traîner devant la justice. Il avait même pourchassé des membres de la bande qui avait assassiné leurs parents, bien que, la plupart étant morts, ils aient été hors de sa portée. Il avait confié à Adam que certains étaient des hommes de Cantorbéry, ce qui ne fit qu’accroître la haine et le mépris que les frères éprouvaient envers cette cité.
    Finalement, Hubert et Adam avaient peu évoqué le passé, mais avaient élaboré des plans pour l’avenir. Ils avaient décidé de se revoir plus souvent. Les deux hommes avaient compris que ce qui était arrivé tant d’années auparavant non loin de Cantorbéry avait bouleversé leur vie et que seule la vengeance pouvait les apaiser. Pris dans le tourbillon de la vie, ils ne pouvaient rien faire si ce n’est se laisser porter. Les mois se succédant, ils étaient devenus encore plus proches. Hubert partageait souvent des informations avec son frère, qui, en échange, lui remettait du butin afin qu’il l’écoulé à la truanderie de Londres, Bishop’s Lynn, Bristol et Douvres, où on pouvait transporter et vendre des produits sans susciter la moindre question...
    Blackstock, la mine sombre, serrait les cordes du gréement et se raidissait contre le tangage du navire. Par-dessus son épaule, il jeta un coup d’oeil à Stonecrop, son lieutenant et valet, homme taciturne qui courbait l’échiné, la tête et le visage presque dissimulés par le profond capuchon de sa chape.
    — En êtes-vous sûr, capitaine ?
    Blackstock se retourna. Stonecrop s’approcha en repoussant sa capuche, découvrant ses cheveux noirs coupés ras sur une figure émaciée et malveillante. Blackstock l’avait rencontré à Dordrecht quelques années plus tôt et l’avait sauvé lors d’une rixe de taverne. Stonecrop s’était montré dévoué corps et âme, en temps de paix comme en temps de guerre. Il avait des yeux insondables comme la nuit, noirs et sans vie. Hubert ne l’aimait pas et ajoutait même qu’il ne lui faisait pas du tout confiance. Ce qui n’était pas le cas de Blackstock. Il se reconnaissait en
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