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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable
Autoren: Paul C. Doherty
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aussi un membre de la puissante guilde des fourreurs et des pelletiers de la cité, ce qui impliquait qu’ils avaient le strict devoir de prendre soin à la fois d’Hubert et de son puîné. Hubert semblait comprendre et, plus tard, expliqua la situation à Adam, précisant en phrases hachées ce qui adviendrait à l’avenir.
    Le lendemain, ils avaient assisté à la messe de requiem de leurs parents à St Mildred et vu emporter les deux cercueils, achetés par la guilde, dans le cimetière pour y être enterrés. Des croix de bois avaient été sur-le-champ plantées dans les monticules de terre tout juste élevés. Les membres de la guilde avaient promis avec solennité que, d’ici un an et un jour, elles seraient remplacées par des croix de marbre façonnées par les meilleurs tailleurs de pierre. Adam n’en avait cure. Tout ce dont il pouvait se souvenir, c’était les hurlements de sa mère, les flammes jaillissant du toit de la maison et son père gisant sur les pavés, les jambes tressaillant et les mains serrées sur son ventre. Il tenta d’en faire part à Hubert, mais ce dernier ne paraissait pas saisir ; il se contentait de le regarder, de hocher la tête et d’appuyer ses doigts sur les lèvres d’Adam pour qu’il garde le silence.
    Ensuite, ce fut comme s’ils étaient des vaisseaux encalminés après avoir essuyé un violent orage. Hubert continua ses études et se révéla fort versé en théologie, philosophie, grammaire et syntaxe, jeune homme possédant ce que l’un de ses maîtres nommait « le don des langues », non seulement les classiques – le latin et le grec –, mais aussi l’anglo-normand et l’allemand. Pendant ce temps, Adam apprenait le négoce des peaux et des cuirs. Il s’y révéla habile, mais gagna bientôt la réputation d’être distant et réservé. La seule personne avec laquelle il se montrait détendu était son frère lors des rares passages de celui-ci en ville, quand il quittait les collèges de Cambridge. Hubert finit par entrer dans l’ordre des bénédictins ; Adam ouvrit son propre commerce et devint un citoyen, héritant ce qui restait de l’argent et des biens de son père. Il ne revint pas une seule fois à la ferme du manoir familial et, par le biais de la guilde, il plaça son pécule chez les orfèvres de la ville.
    Adam avait toujours l’impression d’être coupé du reste de l’humanité, même ici, sur son navire ; c’était comme si, entre lui et les autres créatures de Dieu, s’ouvrait un gouffre béant. Il rendait parfois visite aux tombes de ses parents à St Mildred, mais sans jamais pénétrer dans l’église. La messe et les autres célébrations l’ennuyaient et, quand il le pouvait, il trouvait un prétexte pour échapper aux mystères de la guilde, à ses cérémonies annuelles, parades, festivités, offrandes de cierges votifs, à tout ce qu’Adam appelait en secret « ses mascarades vides de sens » qui se déroulaient dans les différentes églises de Cantorbéry ou dans la célèbre cathédrale. Il allait parfois voir le magnifique tombeau de Becket, mais même là il s’intéressait surtout à sa valeur. Il jetait un regard de convoitise sur les superbes joyaux qui scintillaient dans le revêtement d’or et se demandait s’il serait facile de les dérober.
    Il lui arrivait de ressentir une folle colère à laquelle il ne pouvait laisser libre cours, jusqu’à ce soir, juste après la Saint-Michel, où il avait joué de l’argent dans une taverne de la rue des Merciers. Une querelle avait éclaté et son partenaire l’avait traité de « fils de pute ». Adam ne se souvenait pas clairement de ce qui s’était passé par la suite ; il ne se rappelait que la bouche écumante de son adversaire dans son visage hirsute. L’homme s’était penché en avant, répétant ces immondes jurons, ces mots effroyables sur ses parents ; le poignard d’Adam s’était alors planté dans la gorge de l’insulteur et Adam avait fui pour sauver sa peau. Il avait fini par se réfugier à Londres, où il lui avait été difficile, ne faisant pas partie d’une guilde, de trouver un emploi sûr, aussi s’était-il rendu à Queenshithe où il s’était embarqué sur un bateau qui transportait de la laine à Dordrecht. C’est là, parmi ces tavernes du port étranger et ces échoppes à bière, qu’il avait découvert sa véritable vocation. C’était un marin-né, un homme de la mer. Il aimait l’océan et avait
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