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Le train de la mort

Le train de la mort

Titel: Le train de la mort
Autoren: Christian Bernadac
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cercles d’étude et de détente, son poste radio, ses journaux manuscrits, ses informateurs extérieurs, ses agents de liaison, ses armes, mais surtout son âme. Ces hommes qui ont appris à se connaître, à s’aimer, se respectent et s’entraident. Ils se veulent et sont un. C’est ensemble, tous ensemble, qu’ils abattront les murs de leur prison, s’évaderont et formeront un maquis exemplaire de mille deux cent cinquante fusils.
    L’agent de liaison, chargé de monter de l’extérieur une opération d’appui armé, échoue dans ses tractations. Le chef des groupes francs de Toulouse qui devait lui remettre un important dépôt de munitions, en apprenant que l’homme de confiance des détenus est communiste, refuse de tenir les promesses faites par Serge Ravanel, responsable national de ces groupes francs. Les prisonniers ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes. Le 19 février 1944, profitant de la visite d’un représentant de Vichy, le collectif d’Eysses engage la bataille. Elle allait se prolonger vingt-cinq heures, vingt-cinq heures de lutte héroïque à armes inégales. Vingt fusils et cinquante grenades contre une force de milice qui atteindra le 21 février… trois mille hommes.
    — Si vous vous rendez, aucun d’entre vous ne sera inquiété.
    Joseph Darnand, le soir même, prépare sur place la répression et fait choisir cinquante otages représentatifs… Une cour martiale « improvisée » en condamne douze à mort. Ils seront exécutés par un peloton de gardes mobiles. Par la suite, les mille deux cents détenus et les trente-six otages « retenus » rejoindront Compiègne ; les premiers directement, les seconds après un séjour à Blois. Ce sont ces « trente-six » que nous retrouverons à Royallieu en cette fin de juin 44 alors que l’ensemble du bataillon est déjà à Dachau.
2
LE 30 JUIN
    Ils sont peut-être cent à attendre l’ouverture de la cantine. Cent qui ont faim :
    — L’Espagnol est passé ?
    — Pas vu.
    L’Espagnol, récupère sur les marchés du département toute la nourriture avariée… Il est le seul fournisseur en légumes « frais » de Royallieu.
    Lorsque Maurice Baltet se glisse derrière le comptoir, un sec « ya plus de carottes » lui cloue la bouche.
    — Vous avez peut-être une lime à ongles ?
    — Pour ça oui !
    Maurice Baltet remonte le terre-plein :
    — Certains ix font de la culture physique pour conserver la forme ; je pense qu’ils feraient mieux d’économiser leurs forces. Les nouvelles de l’avance alliée sont incertaines ; pourtant… Bourgoin, de Troyes, fait de la radiesthésie avec son alliance sur une carte de France que nous lui avons dessinée. Nous notons… l’avance des troupes.
    Dans une petite pièce du bâtiment 8, Mgr Theas célèbre la messe pour une douzaine de routiers. L’évêque de Montauban a demandé, la veille, l’autorisation d’officier dans la chapelle du camp ; elle lui a été refusée. L’administration allemande préfère ignorer ces « cérémonies confidentielles » même si l’évêque choisit comme thème de ses homélies – ce fut le cas pour son premier sermon « officiel » de Compiègne – la liberté ;
    — Parce qu’elle vient de Dieu, la vie de l’homme est sacrée et s’impose au respect de tous. Dieu nous a créés libres. La liberté est un don de Dieu, elle est donc sacrée et doit être respectée de tous x .
    À genoux sur le ciment, aux côtés des routiers, deux hommes prient. Le plus âgé – il vient d’avoir cinquante-trois ans – est un garagiste lyonnais, Henri Chant. Et Henri Chant est juif. Et Henri Chant, converti bien avant son arrestation, a demandé à Mgr Theas de le baptiser. L’évêque a accepté. Quelques minutes avant cette « messe discrète » il lui a confié :
    — Vous serez baptisé cet après-midi. Vous ferez votre première communion demain. Je dois également vous dire qu’un départ pour l’Allemagne est prévu dimanche. Je pense que vous serez sur la liste.
    Et aujourd’hui, le garagiste de Lyon prie comme il n’a jamais prié. Auprès de lui, un interné « célèbre » dans tout le camp : le « jeune marié ». Marc Gervais, événement unique, à en effet épousé Odile Acker à Royallieu :
    — Marc Gervais xi est né le 10 février 1921 à Nangis (Seine-et-Marne). Il se destinait à la carrière militaire et préparait Saint-Cyr en 1940. Il ne tarde pas à avoir des activités
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