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Le train de la mort

Le train de la mort

Titel: Le train de la mort
Autoren: Christian Bernadac
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DU MÊME AUTEUR
     
    Dans la même collection :
    L’exécution de Budapest
    Les sorciers du ciel
     
    Aux éditions France-Empire
    Les médecins maudits
    Les médecins de l’impossible
    Les mannequins nus – Auschwitz
    Le camp des femmes – Ravensbrück
     
    CHRISTIAN BERNADAC
     
    LE TRAIN
    DE
    LA MORT
     
     
     
    PRESSES POCKET
    116, RUE DU BAC, PARIS
     
    La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’Article 41, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (alinea 1 er de l’Article 40).
    Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les Articles 425 et suivants du Code Pénal.
    © Éditions France-Empire, 1970.
    Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
     
    AUX « VOYAGEURS » DU TRAIN 7909.
    À YVON CHOTARD.
     
    Ni le taureau ni le figuier ne te connaissent,
    Ni les chevaux ni les fourmis de ta maison.
    L’enfant ne te connaît ni la soirée
    Parce que tu es mort pour toujours.
     
    Ne te connaît le dos de la pierre,
    Ni le satin noir où tu te déchires.
    Plus ne te connaît ton souvenir muet
    Parce que tu es mort pour toujours.
     
    Viendra l’automne avec les coques-fleurs,
    Raisins de brume et montagnes en groupe,
    Mais ne voudra personne regarder tes yeux
    Parce que tu es mort pour toujours.
     
    Parce que tu es mort pour toujours.
    Comme tous les morts de la terre,
    Comme tous les morts qu’on oublie
    Dans un amoncellement de chiens éteints.
     
    Federico Garcia Lorca.
     
    Une carapace de sang séché enveloppe son visage. Il est obligé de frotter avec force l’œil droit pour décoller les paupières. Les doigts, lentement, reconnaissent la profonde blessure de la tempe. Pendant quelques secondes, il se demande ce qui a bien pu provoquer une telle déchirure… puis les images, les sous envahissent sa tête. Il veut dire :
    — C’est une bouteille… une bouteille que j’ai reçue à la volée…
    Et aucun mot ne se forme, ne jaillit.
    Il va crier. La gorge enfle. Un raclement. Un souffle d’air. Rien. Le silence. La main hésite sur les lèvres, s’étonne, interroge la chair gonflée, craquelée, éclatée. Lèvres démesurées, lèvres gigantesques. Peu à peu, la sueur retrouvée – la dernière sueur – dissout le sang séché sur les joues.
    Il est couché sur le flanc gauche.
    Diffus, lointains des cris lui parviennent. Le train est immobile ; son wagon silencieux. La main glisse sur la poitrine nue, se pose sur le sol, trouve un genou, une autre main, une… comme brûlée, elle se rétracte et cherche refuge sur la poitrine qu’elle vient de quitter. Il tremble de peur. La peau, inondée de sueur, se glace brusquement. En moins d’une seconde, il a fait le tour de la soif et de la faim, des crispations, des démangeaisons et surtout de ce bourdonnement au fond de son crâne, ce véritable tonnerre qui enfle, ronge, déchire et n’explose que chez les faibles, les fous qui ne veulent pas mourir. La volonté barre les réflexes. Le corps entier, muscles et nerfs, s’efface devant les yeux. L’homme n’est plus qu’un œil. Un million de facettes sur chaque globe. Pupille éblouie. Œil éraillé et aiguisé. Pour la première fois depuis le départ, l’œil se joue de la pénombre, de ce brouillard épais qui a remplacé le pauvre air du wagon à bestiaux, et découvre le sol. Le sol de cadavres mêlés. Plancher de cadavres. Lit de cadavres sur lequel il s’éveille.
    André Gonzalès s’est redressé. Dans sa demi-inconscience il arrive à imaginer ce matelas de corps entassés. Il est horrifié d’avoir à poser les pieds sur ces… Les doigts saisissent un anneau scellé à la paroi métallique. Le bras se crispe, arrache le buste, les hanches. Les pieds cherchent une prise contre le mur de fer, dérapent, trouvent leur place entre deux jambes nues. André Gonzalès pleure en se bloquant dans l’angle du wagon. Il étouffe. Les tôles brûlantes le repoussent. Soudain, il court en levant haut les genoux et s’effondre contre la
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