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Le train de la mort

Le train de la mort

Titel: Le train de la mort
Autoren: Christian Bernadac
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dans la Résistance, et notamment dans l’A.S. Après la suppression de la ligne de démarcation et la dissolution de l’armée, il cherche à gagner les Forces Françaises Libres. Arrêté en Espagne en 1943, il est remis aux Allemands par la milice espagnole, et transféré au Fort du Hâ à Bordeaux. Libéré en juin 43 à la suite d’interventions et de démarches de sa famille, il regagne Paris où il conserve des activités dans son réseau de Résistance. C’est le 26 avril 1944 qu’il est livré à la Gestapo pour la deuxième fois.
    — Fiancés depuis le 19 juin 1940, la date de notre mariage était fixée au 6 mai 1944. Marc fut d’abord incarcéré à Fresnes.
    — Le 17 mai, il est transféré à Compiègne. Nous l’apprenons par une voix anonyme au téléphone ; deux jours plus tard cette information est confirmée par un petit mot écrit par Marc et daté du 17 mai : « Nous quittons Fresnes aujourd’hui – Destination inconnue, Compiègne vraisemblablement. » Aussitôt Philippe Gervais, frère aîné de Marc et moi nous partions pour Compiègne. Nous savions que régulièrement des convois quittaient Royallieu, Plusieurs de nos amis, déportés, avaient déjà parcouru les trois ou quatre kilomètres qui séparent le camp de la gare de Compiègne. Au petit matin du samedi 20 mai, nous étions postés, mon beau-frère et moi, avant la traversée du pont sur l’Oise. Des familles, comme nous, attendaient le passage du convoi. Il ne tarda pas à apparaître. À pas lents, la file de déportés passa, encadrée et insultée par des soldats armés de mitraillettes. Parmi tous ces visages douloureux, nous cherchions celui de Marc. Nous ne le vîmes pas. Aussi, nous décidâmes de monter vers le camp.
    — Quand nous arrivâmes, il y avait déjà une longue file de gens, les familles des détenus qui attendaient sur la route, pour déposer des colis. L’attente fut longue. Elle était troublée par le vol des bombardiers qui traversaient le ciel. Des soldats allemands molestaient la file silencieuse des visiteurs. Lorsque notre tour arriva, j’eus la surprise de rencontrer, tenant le rôle d’interprète, un Français, le commandant Avisse, que j’avais connu un an plus tôt à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, où j’étais bibliothécaire. Que faisait-il au camp de Compiègne ? Je l’ignore. Il me reconnut, entra dans un bureau, ferma la porte, puis revint un peu plus tard dire que le colis était accepté. Que faisait-il à Compiègne ? A-t-il joué un rôle dans les événements qui suivirent ? Nous ne le saurons jamais.
    — Ayant l’assurance que Marc était bien au camp, nous décidions avec mon beau-frère que je resterais quelques jours à Compiègne afin de solliciter un droit de visite. Je retournai donc au camp le lendemain matin et demandai au commandant Avisse quelques conseils. Après des heures d’attente, il me présenta à un sous-officier allemand dont j’ai oublié le nom. Je ne tirai rien de cet entretien vague et fort bref. Plusieurs fois par jour, je montais au camp en demandant à voir mon fiancé. Les réponses étaient toujours des refus. Je correspondais cependant avec Marc, quelques gardiens cupides acceptaient de tenir des rôles de facteurs clandestins. J’eus ainsi une lettre le 23 mai, une autre le 24. Un jour, c’était le 25 mai, je venais d’essuyer un nouveau refus, et repartais vers Compiègne envisageant, devant l’échec de mes démarches, de regagner Paris, lorsque je fus arrêtée par un soldat allemand qui me suivait à bicyclette. Il me demanda une carte d’identité, la prit, me déclara qu’il m’était interdit de quitter Compiègne et que je devais me présenter au camp ce même jour à 15 heures. Je m’y présentai. Deux soldats allemands armés de mitraillettes me conduisirent dans une petite salle.
    — Je reconnus assis, derrière une table recouverte d’une couverture militaire, le sous-officier que le commandant Avisse m’avait présenté trois jours plus tôt. Il manipulait une paire de menottes. Étalée devant lui, ma carte d’identité, et un petit dossier gris. L’interrogatoire me sembla fort long. Nos silences n’étaient troublés que par le remue-ménage que faisaient les chiens-loups, enfermés non loin de là. Le sous-officier sortit de la pièce. Il fit entrer les deux gardiens, leur donna des explications en allemand en me montrant du doigt. Puis il revint et me dit : « Vous deviez vous
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