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Le tombeau d'Alexandre

Le tombeau d'Alexandre

Titel: Le tombeau d'Alexandre
Autoren: Will Adams
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aux Perses l’Empire. Ne m’envie donc pas le peu de terre qui cache mon corps. Cette épitaphe avait si fortement impressionné Alexandre qu’il l’avait fait traduire en grec. Mais en voyant que même le grand Cyrus pouvait être traité avec tant de mépris par de simples mortels avides de s’enrichir, peut-être s’était-il douté du sort qu’il connaîtrait un jour.
    On raconte que, lorsqu’il gisait sur son lit de mort, à Babylone, Alexandre avait senti sa fin approcher. Au lieu de l’attendre passivement, il aurait essayé de traîner son corps meurtri jusqu’à la rivière qui coulait près du palais, afin d’être emporté par les eaux. Ainsi, le monde l’aurait cru immortel et l’aurait imaginé à sa juste place parmi les dieux. En outre, ses contemporains et leurs descendants n’auraient pas pu lui manquer de respect en traitant sa dépouille comme celle de Cyrus. Après tout, peut-être était-ce là sa dernière volonté, non d’être enterré à Siwa, à Alexandrie ou en Macédoine, mais de sombrer dans l’oubli de l’eau.
    L’oubli de l’eau. Oui. Knox eut soudain une idée.
    Le camion roula pendant une éternité avant de s’arrêter à nouveau. Les portes grincèrent et s’ouvrirent. Knox avait la tête renversée contre la paroi en acier. La peur lui chatouillait la poitrine comme les grains d’un chapelet. Les étoiles touchaient la ligne d’horizon. Le jour était fini. Pour Knox, c’était peut-être le dernier. Nicolas grimpa dans le camion avec un de ses hommes. Il avait les cheveux hérissés d’un côté du crâne, comme s’il s’était assoupi contre la vitre. Il pointa le Walther en direction de Knox.
    — Nous sommes à Suez, annonça-t-il pendant que ses hommes défaisaient les liens du prisonnier et lui retiraient son bâillon. Knox serra et desserra les poings pour faire circuler son sang. Puis il se leva lentement en se frottant les cuisses.
    Il vit Nicolas lui faire signe de descendre, mais il l’ignora. Il prit la bouteille d’Eneas. Il restait encore quelques gorgées d’eau.
    Il s’approcha de Gaëlle, lui retira son bâillon et lui tint la bouteille contre les lèvres jusqu’à ce qu’elle la vide. Puis il l’embrassa dans les cheveux.
    — Je vais faire de mon mieux, lui promit-il.
    — J’en suis sûre.
    — Magnez-vous ! s’écria Nicolas en braquant le Walther sur lui.
    Knox se fraya un chemin parmi les artefacts du butin et sauta du camion. Il gémit en atterrissant sur sa jambe blessée. Ils se trouvaient à l’angle d’un parking vide, où planait une odeur fétide de caoutchouc brûlé. Au loin, on entendait une musique arabe provenant d’une station-service. Le ciel, au dessus d’une rangée d’arbres, était baigné d’une lumière orangée.
    — Voilà ce que nous allons faire, dit Nicolas en se tournant vers Knox. Leonidas et vous, vous allez demander à voir al-Assyuti. Vous allez négocier notre retour en Grèce. Et quand Leonidas estimera le marché satisfaisant, il m’appellera et...
    — Vous fatiguez pas, je ne ferai rien tant que Gaëlle ne sera pas en sécurité.
    Nicolas lui adressa un sourire pincé.
    — Quand Leonidas estimera le marché satisfaisant, il m’appellera et la fille et vous, vous serez libres.
    — Hors de question. Laissez partir Gaëlle et je ferai de mon mieux pour vous aider. Vous avez ma parole.
    Nicolas soupira.
    — La fille est notre atout. On ne va pas la lâcher maintenant.
    — Hassan est mon atout. Je ne lui parlerai de votre affaire que lorsque Gaëlle ne risquera plus rien.
    Une sirène hurla sur la route principale, dans un tournoiement de lumière rouge et bleue. Ils se retournèrent tous aussi sereinement que possible, rivalisant de désinvolture feinte. Ce n’était qu’une ambulance. Ils attendirent qu’elle soit hors de vue pour reprendre leur discussion.
    — On garde la fille, insista Nicolas. Ce n’est pas négociable.
    Knox haussa les épaules.
    — Alors voilà ce que je vous propose, dit-il. Je vais voir Hassan. J’emmène votre homme. Mais Gaëlle vient aussi.
    — Vous me prenez pour un idiot ou quoi ?
    — Vous voulez sortir d’Égypte ou pas ? Tout ce que je veux, c’est en finir avec tout ça. Si vous ne me faites pas confiance, on peut y aller tous ensemble.
    — C’est ça ! Pour qu’on tombe tous dans votre piège !
    — Quel piège ? Quand aurais-je eu le loisir d’élaborer un piège ? De toute façon, vous serez bien obligé de
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