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Le tombeau d'Alexandre

Le tombeau d'Alexandre

Titel: Le tombeau d'Alexandre
Autoren: Will Adams
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pilée.
    Le cercueil et son couvercle étaient si lourds que les freins du camion crissèrent bruyamment lorsque le chauffeur ralentit pour se ravitailler en carburant. Eneas se leva et menaça Knox avec la crosse de son fusil d’assaut jusqu’à ce qu’ils repartent. Il se balança légèrement sur les talons et se rassit. Les vitesses se succédèrent lentement et le moteur gémit tandis que le chauffeur essayait de prendre de l’élan. Heureusement que ce pays était plat.
    Gaëlle se remit à sangloter nerveusement derrière son bâillon. Elle avait déjà eu deux ou trois crises, espacées par de longues périodes de calme. Elle était trop terrifiée pour garder son sang-froid. Par moments, sa chemise mouillée de sueur, Knox était parcouru de frissons glacés. Mais le reste du temps, il gardait les idées claires et nettes.
    Eneas alluma une autre cigarette. La flamme de son briquet projeta une lumière rouge et or sur le cercueil d’Alexandre. Quelle fin, pour un homme d’une telle envergure, que de devenir un pion sur l’éternel échiquier de la politique et des ambitions personnelles ! Toutefois, cette destinée avait quelque chose de lugubrement juste. Alexandre avait terminé sa vie de façon sinistre, sans doute à cause des horreurs qu’il avait vécues dans le désert de Gédrosie, où il était entré avec quarante mille soldats et civils sympathisants pour ne repartir qu’avec quinze mille hommes en tout et pour tout. Même ses fervents admirateurs, dont Knox faisait partie, étaient obligés de reconnaître qu’il était devenu, vers la fin de sa vie, plus cruel, moins tolérant et, d’une manière générale, moins charismatique. Plusieurs raisons expliquaient le déclin de sa superbe : la corruption du pouvoir absolu ; la frustration de voir ses rêves de conquête contrariés par des troupes qui avaient le mal du pays et des adversaires indignes de lui ; la perte de ses amis les plus proches, morts ou désenchantés ; et puis l’alcool, la fièvre, la fatigue et les blessures de guerre, qui avaient fini par entraîner une déchéance physique. Même ses contemporains avaient pressenti que, malgré sa relative jeunesse, il jouait déjà son dernier acte.
    Lors de ses voyages, Alexandre était accompagné d’un sage et philosophe hindou, Calanus, qu’il estimait beaucoup. Lorsqu’il était tombé malade, Calanus avait décidé, malgré les protestations d’Alexandre, de se brûler vif plutôt que de dépérir dans la douleur. Il était monté en toute sérénité sur un bûcher dressé par Ptolémée, où il s’était immolé sans un cri. D’après la légende, il aurait dit aux personnes présentes qu’il voyait leur roi à Babylone, où celui-ci mourrait peu de temps après. Un concours de boisson avait ensuite été organisé en son honneur. Alexandre avait promis une énorme récompense à celui qui boirait le plus. Quarante et un Macédoniens avaient succombé à l’empoisonnement par l’alcool, dont le gagnant, qui avait survécu quatre jours après avoir avalé près de quinze litres de vin pur. Puis Héphaïstion, le meilleur ami d’Alexandre, était mort à son tour après un autre concours de boisson. Cela avait été un coup terrible pour le roi de Macédoine, qui en avait incontestablement perdu le goût de vivre et s’était livré à des orgies et à des dépenses ostentatoires. Pour couronner le tout, à son arrivée à Babylone, il avait été reçu par une délégation de prêtres venus le prévenir qu’il ne devait pas entrer dans la cité. Mais il avait ignoré cette mise en garde. Et trois mois plus tard, il était mort.
    Bien avant tout cela, avant Calanus, Héphaïstion et Babylone, Alexandre avait déjà eu un aperçu de ce qui l’attendait lorsqu’il s’était rendu sur la tombe de Cyrus le Grand, à Pasargades. Cyrus avait été le plus grand conquérant et le plus grand empereur de tous les temps avant lui, un homme divinisé et vénéré dans toute la Perse. Alexandre, qui avait beaucoup d’admiration pour lui, se considérait comme son héritier. Il avait déjà effectué un pèlerinage sur sa tombe et, lorsqu’il y était retourné, il avait découvert ses ossements éparpillés sur le sol. Des pilleurs avaient essayé de s’emparer du sarcophage doré de l’ancien empereur.
    Sur cette tombe, était gravée une inscription : Homme, qui que tu sois et d’où que tu viennes, car je sais que tu viendras, je suis Cyrus, qui a conquis
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