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Le tombeau d'Alexandre

Le tombeau d'Alexandre

Titel: Le tombeau d'Alexandre
Autoren: Will Adams
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eut la brève consolation de ne plus savoir où il était ni comment il était arrivé là. Puis, les souvenirs ressurgissant, il fut si désespéré qu’il envisagea un instant de rebrousser chemin. Mais il ne se sentait pas capable de refaire un tel parcours sous l’eau. Non, il devait persévérer. Il tenta à nouveau d’escalader la paroi rocheuse. Encore et encore. A la quatrième tentative, il atteignit une saillie étroite, loin au-dessus du plancher de la grotte, juste assez large pour qu’il puisse s’agenouiller. Il décida de ramper devant lui, puis vers le haut, sans jamais oublier que le moindre faux mouvement pouvait le précipiter vers une mort certaine. La conscience du danger ne le paralysait pas ; au contraire, elle renforçait sa concentration.
    Au bout d’un moment, il constata que la saillie s’était refermée autour de lui et qu’il rampait dans les entrailles d’un serpent de pierre. L’obscurité n’était plus d’un noir aussi pur qu’auparavant. Il faisait presque jour dans le tunnel lorsqu’il arriva à la sortie et émergea en état de choc dans le soleil couchant. Après cette longue période de cécité, la lumière lui parut si éblouissante qu’il se cacha les yeux derrière son avant-bras pour s’en protéger. Le soleil couchant ! Cela signifiait que plus d’une journée avait passé depuis l’embuscade de Ptolémée. Lorsqu’il recouvra la vue, il regarda vers le bas. Il ne vit rien sous ses pieds, excepté des éclats de roche et la mort qui le guettait. Il recula en frissonnant et préféra regarder vers le haut. La pente était raide, mais il y arriverait.
    Le soleil ne tarderait pas à disparaître. Kalonymos n’hésita pas une seconde. Il tourna face à la falaise et commença à l’escalader. Sans regarder en haut ni en bas, il déplaçait chacune de ses mains et chacun de ses pieds tour à tour en privilégiant la progression à la rapidité. Sa patience le récompensa. La falaise était en grès et, plus d’une fois, lorsqu’il avait fait porter son faible poids sur une prise apparemment sûre, celle-ci s’était effritée dans sa main ou sous son pied. Le soleil se coucha et la nuit tomba tandis qu’il arrivait enfin au sommet en surplomb de la colline. Il se hissa sur ses coudes, lança une jambe, puis l’autre et roula sur le dos, les yeux rivés sur le ciel nocturne.
    Kalonymos n’avait jamais prétendu être courageux. Il était architecte, artiste, homme de médecine et de savoir. Et c’était précisément pour cette raison que son frère l’avait recruté pour cette mission. Pourtant, autour de lui, il sentait les ombres lui reprocher de ne pas avoir rejoint ses compagnons, comme il en avait fait le serment. Unis dans la vie ; unis dans la mort. Quand ils avaient compris qu’ils ne pourraient pas échapper à Ptolémée et à son armée, les autres avaient tous pris sans réticence la décoction de feuilles de laurier-cerise qu’il avait préparée pour eux de peur que la torture ne leur délie la langue. Mais Kalonymos, lui, s’était dérobé lorsqu’il avait débouché sa fiole. Il avait soudain éprouvé une angoisse terrible à l’idée de perdre tout cela avant le moment venu, ce merveilleux don de la vie, la vue, l’odorat, le toucher, le goût, cette merveilleuse aptitude à penser. Ne plus jamais revoir les grandes collines de son pays natal, le bord luxuriant des rivières, les forêts de pins et de sapins argentés ! Ne plus jamais écouter les sages au marché. Ne plus jamais tenir sa mère dans ses bras, taquiner sa sœur ni jouer avec ses deux neveux ! Alors il avait fait semblant de boire son poison. Et puis, après que les autres avaient expiré, il s’était enfui en s’enfonçant dans les grottes.
    La lune vint éclairer sa descente. Il ne vit que du sable et prit conscience de son extrême solitude. Il avait toujours pu compter sur son frère et ses camarades, les meilleurs soldats d’Alexandre, les seigneurs les plus intrépides du monde. Nulle part il n’avait été davantage en sécurité qu’en leur compagnie. Sans eux, c’était un homme faible et fragile, perdu dans un territoire inconnu où l’on parlait des langues incompréhensibles. Il descendit la colline, de plus en plus vite. La crainte de Pan grandissait en lui et il se mit à courir comme si tous les démons de la terre le poursuivaient. Fuyant tête baissée, il finit par trébucher dans une ornière. Il se tordit la cheville,
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