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Le Signe rouge des braves (Un épisode durant la guerre de Sécession)

Le Signe rouge des braves (Un épisode durant la guerre de Sécession)

Titel: Le Signe rouge des braves (Un épisode durant la guerre de Sécession)
Autoren: Stephen Crane
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qui décroissaient, et qui étaient devenus une part de leur existence. Ils pouvaient voir des changements se faire parmi les troupes. Il y avait des marches d’un côté et de l’autre. Une batterie se mit lentement en branle. Sur la crête d’une colline, il y avait les reflets mats des fusils de l’infanterie qui partait.
    L’adolescent se leva : « Hé bien, qu’est-ce qu’on fait maintenant, je me le demande ? » dit-il. Son ton semblait indiquer qu’il se préparait à affronter quelque nouvelle monstruosité, dans un parcours semé de fracas et de ruines. Il mit sa main sale en écran sur ses yeux et regarda longuement à travers champs.
    Son ami aussi s’était levé et regardait : « Je parie que nous allons sortir de là et revenir pour repasser la rivière » dit-il.
    – « Ça me plairait bien » dit l’adolescent.
    Ils attendirent en observateurs. Après un court délai, le régiment reçut l’ordre de rebrousser chemin. Les hommes se levèrent en grognant de l’herbe, regrettant la douceur du repos. Ils secouèrent leurs jambes engourdies, et allongèrent les bras au dessus de leur tête. Un homme jura en se frottant les yeux. Ils gémissaient tous : « Oh Seigneur ! » Ils eurent autant d’objection à ce changement de lieu qu’ils en auraient eu à une nouvelle bataille qu’on leur aurait proposée.
    Ils rebroussèrent chemin d’un pas lourd et lent, à travers ce champ qu’ils venaient de traverser dans une course folle. La clôture désertée, reprise, avec ses poteaux penchés et ses planches disjointes, son air de tranquille et rural abandon. Plus loin derrière elle, quelques cadavres étaient étendus. Le plus visible étant le corps contorsionné du porte-drapeau en gris, dont l’étendard était emporté par l’ami de l’adolescent.
    Le régiment avança jusqu’à rejoindre ses compagnons. La brigade, reformée en colonne, prit la direction de la route en traversant le bois. Aussitôt ils devinrent une masse de troupes poussiéreuses, se traînant le long d’un chemin parallèle à la ligne ennemie, telle qu’elle se trouvait lors de la précédente mêlée.
    Ils passèrent en vue d’une impassible maison blanche, et virent devant sa façade des groupes de camarades qui attendaient couchés derrière une tranchée bien faite. Une rangée de canons tirait sur un lointain ennemi. Les obus qui arrivaient en réponse, soulevaient des nuages de poussière et d’éclats. Des cavaliers fonçaient le long de la ligne des tranchées.
    Comme ils passèrent près d’autres troupes, les hommes du régiment décimé obtinrent de Wilson le drapeau captif, et le lançant très haut dans l’air, criaient tumultueusement leurs hourras, pendant qu’il tournoyait lentement plusieurs fois, comme malgré lui.
    En ce point de parcours, la division contourna les champs, et alla serpentant en direction de la rivière. Quand la signification du mouvement s’imprima en lui l’adolescent tourna la tête et regarda par-dessus l’épaule, vers le terrain défoncé et jonché de débris. Il respira, à nouveau satisfait. Finalement, il donna un léger coup de coude à son ami : « Hé bien, je crois que c’est fini » lui dit-il.
    Son ami regarda en arrière : « Par Dieu, c’est vrai ! » approuva-t-il, et ils devinrent silencieux et pensifs.
    Pendant un moment l’adolescent fût amené à réfléchir de manière confuse et hésitante. Il y avait un changement subtil en lui. Il lui fallut un bon moment pour rejeter ses manières batailleuses et reprendre ses pensées habituelles. Graduellement son cerveau émergeait de brumes épaisses, et pouvait finalement saisir au plus près ses actes et les circonstances qui les entouraient.
    Il comprit alors que cette vie d’incessants combats était passée. Il avait été dans une étrange contrée de troubles et de violents bouleversement et s’en est sorti. Il avait été là où le sang coulait à flots, où les passions étaient frénétiques, et il s’en était échappé. À ces considérations, il ne pensa d’abord qu’à s’en réjouir.
    Plus tard il commença à réfléchir sur ses exploits, ses échecs et ce qu’il avait accompli. Ainsi, à peine sorti de ces scènes, où ses habituels schémas de réflexions furent inutiles, et où il s’était comporté comme un mouton, il s’efforça de rassembler tous ses actes.
    Finalement, ils défilèrent nettement devant lui. De son point de vue actuel, il fût
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