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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple
Autoren: Jean (d) Aillon
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bonne santé par son refus de consulter les diafoirus 6 . Vidés de leur sang, les malheureux tombent en léthargie et ceux qui les soignent prennent ce faux repos pour une véritable santé, alors que le mal est toujours là !
    « Paris et les provinces, saignés par les impôts, sont longtemps demeurés indolentes, poursuivit-il. Les Parlements, insensibles aux misères du peuple, ont accepté quantité d'édits ruineux. Mais ils sont en train de s'éveiller, et je vous le prédis : le malade va tomber en frénésie !
    À ces mots, il tendit un index vengeur qui fit rire tout le monde.
    — Si tous ceux dont le ciment est la haine de Mazarin parvenaient à s'entendre autour du Parlement, le Sicilien finirait comme le Concini, assura le grand prieur.
    — Malheureusement, le gredin a séduit notre reine, et il la tient ! répliqua amèrement M. de Jars. Savez-vous ce que l'on chante dans Paris ?
    Devant les réponses négatives de ses amis, et déjà l'esprit embué par l'alcool, il se leva et, tenant à la main un verre de vin de Beaune aussi rouge que son visage couperosé, entonna :
    — Ce foutu Sicilien
    Ne vaut rien !
    Il est bougre comme un chien !
    Elle en a, sur ma parole,
    Dans le con, notre Espagnole 7  !
    Cela au moins fit rire le soldat qu'était Roger de Rabutin. Quant au reste, ces intrigues étaient trop compliquées pour lui. Il se dit qu'il préférait mille fois les batailles où on se battait face à face à cette guerre sournoise de rumeurs et de libelles.
    2 Concino Concini, aventurier italien favori de Marie de Médicis devenu maréchal d'Ancre et l'une des premières fortunes de France. Il sera assassiné sur ordre du jeune Louis XIII.
    3 Cette taxe était un impôt exceptionnel pour les plus riches bourgeois.
    4 La censive était une terre, en général un fief, appartenant à un seigneur. Il la concédait à un particulier en échange d'un cens annuel. La plupart des censives de Paris appartenaient au roi.
    5 L'affermage était la concession d'un impôt. L'affermeur, ou traitant, versait l'impôt en avance au Trésor, moyennant une remise, et se chargeait ensuite de le collecter. Si la remise était forte, l'enrichissement était rapide.
    6 Médecins stupides.
    7 Ce texte est une des nombreuses mazarinades distribuées sur le Pont-Neuf.

3
    L e lendemain, aux premières lueurs de l'aube, le comte de Bussy se rendit seul à la maison de Jacques de Molay tant il était impatient. Une vingtaine d'ouvriers et compagnons y travaillaient déjà. La porte étant ouverte, il pénétra dans une salle basse voûtée en croisée d'ogives. Un escalier de pierre descendait vers une cave et un autre grimpait à l'étage. Au fond de la salle, on réparait une immense cheminée sous la surveillance du maître maçon qui, dès qu'il aperçut Roger de Rabutin, se dirigea vers lui.
    Bussy s'étant présenté, le maître lui fit visiter les lieux. Ce fut vite fait. La cuisine se trouvait dans la cave, et l'étage possédait deux chambres en enfilade, ainsi que deux cabinets pouvant être utilisés en garde-robes. Une échelle accédait à un solier sans fenêtre sous la haute toiture.
    Les travaux seraient terminés avant la fin de l'année, assura le maître maçon. Il restait encore à poser des carreaux de terre cuite à l'étage, et, en bas, à terminer des réparations dans la cheminée et à refaire le cintre d'une fenêtre.
    La visite achevée, le maître revint auprès de ses ouvriers et Roger de Rabutin resta à baguenauder. La plupart des poutres avaient été changées, mais les murs étaient d'origine, souvent tordus et quelquefois affaissés. Il achèterait des tapisseries pour masquer ces défauts, décida-t-il. Ou alors il ferait poser des boiseries, d'autant que la salle serait certainement glaciale, malgré l'âtre.
    Le soleil passa le grand donjon et la lumière pénétra brusquement par la fenêtre où deux ouvriers préparaient la pose d'une voussure de pierre. Le rayon lumineux atteignit l'escalier et éclaira un instant une belle croix templière gravée en haut du mur.
    Roger de Rabutin s'approcha, intrigué. L'éclairage rasant laissait apparaître une ombre, une sorte de trait autour de la pierre sur laquelle était sculptée la croix. La roche, légèrement bombée, faisait penser au couvercle d'un coffre.
    Puis la lumière glissa sur une autre partie du mur et l'illusion disparut. Trouvant cet effet insolite, Bussy tenta d'examiner la croix de plus près, mais elle se
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