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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple
Autoren: Jean (d) Aillon
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le premier président, et M. de Mesmes, qui est président à mortier et comme vous le savez le frère de M. d'Avaux, ne voulaient pas d'une épreuve de force avec la Cour, poursuivit le grand prieur, toujours à l'attention de son neveu. L'affaire a donc traîné quelques mois. La Cour des aides a finalement obtenu que les bourgeois de Paris soient exemptés de la taxe pour leurs fruits et leur vin. Mais, en réalité, pendant que Mazarin endormait les parlementaires avec de belles paroles, l'impôt était toujours perçu dans les mêmes conditions. Exaspérés, les parlementaires ont finalement accepté de ne pas rejeter l'édit, mais décidé qu'il ne serait pas appliqué. La reine les a donc convoqués au Palais-Royal, mais ayant découvert la force de leurs réticences, elle a accepté de retirer l'édit pour sauver les apparences, c'est-à-dire l'autorité de son fils. C'était sans compter l'avidité de ces coquins d'Italiens que sont Particelli et Mazarini. À la place de l'édit du Tarif, ils ont proposé une nouvelle imposition des Aisés et la création d'un nombre incroyable de ces petits offices de police qui exaspèrent le peuple par la multiplication des taxes qu'ils entraînent : des contrôleurs de poids, des mesureurs de charbon, des jaugeurs de bois, et tant d'autres. Il y a même un impôt sur les messes qui se célèbrent à Paris !
    « Craignant une jacquerie, le Parlement a tout rejeté, aussi en septembre le Conseil royal a-t-il pris un arrêt imposant l'édit du Tarif contre son avis. Depuis, le roi est tombé malade et l'agitation s'est provisoirement calmée. Avec les fêtes de Noël, Paris est calme, mais qui peut prévoir ce qui va se passer en janvier ?
    — D'autant, intervint un convive, que M. d'Émery, jamais à court d'idées pouvant mettre le feu aux poudres, vient d'obliger les propriétaires des maisons se trouvant dans la censive du roi à racheter leur cens annuel au prix d'une année de leur revenu 4  ! Plusieurs marchands ayant refusé, on a commencé à saisir leurs biens !
    Roger de Rabutin retenait de tout ça que Mazarin serait occupé tout l'hiver par le congrès de Munster, par la grogne du Parlement et par la colère des Parisiens. Aurait-il envie de donner au prince de Condé les moyens d'une nouvelle campagne ? Et serait-il, lui, nommé maître de camp général ? Il en doutait de plus en plus.
    Le repas se poursuivit sur le même sujet, c'est-à-dire la grogne contre Mazarin, Émery, et plus généralement la Cour, comme on nommait alors le centre du pouvoir. Chacun a un motif de se plaindre, expliqua le grand prieur : le peuple proteste contre les impôts et la cherté de la vie, les marchands, les bourgeois et les rentiers ragent contre les offices inutiles et la taxe des Aisés, les parlementaires et les officiers s'insurgent contre la réduction d'un quartier de leurs gages, et les grands crient parce qu'ils n'obtiennent pas les honneurs et les places que le cardinal donne à ses amis ! Seuls les traitants et les financiers, tous des proches de Particelli d'Émery, s'enrichissent chaque jour davantage en prêtant à quinze pour cent et en affermant les impôts à venir avec des remises vertigineuses 5 .
    Autour de la table, M. de Souvré était un des plus virulents contre Mazarini . Il poussait le duc d'Orléans – l'oncle du roi – à dessiller les yeux de la reine afin qu'elle chasse le gredin de Sicile . Il expliqua que les opposants les plus nombreux à la Cour se retrouvaient désormais au petit archevêché, autour de M. de Gondi – le coadjuteur de Paris – qui souhaitait ouvertement la place du cardinal. Ses proches voulaient que le coadjuteur devienne au moins gouverneur de Paris en remplacement du vieux M. de Montbazon. Cette cabale pouvait devenir redoutable pour Mazarin, précisa Souvré, car M. de Gondi avait un vrai talent dans l'intrigue, contrairement à Monsieur, et surtout était conseillé par M. de Fontrailles, qui avait conduit les complots de M. de Soissons et de M. de Cinq-Mars. On disait aussi que le coadjuteur se trouvait en étroite relation avec son amie, Marie de Chevreuse, exilée à Bruxelles.
    — Pour l'instant, ceux-là sont cependant réduits à l'impuissance puisque le marquis de Fontrailles a été embastillé, intervint le grand prieur.
    — Mazarin est comme ces médecins qui affaiblissent leur malade par des saignées continuelles, ironisa alors le commandeur de Jars, qui justifiait souvent sa
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