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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple
Autoren: Jean (d) Aillon
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que la puissance des templiers les rendait intouchables. Or c'était justement cette puissance que les deux forces dominant la chrétienté voulaient mettre à bas. Le pape souhaitait réunir les ordres monastiques de chevalerie pour mieux les diriger ; Philippe le Bel redoutait une unification qui l'aurait laissé en face d'un pouvoir plus puissant que le sien.
    En France, Jacques de Molay avait découvert que des rumeurs inquiétantes circulaient sur ses chevaliers. On rapportait qu'ils reniaient le Christ et la croix, et qu'ils étaient sodomites. Tout en refusant de céder le commandement du Temple au fils de Philippe le Bel, il s'en était expliqué avec le roi. Il croyait même l'avoir convaincu que ces rumeurs s'avéraient de pures calomnies.
    Mais le Bel avait déjà transmis secrètement à ses baillis un ordre d'arrestation de tous les templiers du royaume. L'opération eut lieu le 13 octobre 1307. Jacques de Molay fut saisi dans l'enclos de Paris. Curieusement, il reconnut plusieurs des accusations portées contre les templiers, ce qui permit au roi de justifier son entreprise. Clément V avait tenté de le sauver, ou plutôt de sauver les richesses du Temple, mais l'accord entre le Bel et le pape s'était fait sur le dos des Pauvres Chevaliers du Christ. Quant aux templiers ayant tenté de défendre l'Ordre, ils avaient tous disparu ou été exécutés.
    Les chevaliers du Temple avaient été interrogés sous la torture par des commissaires royaux avant d'être remis aux inquisiteurs dominicains qui les avaient condamnés au bûcher.
    L'Ordre avait finalement été aboli par l'Église en 1312, les biens du Temple transmis aux hospitaliers et Jacques de Molay, après avoir croupi des années en prison, s'était vu condamné comme relaps et livré aux flammes.
    Seulement, le Bel n'avait jamais mis la main sur le trésor du Temple qu'il convoitait.
    *
    Après être restés un moment devant la vieille maison, les deux hommes rentrèrent en observant un silence de connivence. Roger de Bussy songeait combien pouvaient être étranges les relations affectives au sein d'une famille. Il avait toujours respecté et admiré son père, mais sans jamais nouer avec lui les liens d'affection qu'il éprouvait envers son oncle, lequel le considérait comme le fils qu'il n'avait pu avoir. Ce cadeau en était une nouvelle preuve et Roger de Bussy se demandait comment il pourrait le remercier.
    Car son oncle n'avait pas de fortune personnelle, les cent mille livres de rente réservée au grand prieur se voyant surtout utilisées pour l'entretien de l'hôtel et des bâtiments conventuels. En outre, comme son intercession auprès du prince de Condé n'avait guère porté ses fruits, rien ne l'obligeait à lui faire un tel cadeau !
    Arrivés à l'hôtel des prieurs, Roger accola son oncle avec émotion.
    — Merci, Hugues, lui dit-il, en retenant ses larmes. Je me souviendrai toujours de votre bonté !
    — Nous souperons dans une heure, Roger, n'oublie pas ! répliqua le prieur, dont le visage rougi par le froid affichait tout le bonheur du monde.
    Ils entrèrent. Roger monta aussitôt dans la chambre où son valet et son ordonnance l'attendaient. Il demanda à Saint-Félis si ses gens étaient bien installés, c'est-à-dire entassés sur des paillasses dans des combles glacials. Après quoi, il fit préparer ses habits pour le souper auquel son oncle avait invité plusieurs dignitaires de l'Ordre.
    *
    Il y avait en effet une dizaine de commandeurs et de chevaliers hospitaliers autour de la table dressée dans la grande salle du rez-de-chaussée de l'hôtel. Tous ces dignitaires portaient le manteau noir avec la croix de toile blanche à huit pointes représentant les huit béatitudes.
    Roger les connaissait tous, mais il salua plus amicalement Jacques de Souvré et François de Rochechouart, tous deux commandeurs de l'Ordre et proches du prince de Condé. Il embrassa aussi avec effusion son frère Guy, que son oncle avait eu la courtoisie d'inviter, bien qu'il ne soit que simple chevalier.
    Dès le début du souper, chacun l'interrogea sur la campagne de Catalogne dont il fit un récit détaillé teinté d'ironie. Bien que fidèle à la reine et à la Couronne, la plupart des convives n'aimaient guère l'Italien Mazarin – mais c'était la mode en France – aussi Bussy n'eut-il pas de mal à justifier la levée du blocus de Lérida par le prince de Condé.
    — Que pouvait faire Mgr de Condé, leur
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