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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete
Autoren: Jose Frèches
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importance.
    —  Ma mie, il viendra ! Je m’en occupe ! Je vous assure. Je convoque céans ce vieil eunuque…
    —  Toujours Là   ?
    —  Quelle mémoire, ma chère !
    —  Il est des choses, monseigneur, qui ne s’oublient pas !
    C’est ainsi que le tout-puissant empereur de Chine, décontenancé et contrit comme un enfant pris en faute, s’était empressé de convoquer le vieil eunuque qui se dandinait à présent devant lui.
    —  Je vais m’efforcer de vous donner entière satisfaction, ô Très Haut, répondit celui-ci après s’être prosterné à trois reprises.
    La Sibérienne fit quelques pas vers l’eunuque, qui se sentit comme transpercé par ses yeux durs.
    —  Je veux revoir mon fils. Où se trouve-t-il   ? lui demanda-t-elle.
    —  Toujours au même endroit, dans le sud du pays, madame, à Canton.
    —  Combien de temps faut-il pour le prévenir   ?
    —  Quelques semaines. Le temps d’envoyer sur place une estafette et quelques bons chevaux…
    —  Dix jours suffisent amplement pour se rendre de Pékin à Canton par les voies navigables ! lâcha Daoguang d’un ton sec avant de s’emparer d’un cure-oreille d’ivoire et de se l’enfoncer délicatement dans le conduit auditif.
    Il exagérait. Il en fallait au moins vingt, à condition de tomber sur un bon équipage et que ce ne fût pas pendant la période succédant à la récolte de riz, le Grand Canal Impérial étant alors encombré par les péniches qui remontaient vers le nord à la queue leu leu.
    Mais tous les hommes de pouvoir sont ainsi faits : ils exigent pour la minute qui suit mais, lorsqu’ils promettent pour le lendemain, il leur faut au moins l’année pour s’acquitter de leur engagement… si toutefois ils ne décident pas de l’oublier.
    —  Votre Seigneurie, une dizaine d’écluses du Canal Impérial sont actuellement en réparation, ce qui oblige les marins à débarquer les passagers et à les convoyer par le chemin de halage. Donnez-moi de trois à quatre semaines, et je me fais fort de ramener ici le prince La Pierre de Lune, répondit Toujours Là en s’efforçant d’adopter le ton le plus convaincant possible.
    À vrai dire, il était à moitié soulagé de constater que Daoguang n’avait toujours pas cité le nom de Tang, ce qui l’eût obligé à donner au souverain la raison de son absence.
    —  Je ne veux pas que cela traîne ! s’écria, agacé, le Fils du Ciel.
    Comme tous ses prédécesseurs, il détestait qu’on lui rappelât l’état de délabrement avancé dans lequel se trouvaient, faute d’entretien, les routes et les voies navigables du pays.
    —  J’ai tellement hâte de serrer mon enfant dans mes bras… Ce doit être à présent un jeune homme, soupira Irina, la larme à l’œil.
    L’empereur, subjugué, regardait son amante. Mouillés, ses yeux immenses étaient encore plus beaux.
    —  Tout sera fait pour que le dénommé La Pierre de Lune soit rendu à ses parents. Je compte bien m’y employer personnellement, fit Toujours Là d’une voix étranglée par l’angoisse.
    —  Quand pars-tu le chercher   ? tonna Daoguang à l’adresse du vieux castrat, non sans lancer à la Sibérienne un regard entendu.
    L’eunuque, qui n’avait jamais songé y aller lui-même, vacilla. Le Fils du Ciel lui mettait Fépée dans les reins. À son âge, un si long voyage n’était pas évident à accomplir. Et puis, les chances paraissaient minces de mettre la main sur cet enfant qui, après l’assassinat de son tuteur, avait déserté, aux dires de la police locale, la maison familiale pour disparaître dans la nature.
    Soucieux toutefois de ne pas laisser paraître la moindre panique – devant l’empereur, il valait mieux ne pas montrer ses failles  –, il se raidit légèrement et bomba le torse en masquant de la main une grimace de douleur puis s’inclina avec respect devant le Fils du Ciel.
    —  Dès demain, Votre Seigneurie, souffla-t-il en essayant de maîtriser l’angoisse qui lui étreignait la gorge.
    Il était au bord de la syncope et avait hâte de quitter les lieux avant que son trouble ne fût trop visible.
    —  Tiens-moi au courant de tes faits et gestes… Je n’en attends pas moins de la part d’un Second Secrétaire   !
    —  Monseigneur, ce sera fait !
    —  À mes yeux, c’est toi qui es responsable du retour auprès de moi de La Pierre de Lune.
    Après sa mise au point, Daoguang fit tinter une clochette pour signifier au
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