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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete
Autoren: Jose Frèches
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D’ailleurs, à peine le vieil eunuque était-il entré que le Fils du Ciel, sans même lui jeter un regard, lui ordonna :
    —  Il faut retrouver au plus vite La Pierre de Lune ! Je veux le voir ici ! Avec la princesse Irina, nous souhaitons serrer notre enfant dans nos bras.
    Jamais Daoguang n’avait prononcé le nom de son fils caché, depuis le fameux jour où il avait ordonné à Toujours Là de l’éloigner de la Cour. La façon dont le Fils du Ciel était allé droit au but, sans la moindre entrée en matière, témoignait de l’ampleur de la besogne que la Sibérienne avait accomplie en fort peu de temps.
    À côté de l’empereur de Chine se tenait cette femme droite et élégante, au port altier. Sa peau blanche, ses yeux en amande aux reflets turquoise, ses longs cheveux noirs faisaient ressortir le parfait ovale de son faciès de médaille et témoignaient du sang caucasien qui coulait dans ses veines. Une terrible dureté transparaissait dans son regard. Elle n’y était sûrement pas allée de main morte pour convaincre Daoguang de rappeler auprès de lui le fruit de leurs amours.
    Toujours Là, tétanisé, constatait que la Sibérienne n’avait pas changé du tout. Bien qu’elle ne fût pas loin de la quarantaine, Irina semblait immunisée contre les outrages du temps, et le contraste était saisissant avec le Fils du Ciel, qui paraissait largement son âge et dont l’embonpoint était perceptible sous la robe de soie jaune brodée d’oiseaux phénix.
    Irina avait gardé intacts tous ses charmes.
    Et Dieu sait s’ils étaient nombreux. D’ailleurs, Daoguang ne s’y était pas trompé, qui s’était empressé de l’inviter à déjeuner en tête à tête lorsqu’il avait su qu’elle avait débarqué de façon inopinée à Pékin, quelques jours plus tôt. Dès leur rencontre, avec ses lèvres pulpeuses et sa langue habile, elle s’était arrangée pour lui rendre un de ces hommages appuyés qu’il n’était pas près d’oublier. Depuis, elle n’avait plus quitté les appartements impériaux.
    Toujours Là, très inquiet, se croyait projeté un peu plus de quinze ans en arrière, à l’époque où Daoguang était tombé follement amoureux d’Irina Datchenko.
    Comme souvent, le hasard s’était employé à bien faire les choses.
    Sans une négligence du service du Protocole de la Cité Interdite, cette jeune aventurière ne se fût pas retrouvée à l’audience impériale. À peine le Fils du Ciel l’avait-il aperçue, dans la suite de ce gros ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du tsar Nicolas Ier venu lui présenter ses lettres de créance, qu’il s’était entiché d’elle. Une fois l’audience achevée, Daoguang n’avait eu de cesse de revoir l’intéressée. Dès le lendemain, au mépris de toutes les règles de l’étiquette et faisant fi des convenances les plus élémentaires, il l’avait invitée à dîner en tête à tête dans ses appartements privés.
    À la cour impériale, l’initiative avait fait scandale, mais peu importait au Fils du Ciel, qui avait bel et bien succombé à un coup de foudre…
    A une amante au nez long, faute d’occasion, Daoguang n’avait jamais goûté, s’étant jusque-là contenté des pensionnaires du Gynécée Impérial. Et pour cause : aucune femme étrangère n’était admise dans l’entourage du souverain. En revanche, les Chinoises et les Mandchoues étaient si nombreuses à être passées dans son lit qu’il eût fallu consulter le registre ultrasecret tenu par le scribe officiel pour en obtenir le nombre exact, qui dépassait à coup sûr une bonne centaine. La Russe avait tellement fait merveille que le Fils du Ciel avait décidé de la garder auprès de lui.
    Au grand dam de l’ambassadeur moscovite, qui était reparti sans elle dans son pays natal, et de tous les membres de la Cour du Fils du Ciel, des concubines aux chambellans en passant par les eunuques, la belle Irma Datchenko était restée à Pékin.
    De la part de Daoguang, rien n’avait été trop beau pour séduire la sublime Sibérienne. En pleine saison hivernale, il lui avait fait servir une de ces grappes de raisin récoltées à Tianjin et que ses médecins conservaient pieusement dans la glace pour son seul usage. Parce qu’elle aimait les fourrures, il était allé lui-même chasser la zibeline pour en doubler une somptueuse cape de soie matelassée qu’il lui avait offerte.
    En quelques mois à peine, Irina, que toute la Cour
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