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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete
Autoren: Jose Frèches
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de perdre toute son avance dans cette inepte course à la succession. Tant que l’édit le nommant prince héritier du trône n’a pas été promulgué, rien n’est joué. Et ce renard de Daoguang, qui le sait et joue là-dessus, attendra le plus longtemps possible avant de se décider ! Il ne s’agirait pas que ce maudit La Pierre de Lune devienne le phénix né dans un nid de corbeaux !
    —  Je sais, Première Céleste… Je sais !
    —  De tous les fils de Daoguang, Yixin est le seul à avoir la cervelle suffisamment dense pour succéder à son père… En outre, il tire à l’arc à merveille et monte à cheval comme un dieu ! Il ferait un valeureux chef de guerre respecté de tous, y compris de ces diables de « nez longs » qui passent leur temps à nous humilier… gronda la vieille courtisane impériale.
    Même si une mère est toujours persuadée que son fils est le meilleur, de l’avis unanime, Yixin était celui qui surpassait de loin tous les autres fils officiels de Daoguang.
    —  Je n’ai jamais douté des immenses qualités du prince Yixin, ô Première Céleste. Il est bien plus apte que le prince Yizhou {3} . Avec mes amis, il y a longtemps que notre choix est fait. Nous vous en avons apporté la preuve, se défendit l’eunuque.
    Même si cela n’avait pas été le cas, que pouvait-il dire d’autre   ?
    —  Toujours Là, il faut que vous m’aidiez, avec vos amis… La Sibérienne est l’ennemie de notre cause ! rugit, telle une tigresse défendant son petit, la mère de Yixin.
    Toujours Là, accablé et blême, essaya tant bien que mal de la rassurer.
    —  Je vous promets, madame, de tout essayer. Bien sûr, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir afin de préserver les intérêts de votre fils !
    —  Depuis que cette Russe a débarqué à la Cour, l’empereur est enfermé dans sa chambre avec elle ! Cela fait trois jours ! Cette femme va obtenir tout ce qu’elle veut et nous serons dans de beaux draps ! se mit à hurler la première concubine en se tordant les mains de rage.
    —  Le Fils du Ciel m’a convoqué tout à l’heure, madame.
    —  Je sais… Un coup de la Sibérienne ! C’est elle qui a manigancé ce rendez-vous… tonna la vieille courtisane, qui disposait encore de suffisamment de relais dans l’entourage immédiat de Daoguang pour être avertie en temps et en heure de l’identité des visiteurs reçus en audience.
    —  Au moins serai-je le premier informé de ce que le Fils du Ciel a décidé, ce qui me permettra de vous en faire part immédiatement, madame…
    Première Concubine Céleste serrait si fort les poings que ses phalanges étaient blanches comme des galets de rivière.
    —  Je m’attends au pire…
    —  Le pire n’est jamais sûr, Première Céleste, lâcha l’eunuque d’une voix blanche, avant de s’éclipser, persuadé que ses ennuis ne faisaient que commencer. Il ne se trompait pas, même s’il était loin du compte.
     
    *
    * *
     
    —  Toujours Là, mon Seigneur, pour vous servir ! hurla le Grand Chambellan Impérial Élévation Paradoxale à l’adresse de Daoguang au début de l’après-midi du même jour.
    Élévation Paradoxale, qui n’arrivait pas à cacher la haine que lui inspirait le vieil eunuque, grimaçait comme un masque d’opéra. De son côté, Toujours Là, vêtu d’une longue robe de soie noire brodée au fil rouge d’animaux à écailles, transpirait à grosses gouttes lorsque, juste après l’annonce de son ennemi intime, il fut propulsé par deux gardes dans le cabinet de travail du Fils du Ciel.
    Il faut dire que l’eunuque risquait beaucoup.
    Avec l’arrivée inopinée de la Sibérienne, le Fils du Ciel pouvait à tout moment s’apercevoir qu’il avait été dupé par lui quant au sort réservé à La Pierre de Lune.
    Sans surprise, car s’attendant au pire, Toujours Là découvrit la mine sombre de Daoguang, lequel marchait de long en large, d’un bout à l’autre de son bureau. Sa main droite battait la cadence avec le somptueux ruyi spécialement fabriqué pour son ancêtre et prédécesseur Kangxi dans une extraordinaire dentelle de bois d’ébène incrusté d’agate, d’ivoire et de lapis-lazuli. Ce sceptre lui servait également de grattoir lorsque son dos le démangeait, ce qui était le cas lorsqu’il était très énervé. Quand l’empereur de Chine arpentait de la sorte son cabinet de travail, son ruyi à la main, c’était fort mauvais signe.
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