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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver
Autoren: Bernard Cornwell
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des traces anciennes d’Arthur. Au milieu du VI e siècle, alors même que Gildas rédigeait son
histoire, les documents qui ont survécu attestent l’existence d’un nombre
étonnant et atypique d’hommes répondant au nom d’Arthur  – suggérant un
engouement soudain pour le nom d’un homme fameux et puissant. Cet indice n’est
guère concluant, tout comme la toute première référence littéraire à Arthur,
une allusion rapide que l’on trouve dans le grand poème épique, Y Gododdin, composé
autour de l’an 600 pour célébrer une bataille entre les Bretons du Nord —
« une cohue gavée d’hydromel » — et les Saxons, mais de nombreux
spécialistes pensent que cette référence à Arthur est une interpolation
beaucoup plus tardive.
    Après cette
unique mention douteuse du Y Gododdin, il nous faut attendre encore deux
cents ans pour retrouver Arthur dans la chronique d’un historien : une
lacune qui affaiblit l’autorité de la preuve quand bien même Nennius, qui
compila son histoire des Bretons dans les toutes dernières années du VIII e siècle, fait grand cas
d’Arthur. Fait significatif, Nennius ne lui donne jamais le titre de roi mais
le décrit plutôt comme le Dux Bellorum, le Chef des Batailles  – titre que
j’ai rendu ici par l’expression « Seigneur de la guerre ». Nennius
s’inspirait certainement d’anciens contes populaires  – source féconde qui
ne cessa d’inspirer de nouvelles moutures, de plus en plus fréquentes, de
l’épopée arthurienne, mouvement qui atteignit son zénith au XII e siècle, lorsque deux auteurs de
pays différents firent d’Arthur un héros universel. En Grande-Bretagne,
Geoffrey de Monmouth écrivit sa merveilleuse et mythique Historia Regum
Britanniae tandis qu’en France le poète Chrétien de Troyes introduisit,
entre autres, dans le mélange royal les noms de Lancelot et de Camelot. Le nom
de Camelot a sans doute été une pure invention (ou une adaptation arbitraire de
Camulodunum, le nom romain de Colchester), mais autrement Chrétien de Troyes
s’est très certainement nourri des mythes bretons qui, comme les légendes
galloises qui nourrirent l’histoire de Geoffrey, avaient pu conserver des
souvenirs authentiques d’un ancien héros. Puis, au XV e siècle, Sir Thomas Malory écrivit Le Morte d’Arthur, qui est la
proto-version de notre flamboyante légende arthurienne avec le Saint-Graal, la
table ronde et son cortège de demoiselles lestes, de bêtes en quête, de
puissants magiciens et d’épées enchantées.
    Probablement
est-il impossible de démêler la vérité d’Arthur d’une aussi riche tradition,
bien que beaucoup s’y soient essayés, et nul doute que beaucoup s’y essaieront
encore. On a fait d’Arthur un homme du nord ou de l’Essex ou encore un West
Countryman. Un ouvrage récent l’identifie expressément à un souverain gallois
du VI e siècle, un dénommé
Owain Ddantgwyn, mais comme les auteurs signalent ensuite qu’on « ne sait
rien de cet Owain Ddantgwyn », on n’est pas plus avancé. Dans Camelot, on
a diversement reconnu Carlisle, Winchester, South Cadbury, Colchester et une
douzaine d’autres cités. Mon choix, en l’occurrence, relève au mieux du pur
caprice et s’appuie sur la certitude que la question demeure sans réponse. J’ai
donné à Camelot le nom imaginaire de Caer Cadarn et je l’ai située à South
Cadbury, dans le Somerset, non que je tienne ce site pour le plus probable (je
ne le tiens pas non plus pour le moins vraisemblable), mais parce que je
connais et que j’aime ce coin de la Grande-Bretagne. Fouillons autant qu’il
nous plaira : la seule chose que nous puissions déduire avec certitude de
l’histoire, c’est qu’un dénommé Arthur vécut probablement aux V e et VI e siècles, qu’il fut un grand chef de guerre même s’il ne fut jamais roi, et
qu’il livra ses plus grandes batailles contre les abominables envahisseurs
saxons.
    Mais si nous savons fort peu de
chose d’Arthur, il y a beaucoup à tirer de l’époque à laquelle il a
probablement vécu. La Bretagne des V e et VI e siècles devait être un
pays horrible. Les Romains, qui le protégeaient, se retirèrent au début du V e siècle et les Bretons romanisés
se retrouvèrent ainsi abandonnés à un cercle d’ennemis redoutables. De l’ouest
venaient les maraudeurs irlandais : des Celtes, proches parents des
Bretons, mais tout de même envahisseurs, colonisateurs et esclavagistes.
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