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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver
Autoren: Bernard Cornwell
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captifs avaient tous été rapatriés en Dumnonie
pour en faire des esclaves, mais tandis que les navires traversaient la mer de
Severn, une forte tempête avait soufflé de l’ouest, et le navire transportant
les captifs s’était brisé sur les côtes d’Ynys Wair. Nimue seule avait survécu,
sortant de l’eau, à ce qu’on disait, sans être trempée. C’était le signe,
assurait Merlin, qu’elle était aimée de Manawydan, le Dieu de la mer, bien que
Nimue elle-même affirmât que c’était Don, la plus puissante des Déesses, qui
lui avait sauvé la vie. Merlin voulut l’appeler Vivien, d’un nom consacré à
Manawydan, mais Nimue n’en voulut rien savoir et garda le sien. Nimue n’en
faisait  – presque toujours  – qu’à sa tête. Elle grandit dans la
maison de fous de Merlin, dévorée de curiosité et parfaitement maîtresse
d’elle-même, et, lorsque treize ou quatorze étés furent passés et que Merlin
lui ordonna de le rejoindre dans son lit, elle y alla comme si elle avait
toujours su que son destin était de devenir sa maîtresse et donc, dans l’ordre
des choses, le deuxième personnage d’Ynys Wydryn.
    Morgane ne
devait pourtant pas s’avouer vaincue aussi facilement. De toutes les
mystérieuses créatures de la maison de Merlin, elle était la plus grotesque.
Elle était veuve et avait trente printemps lorsque Norwenna et Mordred avaient
été confiés à ses soins, ce qui était légitime car elle-même était de haute
extrace. Elle était l’aînée des quatre bâtards  – trois filles et un
garçon  – qu’Igraine de Gwynedd avait eus du Grand Roi Uther. Arthur était
son frère. Et avec une telle ascendance et un pareil frère, on aurait pu croire
que les hommes ambitieux auraient abattu les murs de l’Au-Delà pour demander sa
main, mais Morgane était jeune mariée quand un incendie avait détruit sa
maison, tuant son mari et la laissant affreusement balafrée et borgne. Les
flammes lui avaient dévoré l’oreille gauche et une partie du cuir
chevelu ; elle en avait réchappé avec une jambe mutilée et un bras gauche
déformé, si bien que nue, me confia Nimue, toute la partie gauche de son corps
était ridée, écorchée et déformée, ratatinée par endroits, tendue à d’autres,
partout d’une laideur à donner le frisson. Exactement comme une pomme pourrie,
me dit Nimue, mais en pire. Morgane était une créature de cauchemar mais, aux
yeux de Merlin, elle était une dame digne de son palais et il avait décidé d’en
faire sa prophétesse. Il avait commandé à l’un des orfèvres du Grand Roi de lui
façonner un masque ajusté comme un casque à son visage ravagé. Le masque d’or
fin repoussé, décoré de spirales et de dragons, percé d’un trou pour son œil et
d’une fente pour sa bouche difforme, était orné d’une effigie de Cernunnos, le
Dieu cornu, qui était le protecteur de Merlin. Morgane au visage d’or était
toujours de noir vêtue ; un gant recouvrait sa main gauche flétrie de
laquelle elle touchait les écrouelles. Elle était largement connue pour ses
dons de thaumaturge et ses talents de prophétesse, mais elle était aussi la
femme la plus mal embouchée que j’eusse jamais rencontrée.
    Sebile était
l’esclave et la compagne de Morgane. Sebile était une perle rare, une grande
beauté aux cheveux d’or. Saxonne capturée au cours d’une razzia, elle avait
subi une saison durant les assauts de la soldatesque et c’est en poussant des
sons inarticulés qu’elle était arrivée à Ynys Wydryn, où Morgane avait soigné
son esprit malade. Elle n’en était pas moins demeurée toquée, mais pas démente,
juste un peu folle, de cette folie qui passe les rêves de folie. Elle couchait
avec le premier venu : non qu’elle en eût envie, mais parce qu’elle
redoutait de n’en rien faire, et rien de ce que put faire Morgane ne suffit
jamais à l’arrêter. Chaque année, elle mettait au monde un nouveau
blondinet : les rares survivants, Merlin les vendait comme esclaves à des
hommes amateurs d’enfants aux cheveux d’or. Sébile l’amusait, bien que rien
dans sa folie ne parlât des Dieux.
    J’aimais
Sebile car, moi aussi, j’étais saxon, et Sebile s’adressait à moi dans ma
langue maternelle, si bien que je grandis à Ynys Wydryn en parlant à la fois le
saxon et la langue des Bretons. J’aurais dû être esclave mais, quand j’étais
petit, plus petit encore que Druidan, le nabot, des gens de Silurie menés
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