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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver
Autoren: Bernard Cornwell
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père.
    Il
s’appellerait Mordred.
     
     
    Norwenna nous
rejoignit avec le bébé à Ynys Wydryn. C’est un char à bœufs qui les conduisit
jusqu’à nous en passant par le pont de terre qui, à l’est, mène au pied du Tor.
J’observai la scène depuis le sommet venteux : la mère souffreteuse et
l’enfant estropié que l’on retira de leur lit de fourrures et qu’on installa
sur une litière de linges pour leur faire gravir le chemin jusqu’à la palanque.
Il faisait froid, ce jour-là : un froid piquant, vif comme la neige, qui
mangeait les bronches et gerçait la peau, et faisait geindre Norwenna tandis qu’on
la portait avec son bébé emmailloté.
    Ainsi Mordred,
Edling de Dumnonie, entra-t-il dans le royaume de Merlin.
    Malgré son
nom, qui veut dire « Ile de Verre », Ynys Wydryn n’était pas une île,
mais plutôt un promontoire qui surplombait une étendue désolée de marécages, de
criques et de fondrières bordées de saules et envahies par les joncs et les
roseaux. C’était un pays riche, qui devait sa prospérité à la sauvagine, au
poisson, à l’argile et au calcaire, que l’on extrayait sans difficulté des
carrières situées à la lisière des terres vaines que dessinaient les marées et
que traversaient des pistes boisées sur lesquelles des visiteurs imprudents se
laissaient parfois surprendre lorsque, poussée par un fort vent d’ouest, la
marée engloutissait les marécages longs et verdoyants. À l’ouest, où la terre
s’élevait, s’étendaient des vergers de pommiers et des champs de blé, et au
nord, où de pâles collines bordaient les marais, paissaient du bétail et des
moutons. La terre était partout généreuse, et en son cœur se trouvait Ynys
Wydryn.
    C’était
Avalon, le pays du seigneur Merlin, qu’avaient dirigé son père, et le père de
son père, et aussi loin que portât le regard, du sommet du Tor, il n’était de
serf ni d’esclave qui ne travaillât pour Merlin. C’est cette terre avec ses
produits pris au piège ou au filet dans les criques ou cultivés sur le sol
fécond qui donnait à Merlin assez de richesse et de liberté pour être druide.
La Bretagne avait jadis été le pays des druides, mais les Romains avaient
commencé par les massacrer, puis ils avaient apprivoisé la religion, si bien
qu’aujourd’hui, après deux générations soustraites à la domination romaine, ne
subsistaient plus qu’une poignée de vieux prêtres. Les chrétiens avaient pris
leur place et le christianisme encerclait maintenant l’ancienne religion telle
une marée haute poussée par le vent et clapotant parmi les roseaux des étangs
d’Avalon hantés par le démon.
    L’île
d’Avalon, Ynys Wydryn, était un massif de collines herbeuses, toutes dénudées,
excepté le Tor, qui était le mont le plus haut et le plus escarpé. À son
sommet, s’étendait une crête où Merlin avait édifié son antre ;
au-dessous, s’étalaient des constructions plus modestes protégées par une
palissade en équilibre précaire en haut des pentes raides et herbeuses du Tor
organisées en terrasses depuis le bon vieux temps, avant la venue des Romains.
Une sente suivait les anciennes terrasses, sinuant jusqu’au faîte, et les
visiteurs en quête de guérison ou de prophétie étaient obligés d’en suivre les
méandres faits pour dérouter les esprits malins qui n’auraient point manqué,
autrement, de venir enfieller le bastion de Merlin. Deux autres chemins
descendaient en droite ligne les pentes du Tor : l’un, à l’est, où le pont
de terre menait à Ynys Wydryn, l’autre, vers l’ouest, depuis la porte de la
mer, jusqu’au hameau, au pied du Tor, où vivaient pêcheurs, huttiers, vanniers
et bergers. Ces chemins étaient les voies d’accès quotidiennes au Tor et, par
ses prières incessantes et ses sortilèges, Morgane veillait à en écarter les mauvais
esprits.
    Morgane
prêtait une attention particulière au deuxième chemin qui menait non seulement
au hameau, mais aussi au sanctuaire chrétien d’Ynys Wydryn. C’est
l’arrière-grand-père de Merlin qui avait conduit les chrétiens dans cette île
au temps des Romains et rien, depuis, n’avait pu les en déloger. Nous autres,
enfants du Tor, on nous encourageait à jeter des cailloux sur les moines, à
lancer bouses et crottins par-dessus leur palissade ou à houspiller les
pèlerins qui se glissaient par le portillon pour s’en aller adorer le buisson
ardent qui poussait à proximité
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