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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver
Autoren: Bernard Cornwell
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par
le roi Gundleus avaient fait une descente sur la côte nord de la Dumnonie et
pris le hameau où ma mère était asservie. Ma mère qui, je crois, ressemblait un
peu à Sebile, fut violée tandis qu’on me conduisit jusqu’à la fosse où
Tanaburs, le druide de Silurie, sacrifia une douzaine de captifs pour remercier
le Grand Dieu Bel de l’abondance du butin. Grand Dieu, comment oublierais-je
cette nuit-là ? Les flammes, les hurlements, les femmes violées par des
brutes avinées, les danses frénétiques, puis l’instant où Tanaburs me précipita
dans la fosse avec son pieu affilé. Je survécus, indemne, et sortis de la fosse
des morts aussi calmement que Nimue était sortie de la mer meurtrière et
Merlin, m’ayant trouvé, me surnomma Derfel, « l’enfant de Bel », me
donna une maison et me laissa grandir, livré à moi-même.
    Le Tor grouillait
d’enfants qui, comme moi, avaient été arrachés aux Dieux. Merlin était
convaincu de notre singularité et nous croyait promis à former un nouvel ordre
de druides et de prêtresses qui l’aiderait à rétablir l’ancienne religion vraie
dans un pays que Rome avait flétri, mais il ne trouva jamais le temps de nous
instruire et, en grandissant, la plupart d’entre nous devinrent paysans,
pêcheurs ou épouses. Aussi longtemps que je séjournai au Tor, seule Nimue
sembla marquée par les Dieux et promise à la prêtrise. Quant à moi, mon seul
désir était de devenir guerrier.
    Cette ambition
me vint de Pellinore  – de toutes ses créatures, la préférée de Merlin. Il
était roi, mais les Saxons lui avaient pris sa terre et ses yeux, et les Dieux
lui avaient pris sa tête. Il aurait dû prendre le chemin de l’île des Morts, où
allaient les fous furieux, mais Merlin ordonna qu’on le gardât sur le Tor,
enfermé dans un petit enclos pareil à celui où Druidan enfermait ses cochons.
Il vivait nu, avec de longs cheveux blancs qui lui tombaient aux genoux et des
orbites vides qui pleuraient. Il divaguait sans cesse, haranguant l’univers sur
ses infortunes, et Merlin prêtait l’oreille à son délire pour en retirer les
messages des Dieux. Tout le monde avait peur de Pellinore. Il était fou à lier
et aussi indomptable qu’imprévisible. Un jour, il cuisina sur son âtre l’un des
enfants de Sebile. Mais étrangement, je ne sais pourquoi, Pellinore m’aimait.
Je me faufilais entre les barreaux de son enclos, et je me faisais
choyer : il me racontait des histoires de bataille et de chasses épiques.
Jamais il ne me parut dément et jamais il ne porta la main sur moi, pas plus
que sur Nimue mais, comme aimait à dire Merlin, il est vrai que nous étions
deux enfants particulièrement chéris de Bel.
    Si Bel nous
aimait, Gwendoline nous détestait. Maintenant vieille et édentée, elle était
l’épouse de Merlin. Pas plus que pour Morgane, les herbes et les charmes
n’avaient de secret pour elle, mais Merlin l’avait repoussée lorsqu’une maladie
l’avait défigurée. Cela était arrivé bien avant ma venue au Tor, au cours d’une
période que tout le monde appelait la Sale Époque : Merlin était revenu du
Nord fou et en larmes, mais même lorsqu’il eut retrouvé ses esprits, il ne
reprit pas Gwendoline, bien qu’il lui permît de vivre dans une hutte à côté de
la palissade, où elle passait ses jours à jeter des sorts à son mari et à nous
agonir d’injures. Elle haïssait Druidan plus que tout. De temps à autre, elle
crachait des flammes en sa direction et Druidan détalait à travers les cabanes
avec Gwendoline à ses trousses. Nous autres, les gosses, on l’encourageait de
nos hurlements, réclamant à grands cris le sang du nabot, mais il s’en sortait
toujours.
    Tel était donc
l’étrange lieu auquel Norwenna arriva avec le prince héritier Mordred et, bien
que j’aie pu donner l’impression d’un lieu horrifique, c’était, en vérité, un
bon refuge. Nous étions les enfants privilégiés du seigneur Merlin, nous
vivions en liberté, nous ne travaillions guère, et Ynys Wydryn, l’île de Verre,
était un endroit heureux.
    Norwenna
arriva au cœur de l’hiver, alors que la glace rendait glissantes les marches
d’Avalon. Il était, à Ynys Wydryn, un charpentier qui s’appelait Gwlyddyn, dont
la femme avait un garçon du même âge que Mordred, et Gwlyddyn nous fit des
traîneaux : nous déchirions l’air de nos cris perçants en descendant les
pentes enneigées du Tor. Ralla, son épouse, fut
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