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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier
Autoren: Bernard Cornwell
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nos
champs de seigle, de blé et d’orge. La maison – ce n’était pas un château –, bâtie
en torchis, chêne et chaume, était si longue qu’elle ressemblait à un talus
couvert de mousse verte d’où filait un ruban de fumée. Dans la cour, porcs et
poulets couraient entre les énormes tas de fumier. Le père de Mildrith s’en
occupait, secondé par un intendant nommé Oswald, une fouine qui n’arrangea pas
les choses en ce pluvieux dimanche.
    J’étais tenaillé par la rancœur et assoiffé de vengeance. Alfred
m’avait humilié, malheureusement pour Oswald, qui avait choisi ce dimanche
après-midi pour rapporter un chêne. Je ruminais les plaisirs de la vengeance en
laissant mon cheval gravir le chemin entre les arbres, quand je vis huit bœufs traîner
l’énorme tronc vers la rivière. Trois hommes les aiguillonnaient et le
quatrième, Oswald, était assis sur le tronc avec un fouet. Me voyant, il sauta
à terre, prêt à s’enfuir dans la forêt, puis il se rendit compte qu’il ne
pourrait m’échapper et attendit.
    — Seigneur, me salua-t-il.
    Je dus calmer mon cheval qui piaffait, effrayé par l’odeur
du sang coulant sur le dos des bœufs. Je considérai le gros tronc, long de
quarante pieds et large de six.
    — Bel arbre, dis-je à Oswald.
    Il jeta un regard à Mildrith, debout à vingt pas de là.
    — Belle journée, ma dame, dit-il en retirant vivement
le bonnet de laine qui couvrait sa tignasse rousse.
    — Une journée humide, Oswald, dit-elle.
    Son père avait nommé l’intendant et elle avait en lui une
confiance aveugle.
    — Je t’ai dit que c’était un bel arbre, dis-je en
haussant le ton. Où donc a-t-il été abattu ?
    — Au sommet de la crête, seigneur, répondit-il en
glissant son bonnet dans sa ceinture.
    — La crête située sur ma terre ?
    Il hésita. Sans doute était-il tenté de prétendre qu’il
venait de la terre du voisin, mais ce mensonge risquait d’être vite éventé.
    — Sur ma terre ? répétai-je.
    — Oui, seigneur, avoua-t-il.
    — Et où l’emportais-tu ?
    — À la scierie de Wigulf, fut-il forcé de répondre.
    — Wigulf l’a acheté ?
    — Il va le fendre, seigneur.
    — Je ne t’ai point demandé ce qu’il en ferait, mais s’il
l’avait acheté.
    Sentant mon irritation, Mildrith intervint pour dire que son
père envoyait parfois du bois à Wigulf, mais je la fis taire d’un geste.
    — L’achète-t-il ?
    — Nous avons besoin de bois pour des réparations, seigneur,
et Wigulf se paiera en planches.
    — Et tu transportes l’arbre un dimanche ? (Il ne
trouva rien à répondre.) Dis-moi, si nous avons besoin de planches, pourquoi ne
les fendons-nous pas nous-mêmes ? Manquons-nous d’hommes ? De coins ?
De maillets ?
    — Wigulf l’a toujours fait, maugréa Oswald.
    — Toujours ? Wigulf habite à Exanmynster, je crois.
    C’était le plus proche village d’Oxton, à une demi-lieue au
nord.
    — Oui, seigneur.
    — Donc, si je me rends à l’instant à Exanmynster, Wigulf
me dira combien d’arbres tu lui as livrés au cours de l’année ?
    Il ne répondit pas. Je fis avancer mon cheval et répétai ma
question en haussant la voix. Mildrith tenta de m’apaiser.
    — Silence, femme ! m’écriai-je. Combien Wigulf t’a-t-il
payé ? demandai-je à Oswald. Combien rapporte un tel arbre ? Huit
shillings ? Neuf ?
    La colère qui m’avait rendu si impétueux à la messe du roi
me reprenait. Il était évident qu’Oswald volait du bois et le vendait à son
profit. J’aurais dû l’accuser de vol et le traîner devant des juges qui
auraient décidé de son sort, mais je n’étais pas d’humeur patiente. Je dégainai
Souffle-de-Serpent et éperonnai mon cheval. Mildrith poussa un cri, mais je ne
l’écoutai pas. Oswald se mit à courir et il eut bien tort, car je le rattrapai
sans peine et d’un coup d’épée lui fendis le crâne.
    — C’est un meurtre ! cria Mildrith.
    — C’est justice ! rétorquai-je. (Je crachai sur le
cadavre qui tressaillait encore.) Ce bâtard nous volait.
    Mildrith éperonna son cheval et partit avec la nourrice qui
portait notre enfant. Je la laissai s’en aller.
    — Remontez le tronc à la maison, ordonnai-je aux serfs
qui guidaient les bœufs. S’il est trop lourd, fendez-le sur place et rapportez
les planches.
    Ce soir-là, je fouillai la maison d’Oswald et découvris
cinquante-trois shillings enfouis dans le sol. Je pris l’argent,
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