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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier
Autoren: Bernard Cornwell
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qu’Æthelwold
l’écoutait avec attention. Il mourait d’envie de devenir roi, mais il n’avait
nul partisan et Wulfhere avait été assigné à sa garde afin qu’il ne cause point
d’ennuis. Mais Wulfhere pensait que les ennuis surviendraient tout de même.
    — Contente-toi de faire ce que veut Alfred, continua l’ealdorman,
ensuite, trouve le moyen de rester en vie. C’est tout ce que nous pouvons faire.
Si le Wessex tombe, nous chercherons tous à rester en vie, mais, pour l’heure, enfile
cette damnée robe et qu’on en finisse.
    — Je le ferai aussi, dit Æthelwold.
    Il ramassa le ballot et je vis qu’il y avait deux robes.
    — Toi ? gronda Wulfhere. Es-tu ivre ?
    — Je fais pénitence pour avoir été un ivrogne. J’étais
un ivrogne, je fais pénitence, ironisa Æthelwold en enfilant la robe. J’irai à
l’autel avec Uhtred.
    Wulfhere ne put l’empêcher, mais il savait comme moi qu’Æthelwold
se moquait ainsi du roi. Je savais qu’il agissait ainsi pour me rendre service,
alors qu’il ne me devait rien, mais je lui en fus reconnaissant et enfilai la
damnée robe pour faire pénitence, à côté du neveu du roi.
     
    Je n’étais pas grand-chose pour Alfred. Il avait nombre de
grands seigneurs dans le Wessex, tandis que de l’autre côté de la frontière, en
Mercie, d’autres seigneurs et thanes vivant sous la coupe des Danes étaient
prêts à se battre pour le Wessex si Alfred leur en donnait l’occasion. Tous ces
grands seigneurs pouvaient lui apporter des soldats, rallier lances et épées à
la bannière au dragon du Wessex, alors que je ne pouvais lui offrir que mon
épée, Souffle-de-Serpent. Certes, j’étais un seigneur, mais loin de la
Northumbrie, et comme je ne menais pas d’hommes, je n’avais de valeur pour lui
que dans un lointain avenir. Je ne le comprenais pas encore. Plus tard, lorsque
la domination du Wessex s’étendit vers le nord, ma valeur s’accrut, mais pour l’heure,
en 877, âgé de vingt ans et révolté, j’ignorais tout sauf ma propre ambition.
    Et j’appris l’humiliation. Même aujourd’hui, alors que j’ai
vécu, je me rappelle combien je souffris de cette pénitence.
    D’abord, ce fut solennel. Tous les soldats d’Alfred étaient
venus voir, rassemblés sous la pluie en deux files remontant jusqu’à l’autel
sous la toile tendue où nous attendaient Alfred, son épouse, l’évêque et une
troupe de prêtres.
    — À genoux, précisa Wulfhere. Vous irez à genoux et tu
ramperas jusqu’à l’autel. Tu en baiseras le linge et tu t’allongeras à plat
ventre.
    — Et après ?
    — Après, Dieu et le roi te pardonneront. Fais-le, gronda-t-il.
    J’obéis donc. Je m’agenouillai et avançai avec Æthelwold
dans la boue entre les deux files de soldats silencieux, puis Æthelwold se mit
à geindre qu’il était un pécheur. Il agita les bras, s’aplatit sur le sol, hurla
et piailla qu’il était un pénitent. D’abord gênés, les hommes se mirent à rire.
    — J’ai connu des femmes ! hurlait Æthelwold sous
la pluie. Et elles étaient de mauvaise vie ! Pardonne-moi !
    Alfred était furieux, mais il ne pouvait empêcher un homme
de se ridiculiser devant Dieu. Peut-être croyait-il au repentir de son neveu ?
    — J’en ai connu tant que j’ignore combien, continuait
celui-ci en martelant la boue à coups de poing. Oh, Seigneur, que j’aime leurs
tétons ! Seigneur, j’aime les femmes nues. Pardonne-moi, mon Dieu ! (Les
rires gagnèrent tous les hommes, qui devaient se rappeler qu’Alfred, avant de
succomber sous la poigne moite de la piété, avait troussé bien des femmes.) Mon
Dieu, aide-moi ! s’écria Æthelwold en continuant de ramper. Envoie-moi un
ange !
    — Pour que tu puisses le besogner ? cria quelqu’un
dans la foule, qui fut secouée de rires.
    Ælswith fut précipitamment emmenée, afin qu’elle n’entende
rien de malséant. Les prêtres chuchotaient, mais la pénitence d’Æthelwold, malgré
son extravagance, semblait assez sincère. Il pleurait. Je savais qu’il riait, en
réalité, mais il hurlait comme une âme en proie aux tourments.
    — Plus de tétons, mon Dieu ! criait-il. (Il
faisait le pitre, mais comme tous le considéraient déjà comme un sot, peu lui
importait.) Préserve-moi des tétons, mon Dieu !
    Suivi des prêtres, Alfred quitta les lieux, comprenant que
la solennité de la journée était gâchée, et Æthelwold et moi continuâmes en
rampant jusqu’à
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