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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier
Autoren: Bernard Cornwell
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Il se tourna vers moi,
croyant que je voulais le tuer, et leva son épée. Je l’esquivai avec mon
bouclier, l’enserrai de mes bras et le fis tomber.
    Steapa et Pyrlig nous protégeaient, repoussant les Saxons et
leur disant de chercher d’autres victimes. Ragnar se redressa et me considéra
avec des yeux étonnés. Sa main gauche fendue saignait.
    — Il faut panser cela, lui dis-je.
    — Uhtred… répondit-il comme s’il n’en croyait pas ses
yeux.
    — Je te cherchais, parce que je ne voulais pas me
battre contre toi.
    Il frémit en ôtant les restes de son bouclier de sa main
blessée. Je vis l’évêque Alewold qui courait dans le fort en agitant les bras
et en criant que Dieu nous avait livré les païens.
    — J’ai dit à Guthrum de combattre devant le fort, dit
Ragnar. Nous vous aurions tous occis.
    — En vérité, souris-je.
    En restant derrière les murailles, Guthrum nous avait laissé
défaire son armée pièce par pièce, mais cette victoire restait un miracle.
    — Tu saignes, remarqua Ragnar.
    Une lance m’avait atteint à la cuisse droite. J’en porte
aujourd’hui encore la cicatrice.
    Pyrlig déchira un morceau de linge pris sur un cadavre et
pansa la main de Ragnar. Il voulut soigner ma cuisse, mais je saignais moins et
parvins à me lever. La douleur, que je n’avais point sentie jusque-là, m’assaillit
soudain. Je portai la main au marteau de Thor. Nous avions vaincu.
    — Ils ont tué ma femme, dis-je à Ragnar. (Debout à côté
de moi, il ne répondit pas. La douleur me fit soudain défaillir, et je me
retins à son épaule.) Iseult, ainsi s’appelait-elle, continuai-je. Et mon fils
aussi est mort. (J’étais heureux que la pluie dissimule mes larmes.) Où est
Brida ?
    — Je l’ai envoyée au bas de la colline, dit Ragnar
tandis que nous boitions vers le rempart nord.
    — Et tu es resté ?
    — Quelqu’un devait demeurer en arrière-garde, répondit-il
faiblement.
    Je crois qu’il pleurait lui aussi, de la honte de la défaite.
    Pyrlig et Steapa étaient avec nous, et je voyais Eadric
dépouiller un Dane de sa cotte de mailles, mais je ne vis nul signe de Leofric.
Pyrlig prit un air peiné quand je l’interrogeai.
    — Mort ? demandai-je.
    — D’un coup de hache dans le dos.
    Je fus trop abasourdi pour répondre, tant il me semblait
impossible que l’invincible Leofric soit mort. Mais il l’était, et j’aurais
aimé lui offrir des funérailles danes, un bûcher pour que la fumée de son
cadavre monte jusqu’à la demeure des dieux.
    — Je suis navré, dit Pyrlig.
    — Le prix du Wessex, répondis-je alors que nous
gravissions le rempart qui fourmillait des soldats d’Alfred.
    Nous avions l’impression d’être sur le bord du monde, devant
une immensité de nuages et de pluie, tandis qu’en dessous de nous les Danes
descendaient sur le flanc de la colline où étaient restés leurs chevaux.
    — Guthrum… dit Ragnar d’un ton amer.
    — Il vit ?
    — Il a été le premier à fuir. Svein lui disait que nous
devions nous battre devant les murailles, mais Guthrum craignait la défaite
plus qu’il ne désirait la victoire.
    Des vivats s’élevèrent tandis que les bannières d’Alfred
étaient hissées sur les remparts. Alfred, remonté sur son cheval, un cercle de
bronze autour de son casque, arriva, un sourire ébloui et incrédule aux lèvres,
tandis que Beocca agenouillé remerciait le Ciel. Je jure qu’il pleura quand les
piques des bannières furent plantées au bord du monde. Le dragon et la croix
flottaient au-dessus d’un royaume qu’il avait failli perdre, et sauvé pour qu’il
y ait un seul roi saxon en Anglie.
    Mais Leofric était mort, et Iseult n’était plus… Une pluie
âpre tombait sur la terre que nous avions sauvée.
    Le Wessex.
     
    FIN
     

NOTE HISTORIQUE
    Un cheval blanc est gravé dans la craie de Westbury, en
bordure des plaines du Wiltshire. Ce splendide animal, qui mesure trente mètres
de long et presque soixante de haut, a été gravé dans les années 1770. Selon
les légendes locales, il aurait remplacé un cheval bien plus ancien, gravé
après la bataille d’Ethandun, en 878.
    J’aimerais croire à la véracité de cette légende, mais aucun
historien n’est certain du lieu de la bataille d’Ethandun où Alfred vainquit
les Danois de Guthrum, même si Bratton Camp en est le lieu le plus probable. Bratton
Camp est une forteresse de l’âge de Fer qui se dresse juste au-dessus du cheval
blanc de
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